C'était un jour triste pour mon père et moi, cela faisait dix ans que ma mère nous avait quitté. Elle a disparu du jour au lendemain, je n'ai jamais su ce qui lui était vraiment arrivé.
Ce matin, je n'avais donc pas la tête à aller en cours mais c'était toujours mieux que de rester à la maison avec mon père à errer comme un zombie. Après avoir pris une courte douche, je sautais dans mon vieux jean abimé, un tee-shirt à l'effigie de la marque de camion Scania, mes converses usées, mes long cheveux brun noués et partais sans rien avaler au lycée. Vingt minutes plus tard, je me trouvais devant le lycée, un vieux bâtiment de l'armée réaménagé en établissement scolaire. Je rejoignais ma salle de classe, où un long et ennuyeux cours de philosophie m'attendait. Elle était immense pour seulement vingt élèves. Dans la pièce se trouvaient déjà certains de mes camarades dont Angie, une très bonne amie depuis le jardin d'enfant, qui me fit signe de s'assoir à ses côtés. Alors que j'allais m'assoir, je me sentis partir. Le vide sous moi. Je me retrouvais les fesses à terre.
Alors un grand rire se fit retentir derrière moi, ça ne pouvait être que Rebecca, mon tyran depuis la maternelle, qui n'avait rien trouvé de plus amusant que de retirer ma chaise ce qui déclencha l'hilarité générale. Comme à mon habitude, je ravalais ma colère et lui lançais un regard noir.
– Ben alors, la nouille, tu ne sais plus t'assoir !
Je soupirais et m'assis à la table d'à côté. Angie me rejoignit avant de me chuchoter à l'oreille :
– Ne l'écoute pas, elle veut simplement faire son intéressante.
Je lançais un pauvre « ouais comme d'hab' » que Rebecca entendit.
– Et alors ! Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas aller tout raconter à ta maman !
Rebecca se mit à ricaner et en rajouta une couche :
– T'as perdu ta langue. Hey ! Noah, t'es pas au courant que ta mère était une putain, d'après ma mère il n'y a que le train qui ne lui est pas passé dessus.
Je baissais les yeux pour l'oublier et essayer de ne plus l'entendre. Elle se mit à chanter à tue-tête :
– Moi, je connais une sale garce qui rechigner pas à tapiner, à tapiner ! elle rencontra un homme très riche et abandonna sa famille, et abandonna sa famille !
Pendant qu'elle chantait à tue-tête, j'eus l'impression que la classe se mettait à tourner, mes camarades de classe devenaient flous, les sons qui résonnaient dans mon crane me semblaient lointains. Moi, qui d'habitude ne répondais jamais à ses fatigantes insultes, je me levais poussant la chaise assez loin derrière moi. Alors que je m'approchais d'elle, j'avais l'impression que tout se passait au ralenti. J'avais l'habitude de ses médisances mais aujourd'hui s'en était trop.
Sans que je lui en donne l'ordre, ma main chercha son cou et le poids que j'avais sur l'estomac disparut. Je sentais une pression qui remontait le long de mes jambes. Rebecca était paralysée. Quand mes doigts rencontrèrent sa gorge, une voix d'outre-tombe se fit entendre, et cette voix : c'était la mienne.
– C'en est trop, tais-toi ! Ces paroles seront les dernières !
La pression remonta jusque dans ma main et en une fraction de seconde, une lumière aveuglante irradia la pièce. Je voulais qu'elle se taise. Je senti comme une légère vibration quitter mes doigts et pénétrer à travers la peau de Rebecca. Aussi vite que c'était arrivé, tout redevint calme et silencieux, j'étais toujours devant Rebecca qui avait les yeux hagards, les mains à la gorge et qui malgré tous ses efforts n'arrivait pas à souffler le moindre son. J'étais tétanisée, c'était moi qui avais fait ça ? Comment ?
Les autres élèves ne comprenaient pas ce qu'il se passait mais lorsqu'ils voulurent porter secours à la muette, ils se retrouvèrent figés dans leur élan. Perdu dans cet océan d'immobilité, j'essayais de me raisonner, de comprendre la sensation qui m'avait subitement envahit. Comme si l'air qui m'entourait pouvait m'obéir je commençais à être paniquée, c'est à ce moment-là que des applaudissements et une voix de ténor se fit entendre :
– Joli ! Impressionnant pour une première fois ! Je n'aurai pas fait mieux !
Surgissant du mur d'en face un jeune homme beau à se damner s'avançait d'un pas nonchalant.
– Que... Qui... Comment ?
– Respire princesse !
– Comment êtes-v...ous... vous arrivé ici ? Qui vous êtes ? Et qu... qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?
– Rien de grave ne t'inquiète pas ! Juste le début de carrière d'une splendide enchanteresse !
– C'est pas drôle, j'ai pas envie de rigoler, y se passe des trucs pas net ici, de... de toute façon je suis sûr que je rêve et que je vais me réveiller ! Oui c'est ça, je vais me réveiller.
– Tu veux vraiment que tout ceci soit un rêve ?
– C'est pas un désir mais une réalité ! C'est un RÊVE bordel !
– Banco, tape m'en cinq et tout ceci fera partie du monde des rêves, princesse !
Sans l'ombre d'une hésitation, je tapais dans sa main et la seule chose dont je me souvienne après ça, c'est du puit sombre dans lequel je sombrais.
A mon réveil, j'étais en sueur dans mon lit, en pyjama. Je sautais immédiatement hors de celui-ci. Je courais jusqu'à la cuisine, et vis mon père installé sur sa chaise à lire son journal, comme tous les matins. Sans même me regarder, il me demanda :
– Comment vas-tu ce matin ?
Il leva les yeux vers moi et je suppose qu'il remarqua mon air inquiet.
– Un cauchemar ?
– Oui, oui un affreux cauchemar...
– Ce n'était qu'un rêve, mais je pense que tu devrais te dépêcher un peu, tu vas arriver en retard.
Effectivement, il était bientôt l'heure de partir en cours, je faisais marche arrière et partais m'habiller, c'est alors que je remarquais une carte dans ma main :
Dante Van Hermann
Agent 666/06
Tel : 06.66.66.66.66
Cette rencontre marqua ce jour. Et c'est ainsi que, depuis, Dante ne me quitte plus.
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Mon diable d'ange gardien !
RomanceSalut je m'appelle Noah, j'ai 17 ans. J'étais une adolescente tout à fait comme les autres jusqu'à ce jour fatidique où ma vie a basculé. Vous vous demandez certainement ce qui a bien pu se passer. Bien, installez-vous et laissez-moi vous raconter.