Chapitre 8

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Il faisait nuit quand la voiture apparut devant chez moi. Toutes les lumières à l'intérieur étaient éteintes. Mon père devait être partit à la messe du soir. Depuis la disparition de ma mère, c'était devenu un rituel pour lui. Comme si cela pouvait la faire revenir.

Dante ne décrochait toujours pas un mot, mais il fallait que je sache. J'étais bien la première concernée, non ? Je devais lui poser la question mais la tension qui s'était installée entre nous me nouait l'estomac. J'avais ce pressentiment que la réponse qu'il e fournirait, changerait à jamais notre relation. Curieusement, la peur de le perdre me noua les entrailles, pourtant il y a peu de temps encore il m'était inconnu. C'est drôle, je m'inquiète pour lui alors que c'est ma vie qui est menacée. Mais son visage ressemblait tellement à ceux des condamnés qu'on emmène sur l'échafaud. S'inquiétait-il de ce qu'il allait m'arriver ? Ou l'avais-je embarqué dans une histoire qui nous mènerait tous deux à notre perte ? Si c'était cela, j'avais au moins une consolation, et même si j'ignore pourquoi : le fait de disparaître avec lui. Bon, c'est décidé, je me lance.

- Dante, qu'est ce...

Le regard qu'il me lança me coupa dans mon élan. Bleu. La couleur de ses yeux était bleue. Ce bleu océan où on s'immerge, où l'on perd pied. Alors face à moi, tout ce qu'il y avait de diabolique en lui disparut, je ne voyais plus que l'homme en face de moi. Un homme vulnérable.

- Dante, tes yeux !!

- Oh ça, ce n'est rien. Ne t'inquiète pas.

- Si justement, je m'inquiète. Tu... tu n'as pas décroché un mot depuis New York et maintenant ça ! Bon sang, dis-moi ce qu'il se passe !

Dante se passa une main sur son visage. Doucement, il la retira et ses yeux étaient revenus à la normale. Enfin, vous me comprenez !

- Noah, tu n'as plus rien à craindre. Personne ne te menace, tu peux rentrer chez toi et tout oublier. Et surtout moi !

- Comment ça tout oublier ?!

- Personne ne pourra jamais te faire de mal. Toute cette histoire n'est qu'une simple erreur, mon erreur. Après tout cela ne m'étonnais guère. Pourquoi m'aurait-il vu autrement ?

- Bien, si je suis une « erreur », je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Je sortais de la voiture, en furie. Le sentiment d'inquiétude qui m'habitait avait laissé place à la colère. Avant de m'éloigner, je lui posais tout de même la question.

- Si je suis une erreur, comme tu dis !! Pourquoi m'avoir fait vivre cet enfer ? Pourquoi avoir débarqué dans ma vie ? Tu me dois des réponses !!

Dante baissa la tête et murmura un simple « Désolé » avant de mettre le contact. Il n'allait pas s'en tirer aussi facilement. Je tendis la main devant moi et en fermant le poing, je fis exploser ses quatre pneus. De mon autre main, je fis taire le ronronnement du moteur et réquisitionner ses clefs. Je savais très bien que tout cela ne servait à rien puisque sa magie aurait pu tout réparer et qu'il pouvait s'éclipser à tout moment.

Mais j'avais besoin de me défouler. La rage qui bouillait en moi devint de plus en plus forte.

- Dis-moi la vérité !!

Même le jour de ma rencontre avec Dante, où j'avais rendu Rebecca muette, je n'avais ressenti une telle rage. Sans que je n'aie besoin de réfléchir mes dons m'obéissaient d'eux-mêmes. D'un simple battement de cils, je fis voler les vitres en éclats. Mais Dante restait là, prostré dans son silence, ce qui ne faisait que nourrir ma colère. Grâce à une force invisible, je l'extirpais du véhicule et le fis léviter à quelques mètres du sol.

Mon diable d'ange gardien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant