Mon diable d'ange gardien !

Chapitre 9

Adèle continuait son explication mais ses paroles étaient devenues des chuchotis incessant qui me pourchassaient. J'avais fermé les yeux, je devais réfléchir à tout ça. Je voulais partir loin, très loin. J'avais besoin de calme, de solitude. Quand je rouvris les yeux, décidée à m'isoler, j'étais déjà à des lieux de chez moi et je parle au sens propre. Je me trouvais dans les champs de pommiers du village voisin. D'abord déboussolée, je compris vite que j'avais réalisé une projection astrale. Bien qu'effrayant au début, ce pouvoir avait bien des avantages. Il n'y avait personne à cette heure si tardive de la nuit. Je commençais à errer tel un spectre entre les pommiers.

Depuis ce jour où se sont révélés mes pouvoirs, on ne peut pas dire que ma vie a été de tout repos. L'apparition de Dante dans ma vie y est pour beaucoup. Il m'a trompée, mentit depuis le début. Toutes ses paroles où il prétendait vouloir me protéger, si seulement ça avait été important à ses yeux. Mais non, c'était simplement du vent. Et ce stupide baiser, maintenant que je connais sa vrai signification, pas moyen de me le sortir de la tête. Et le voyage à New York encore et toujours dans son intérêt. Dire que j'ai partagé une chambre dans ce motel avec lui. Qu'il m'a trainé de force à New York, et sur cette île. A force de ruminer je me sentais de plus en plus bête. Je ne pus m'empêcher de rire et de pleurer en même temps. Il n'y avait que moi pour me plaindre d'être allée sur une île paradisiaque, ou d'avoir fait un bout de chemin jusqu'à New York. En y repensant, Dante ne m'avait jamais fait de mal au contraire. Même si son but premier était de me dérober mon âme, ce jeu c'était retourné contre lui.

Au contraire, il m'avait protégée d'une certaine manière. C'est lui qui a renversé la situation avec Rebecca, qui a fait en sorte que personne ne me voit utilisé mes dons, qui m'avait soutenu après mon premier voyage astral. Et après tout ça, il allait disparaître car il s'en était pris à la mauvaise personne. Voulais-je vraiment qu'il sorte de ma vie ? Il ne pouvait pas me faire de mal après tout. Mais il avait voulu prendre mon âme. Ma tête était sur le point d'imploser. Il m'avait menti, manipulé et je n'arrivais pas à lui en vouloir vraiment. Le pire c'est qu'il allait peut-être disparaître. Comme frappée par un éclair, cette idée me retourna l'estomac. Non, il ne devait pas disparaître lui aussi par ma faute. J'étais la cause de la disparition de ma mère, je ne voulais pas être celle de Dante. Ce menteur, manipulateur ne pouvait pas s'en tirer comme ça. Pas question qu'il disparaisse comme ça. J'allai amorcer le voyage retour quand je réalisais que deux yeux jaunes m'épiaient à travers les pommiers. Ces yeux n'avaient rien d'humain, on aurait dit ceux d'un fauve ou d'une bête sauvage à la recherche d'une proie. Ils avançaient vers moi et au fur et à mesure devinrent plus haut. Quand ils furent à quelques mètres de moi, je découvris, avec la lumière de la lune, un homme immense, une montagne humaine. On ne voyait de son visage que ses yeux jaunes effrayants, tout le reste était camouflé sous un grand manteau à capuche noire.

Par réflexe, la peur me fit faire un pas en arrière. L'homme, lui, ne broncha pas. Une espèce de grognement désapprobateur s'échappa de lui. J'avais déjà vu cet homme, mais où ? Comment aurais-je pu oublier où j'avais croisé une montagne de muscle si imposante. C'était impossible à concevoir, son aura de danger ne pouvait pas être oubliée. A moins que... Je ne l'ai jamais rencontré en réalité. Cela me revenait, je savais où je l'avais vu. Cet étrange rêve que j'avais fait. Le chasseur sur les traces de Dante, c'était lui. Il était beaucoup plus rapide que sa carrure le laissé imaginer. En une fraction de seconde, il se retrouva à quelques centimètres de moi. J'étais paralysée par la peur. J'avais l'impression que son regard voyait à travers moi. Et effectivement, j'avais l'étrange sensation que j'étais invisible à ses yeux. Comme voulant chasser un nuage de fumée, sa main traversa mon corps. Aussitôt je me sentis aspirée, là où était mon enveloppe charnelle. J'entendis la voix de l'ombre.