Chapitre 2: Coeur apaisé

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Je me réveille lentement, la lune éclairant mon visage pâle. Je sors de la grotte dans laquelle je me trouvais et admirai les étoiles un instant. Je soupirai en pensant que le monde était si puéril et sans intérêt. J'allai chercher mon sac et repartis sans un mot.
De ma marche lente, je regardais autour de moi sans rien voir de suspect. Tant mieux. Tant pis.
Allons bon... voilà que je me sentais seule maintenant... Je secouai la tête, signe qu'il ne fallait pas que je me relâche.
Le vent était violent cette nuit là et je dus attacher mes cheveux pour ne pas qu'il me gène. Au loin j'aperçus une masse par terre. Je penchai légèrement la tête et m'y dirigeai sans précipitation.
De plus près je vis un énorme ours mort. Des chasseurs par ici ? Je regardai furtivement autour de moi. Il n'y avait rien d'autre que la forêt et aucun bruit. Je posai mes yeux opalins sur le gros animal en caressant doucement son doux pelage. Les hommes étaient bien cruels de tuer ainsi.
Je vis alors quelque chose bouger sous l'animal. Je dégageai doucement le corps et surprise, je restai coi.
Le petit ourson vint se frotter contre mes bras et je le pris doucement sur mes genoux.

- Que vas-tu faire toi maintenant ? Tu n'as plus rien. Tu vas sûrement mourir hein ? Lui dis-je en regardant sa mère inerte.

Le petit animal grogna comme s'il n'était pas d'accord avec moi et j'en fus étonnée.

- Qu'est-ce que tu as ? Lui demandais-je.

L'ourson fort dégourdi, se faufila derrière moi et gratta mon sac de sa patte. Je compris alors qu'il en avait après ma petite portion de nourriture. Je le regardai hésitante, mais sous ses grognements, je lui sortis un petit morceau de viande séchée et de fruits secs.

- Tiens, au moins, tu pourras tenir encore un jour ou deux...je dis en me relevant.

Je le regardai manger un moment, puis repris ma marche tout doucement. Je fus étonnée de le voir me suivre lorsque je fus trop éloigné de lui. Je m'arrêtai et le regardais d'un air sévère.

- Ne reste pas ici et pars faire ta vie ailleurs. Je lui demandai en pointant du doigt la forêt.

Il n'en fit rien et resta assis juste en face de moi. Je fronçais les sourcils en me retournant. Il repartit avec moi, mais je ne dis plus rien. A quoi bon parler à un animal ? Si même les humains ne pouvaient me comprendre, un ourson en serait encore plus incapable.
Je lui jetai un regard curieux. Cet ourson brun semblait encore bien jeune pour qu'il puisse se débrouiller seul. Combien de temps me suivrait-il ? Avait-il seulement conscience du danger auquel il s'exposait une fois qu'il pénétrerait dans une ville ?
Non, bien sûr que non. Il n'en savait rien.
Je soupirai.
Sa mère était morte et il se retrouvait sans rien à présent...
Pourquoi voulait-il encore de la vie après ça ? C'était tellement absurde ! Je fronçais les sourcils en serrant les poings.
Non...se calmer, pas de sentiments inutiles. L'indifférence est encore la meilleure solution.

- Très bien, je te nourrirais et te protègerais comme aurait du faire ta mère.

L'ours sembla comprendre puisqu'il émit un petit grognement de joie.

- Cependant, une fois que tu seras assez fort pour te débrouiller seul, tu partiras et tu t'effaceras de ma vie. Finis-je par dire en le regardant avec sérieux.

Je savais que c'était absurde ce que je faisais. Je savais que je parlais à un ourson et pourtant ce petit animal semblait être d'accord avec moi.
Cette étrange chaleur que je ressentais en le regardant m'était inhabituelle et je préférai regarder devant moi comme j'en avais l'habitude.
Mon regard devint bientôt aussi sombre que d'ordinaire et je ne me souciais plus de mon jeune compagnon.
Nous arrivâmes bientôt devant de grandes fortifications.
Je regardai avec découragement le petit ours en me disant qu'il ne serait pas simple de le faire monter par-dessus l'énorme mur qui devait bien faire six mètres.
Je balayai les alentours et me détendis lorsque je vis une petite porte non surveillé sur la gauche.
Je m'y dirigeai et comme je m'y attendais, le petit animal haut comme trois pommes me suivis sans rechigner.
A croire qu'il n'avait peur de rien celui-là...
Je défonçai la porte et pénétrai dans la ville. Les lampadaires éclairaient faiblement les rues principales et pour une fois je n'empruntai pas de petites ruelles. Je savais où j'allais et je me doutais bien que personne n'oserais sans prendre à moi ici. C'était tellement évident que je me détendis même un peu.
J'entendis soudain des pas pressé et je tournai d'un quart ma tête. C'était cet idiot de Kiba. Il courrait en me souriant. A croire qu'il m'appréciait...

Quand nos chemins se croiserons ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant