Libre, mais piégée

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Grâce à Elena principalement, je restai à trier les papiers tandis que l'ancienne nourrice s'efforçait de dépoussiérer la chambre d'à côté. L'après-midi passa sans que je ne m'en aperçoive. Je m'étais à peine occupé d'une seule pile de paperasse. Ce qui n'était rien face aux autres colonnes blanches qui m'encerclaient. Les journées ici seraient bien remplies, de cela j'en étais sûre.

Elena, adorable comme toujours, voulais que je reste pour dîner. Mais je déclinais son offre. Je voulais rentrer avant que le vent ne devienne trop important en cours de soirée. Déçue, elle acquiesça et me laissa m'en aller vers l'arrêt de bus qui me ramena près de mon appartement.

Durant cette journée, je n'avais pas revu cet Alex, et cela me soulageait. Après sa discussion mouvementée avec Elena, il n'avait plus remis les pieds dans la maison quand j'étais présente. Je ne savais toujours pas la raison de sa colère face à ma venue, mais je comptais bien demander plus d'informations à ma très chère Elena.

Épuisée, je rentrai dans mon appartement sombre et vide. Rien n'avait changé. Tout avait été laissé comme il était. Comme tous les jours depuis que je vivais seule. J'arrêtai de penser à cette vie morne et allai me coucher.

Le lendemain, ayant trop tardé dans mon lit, je me dépêchai de marcher vers la grande maison pour éviter d'être en retard. Une fois devant la porte en bois, Elena m'accueillit avec un sourire.

« Allons, allons, tu n'avais pas besoin de courir ! Tu n'es pas à cinq minutes près, » me rassura la cuisinière en me réprimandant presque.

Je n'aimais pas être en retard. Surtout après avoir été secrétaire d'une grande entreprise. La ponctualité était de mise.

Je fus surprise de trouver la chambre propre et illuminée. Étant débarrassé de la poussière et des colonnes de papiers, on pouvait apercevoir le parquet ainsi que le bureau et les étagères collées au mur. Elena avait dû travailler après que je sois partie hier en fin d'après-midi.

« On voit enfin la chambre n'est-ce pas ?

- Vous n'étiez pas obligée de le faire toute seule, j'aurais pu vous aider aujourd'hui...

- Oh ne t'en fais pas pour ça, balaya-t-elle d'un revers de main. Si seulement tu avais pu voir la tête d'Alex. Il en avait presque les larmes aux yeux.

- Pourquoi ? Cette pièce représente un souvenir particulier ?

- Oui, affirma-t-elle en fixant la chaise derrière le bureau. C'était le bureau de son père. Ça a été dur quand il est parti, surtout pour Alex. Pour Max aussi, mais il a réussi à refaire sa vie dans une grande ville avec une merveilleuse femme. »

Je hochai la tête en regardant la chaise vide. Je ne pouvais pas comprendre la détresse de perdre ses parents, mais je connaissais la solitude. Heureusement, j'avais rencontré David pour pallier la tristesse.

« Et tes parents ? demanda Elena tandis que nous marchions vers la pièce remplie de paperasse.

- Mes parents sont des personnes assez occupés par leur travail. Et ils adorent voyager. Je les aime, mais parfois c'était difficile. Je ne vais pas me plaindre. Mon enfance a été assez banale. Amis, petit-amis, études... J'ai une petite question, pourquoi m'avoir accepté de suite alors que l'on a à peine parlé ? »

Ma question semblait la prendre par surprise. Elle ne me regardait plus dans les yeux puis lâcha un rire nerveux. Après un soupir, elle m'intima de m'asseoir sur la chaise qu'elle avait placée au milieu des colonnes blanches. Elle s'installa sur une autre chaise puis leva les yeux vers moi. Du regret et de l'inquiétude y transparaissaient. Tandis que mon cœur battait plus vite, je restai silencieuse et confuse par ses gestes.

Comme un pantinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant