11- Enterrement (Fin)

101 5 13
                                    

(C'est le point de vue de Nathan)

"C'est sa durée, et elle seule, qui authentifie le réel. Qu'un cauchemar ne finissent pas, il deviendra votre réalité, et il faut bien faire avec. Que votre vie s'achève, elle n'était qu'un songe, et il faut bien ne plus faire avec."
-Daniel Pennac

J'étais debout devant son cercueil. Un beau cercueil, noir et brillant. Mais il me répugnait. Le cimetière était peu rempli, seul mes parents, Julie, quelques oncles, tantes, et cousins à lui étaient venus. Il faisait chaud, c'était la fin de l'été. Mais j'avais froid. C'était calme, mais en moi, c'était l'apocalypse. Je voulais hurler, pleurer, frapper. J'étais arrivé trop tard. Il n'aurait fallut qu'un jour, un jour pour qu'il soit encore là. Mais se lamenter ne servait à rien, ça ne changerait rien. Il était mort. Mon meilleur ami était mort. Mon amour était mort. Tout en moi l'était : c'était mort. Le prêtre parlait, mais je n'écoutais rien de ce qu'il disait. C'était un hypocrite.

"Nous sommes tous très touché par la mort de Liam, ce garçon exemplaire... et il continuait de dire ce genre de choses.

Mais qu'est ce qu'il en savait lui, si Liam était exemplaire ? Non, il avait ses défauts, comme tout le monde. Le fait qu'il s'énervait vite et pour peu, qu'il tirait des conclusions attives, et qu'il ne partageait pratiquement jamais sa nourriture. C'était ses défauts. Et lui, était-il touché par sa mort ? Pas le moins du monde. Il s'en foutais littéralement. J'étais pratiquement sûr que s'il savait qu'il enterrait un garçon homosexuel, il arrêterait immédiatement son discours de faux cul. Parce qu'il est homophobe. Tout ce monde de merde l'est. Nos "amis" au collège l'étaient. Ma tante l'est. Son père aussi. C'est pour ça qu'il est mort. D'ailleurs dans le christianisme, être gay est un péché, n'est-ce pas ? Bien sûr que ça l'est. Nous sommes sur une planète de merde, et Dieu lui même ne nous accepte pas. Mais s'il ne nous acceptait pas, pourquoi il me l'avait pris? Ce prêtre est un con.

On fit descendre le cercueil, six pieds sous terre. On le faisait descendre, comme si c'était normal de mettre un être humain aussi bas. Mais en fait, ça l'était, quand celui-ci était mort. Son corps est mort. Et ce connard de curé continuait de parler.

Je regarde mes pieds, pour me contrôler. Pour ne pas lui hurler de fermer sa grande gueule. Pour ne pas manquer de respect au corps de celui qui faisait battre mon coeur plus fort. J'essayais de me contrôler, et j'y arrivais . Apparemment j'étais resté longtemps dans cette position, puisque je sentis une pression sur mon épaule. En relevant la tête, je croisais le regard de ma mère, qui me faisait signe de m'avancer. Cette fois-ci le discours serait réel.

Je m'avançais vers le cercueil, feuille et rose à la main, le coeur lourd. Je me mis face aux personnes présentes, puis dépliais le papier.

"Liam était beau. Il était magnifique même. Et là, ce n'est pas son physique que je décris, mais sa personnalité. Ce morceau de papier me paraissait, lui aussi, hypocrite. Alors dans le plus grand des calme, je m'interrompis, puis le déchirais.

Certains me regardaient comme une bête de foire, mais j'en avais rien à foutre, alors je repris la parole.

-Il n'était pas le plus patient, ni même le plus gentil. Encore moins le plus généreux. Il était même carrément radin. Mais il était lui, et ça me suffisait. J'ai lu une fois, une citation, et quand j'y repense, je me dis qu'elle ne pouvait pas correspondre à quelqu'un mieux qu'à Liam. Ça disait qu'un cauchemar sans fin devenait notre réalité, et que lorsque notre vie s'achève, elle n'était qu'un rêve.

J'avais l'impression de l'entendre. Le son strident de la machine qui indiquait les battements de son coeur quand il s'était définitivement arrêté. Ils me labouraient le crâne. Il ne partait pas, mais je continuais ma tirade.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Apr 08, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Mais, c'était avant...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant