Destinée (Dramione)

Vérité familiale

Le 3 août, comme il pleuvait, notre rat de bibliothèque travailla toute la matinée. Elle s'avançait pour ses aspics.

-Hermi ? Que fais-tu ?

-Je travaille pour Poudlard !

-Ah très bien ! N'oublie les matières moldues !

En effet, les Granger tenaient à ce qu'elle ait une culture complète, même moldue. Aussi lisait elle des classiques comme Orgueil et préjugés ou Les Misérables. Elle connaissait également l'histoire de l'Angleterre et de la France. Elle parlait d'ailleurs parfaitement la langue de ces deux pays.

-Oui, pas de soucis, ne t'inquiète pas maman.

A l'heure du déjeuner elle descendit et s'attabla en compagnie de ses parents. Ils discutèrent de tout et de rien, jusqu'à l'arrivée d'un hibou par la fenêtre. Hermione pensait que c'était sa réinscription pour Poudlard. Mais l'oiseau lâcha la lettre entre monsieur et madame Granger. Sur l'enveloppe, Hermione pouvait voir que la lettre leur était adressée. Curieuse, elle s'approcha de ses parents.

-Qu'est-ce ? De qui provient elle ? Pourquoi vous est-elle adressée ? Dit-elle un mélange de surprise et de curiosité dans la voix.

-Hermione.

Son père marqua une pause. Hermione sentit malgré elle le stress monté. Ses parents ne prononçaient son prénom en entier que dans les moments importants. De plus le ton de son père était grave et le pli sur son front était réapparu.

-Je crois qu'il faut qu'on parle. Finit-il par dire en regardant sa femme, qui hocha la tête tristement mais avec une certaine résignation dans son regard.

Les deux adultes se levèrent et lui firent signe de les suivre. Elle s'exécuta de plus en plus troublée par leur comportement étrange.

Un silence oppressant s'installa. Visiblement ses parents ne savaient pas par où commencer. A plusieurs reprises, ils ouvrirent la bouche puis la refermèrent sans qu'aucun son n'en sortît. Hermione rompit le silence en disant doucement :

-Vous voulez me demander de ne plus faire de magie, n'est-ce pas ? Vous trouvez ça trop dangereux à cause de la guerre ?

Elle était persuadée que c'était ça. La lettre venait sûrement de Poudlard, Dumbledore leur donnait à tous les coups son accord pour qu'elle n'aille plus en cours à cause du danger qu'était Voldemort. Même s'ils avaient détruit presque tous les horcruxes, il avait toujours une armée de dévoués Mangemorts à ses ordres. Mais la raison était toute autre. Son père prit la main de sa femme, la serra avec amour, et elle lui rendit un sourire triste en hochant la tête comme pour lui donner son accord.

-C'est une longue histoire, commença-t-il. Je te demanderai de ne pas m'interrompre avant que je t'ai tout expliqué, d'accord ?

Hermione acquiesça, l'angoisse lui nouant le ventre.

-C'était quand ta mère avait 10 ans. Elle vivait paisiblement dans un quartier de la banlieue aisée de Londres. Sa meilleure amie s'appelait Katia. Katia Wilsan. Elles se connaissaient depuis l'enfance. Leurs parents respectifs étaient également de très bons amis. Mais une grande différence les séparait. Les Wilsan était une brillante famille de sorciers.

En effet, Hermione avait lu ce nom dans l'histoire du monde sorcier à plusieurs reprises.

-Katia est partie à Poudlard. Elles se voyaient à chaque vacances et malgré leur différence leur amitié n'a jamais souffert. Tout se déroulait bien, jusqu'au jour où âgée de 17 ans, Katia épousa celui auquel elle était promise depuis sa naissance. Patricius Nightwood. Elle dut quitter la région à cause d'un mage noir, qui lui avait proposé une alliance qu'elle avait refusée. Même aujourd'hui je ne pourrais te dire pourquoi il tenait tant à l'avoir comme alliée. En fait peu de personnes le savent exactement. Toujours est-il que 3 ans et demie plus tard, elle est venue nous voir. C'était en mars, nous nous étions déjà installés à Manchester. Elle semblait épuisée. Elle t'a confiée à nous et nous a supplié de te garder, de te prendre comme notre propre enfant, de te protéger du monde sorcier, jusqu'à tes onze ans. Nous avons accepté, lui demandant de rester avec nous mais elle nous répondit que c'était trop dangereux. Et elle est repartie. Deux ans plus tard, ses parents nous ont retrouvé. Ils ne t'ont pas récupéré parce que tu étais plus à l'abri avec nous. Quand on a demandé des nouvelles de Katia, ils nous ont annoncé son décès et celui de son mari.

Il fit une pause dans son récit. Madame Granger pleurait maintenant à chaudes larmes, au souvenir de sa meilleure amie. Hermione, elle, était sous le choc. Elle n'arrivait pas à y croire. Maintenant qu'elle y pensait, elle comprenait pourquoi il n'y avait presque aucune photo d'elle avant ses 1 ans et demi. Ainsi les Granger n'étaient pas ses parents. Elle était fille de sorciers. Était-elle donc une sang pure ? Ce n'était pas possible. Ce devait être un cauchemar.

Elle n'eut le temps d'approfondir ses réflexions car son père poursuivit :

-Tes grands-parents maternels et paternels se connaissent très bien. Ils nous avaient prévenu qu'ils devraient te récupérer avant tes 17 ans. C'est la tradition chez les sangs purs.

Ainsi elle était donc bien une sang pure. Elle se pinça quand même pour vérifier qu'elle était bien éveillée.

-Je n'ai pas tout compris concernant l'histoire de tes parents et ta famille mais ils te donneront plus de détails. Cette lettre vient d'eux. C'est la troisième que tes Grands-parents maternels, les Wilsan, nous envoient ce mois-ci, pour nous informer de ce qui va se passer. Ils viennent ici le 15 aout. Tu partiras vivre chez eux.

À ces mots, sa voix s'était cassée. On pouvait deviner que c'était douloureux pour lui de laisser partir cet enfant, qu'il avait éduqué comme sa propre fille. Hermione quant à elle pleurait silencieusement. Soudain elle se leva et partit se lover dans les bras de ses "parents".

Au bout d'une heure de câlins, elle dit, séchant ses larmes :

-Je propose qu'on profite de cette semaine comme jamais. De toute façon vous resterez mes parents pour toujours.

-Merci. Répondit son père avec un énième câlin.

Sa mère prononça pour la première fois depuis une heure quelques mots, qui touchèrent profondément Hermione :

-Pour nous aussi Hermi, tu resteras notre fille adorée. Même si tu pars bientôt, notre porte sera continuellement ouverte pour toi. Nous continuerons de penser chaque jour à notre Hermi chérie.

Les 12 jours de vacances furent bien remplis. Ils firent des ballades, des baignades, du sport, du shopping, des visites, dinèrent au restaurant, prirent beaucoup de photos d'eux, tous les trois souriant comme une famille sans soucis. Mais le soir, chacun dans leur coin, ils y pensaient à cette séparation, qui se rapprochait inéluctablement.

Le 14 aout, le rythme cardiaque d'Hermione s'accéléra. Elle était anxieuse. Le matin, un hibou lui apporta une lettre de Ginny.

Chère Hermione,

Comment vas-tu ? Profites tu correctement de tes vacances ou bosses tu inlassablement ? Harry nous a rejoint hier. Je suis tellement contente ! On enchaine les matchs de Quidditch, les jeux sorciers-société et les réparations du toit de la maison. Sinon tout le monde va bien. J'ai hâte de te revoir et de retourner à Poudlard.

Je t'embrasse,
Ta Ginny !

Elle lui manquait tellement ! Elle paraissait pleine de joie de vivre et si insouciante. Hermione envia sa meilleure amie. Voulant se confier à quelqu'un mais ne désirant pas inquiéter son amie, elle lui répondit :

Chère Ginny,

Tu me manques énormément. Non je ne bosse pas incessamment. Je profite du bon temps avec mes parents. Tu ne t'imagines pas à quel point la côte française est magnifique. J'ai hâte aussi de vous revoir.

Je t'embrasse fort,

Ton Hermione.

P.S: J'aurais des nouvelles importantes à t'annoncer à la rentrée, mais je préfère te les dire en face.

L'après-midi se déroula en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Personne n'osait dire à voix haute ce que chacun pensait : c'était leur dernier jour tous ensemble.

Après un copieux diner et une partie de Monopoly enflammée, Hermione partit se coucher et ne trouva le sommeil que tard dans la nuit, une boule d'angoisse s'étant logée dans son ventre.