ON DIT QUE LE MONDE appartient à ceux qui se lèvent tôt. Que dit-on pour ceux qui restent éveillés la nuit ? Le sommeil ne venait jamais. Il s'était enfui en même qu'elle. Les souvenirs eux étaient restés, éparpillés sur le sol comme les morceaux de verre d'un miroir qu'on a volontairement brisé. Ils reflétaient les réminiscences d'une vie qui me paraissait antérieure. Une vie qu'il me fallait oublier, mais de laquelle je ne parvenais à me détacher.
La lumière éteinte, son visage se dessinait derrière mes paupières. Son expression, lorsque je l'avais vue pour la dernière fois, était gravée dans mon esprit en désordre. Ses yeux marron avaient perdu leur détermination, ils étaient résignés. Son léger sourire mystérieux avait disparu pour laisser place à un mélange de déception et d'anéantissement. Cette dernière fois, j'avais pressenti que quelque chose n'allait pas, n'allait plus. Elle était indépendante et aimait avoir ses pensées à elle, je n'avais pas cherché à comprendre. Parfois, j'aimerais revenir juste à cet instant, l'attirer contre moi et lui murmurer à quel point je l'aime. Parfois, j'aimerais revenir au jour où nos regards se sont croisés pour la première et m'empêcher de tomber bêtement amoureux d'elle. Les autres fois, je regrette juste de ne pas lui avoir donné une raison suffisante de rester.
Son absence me tenait éveillé. La pensée des mots qui auraient dû être prononcés, mais qui ne l'ont pas été. Ce non-adieu qui laissait fleurir de l'espoir dans les zones marécageuses de mon esprit. Le reste avait fini par flétrir avec le temps écoulé. Les souhaits périssaient à petit feu tandis que l'illusion s'évanouissait avec le levé du jour. Alors quand le soleil regagnait le ciel, je me faisais à l'idée de cette dure réalité. À l'idée qu'elle ne revienne jamais. Pourtant, à peine que la nuit revenait à nouveau obscurcir le ciel, je la voyais clairement s'avancer vers moi, ses lèvres remuer pour former les mots : « Je t'aime encore. »
Ça n'arrive pas en vrai. Je l'avais souhaité tellement que j'en étais lasse de le souhaiter. Si bien que lorsque Glenn m'a envoyé « Sorts un peu de ton trou Aloïs et ramènes ton cul à la soirée chez Wayatt ce soir !!! », j'ai décidé d'arrêter de ruminer et de quitter de ma tanière. Inconsciemment, j'ai fait un premier pas vers le « tourner la page. »
J'ai pensé aux triangles traversés d'une flèche, tracés au dos des photos. J'ai pensé au cardigan qui avait conservé son parfum. J'ai pensé à ces chansons que j'avais ajoutées sur son Ipod pour qu'elle puisse savoir qui j'étais vraiment. J'ai réalisé que je n'avais jamais su qui elle était réellement. Et alors que je répondais au message de Glenn, j'ai pris conscience que l'idée que je m'étais fait d'elle était sans doute fausse.
On tombe sous le charme d'une idée, on image que l'on se fait. Cette idée, cette image correspond rarement à la réalité.
Le fait est, que malgré cela, j'avais toujours besoin d'elle.
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Inexplicable Anatomie
Teen FictionAu commencement, il y avait deux inconnus. Une fille pessimiste, un garçon rêveur. Au deuxième jour, il y eu des mots non prononcés et un espace non franchi. Au troisième jour, il y avait une fille qui ne pouvait aimer pour récupérer ce qu'on lui av...