TOUT CE QU'IL RESTAIT D'ELLE, c'était un symbole tracé à chaque dos de photos : deux triangles l'un dans l'autre et une flèche. Pour que rien ne se mette en travers de son chemin, avait-elle dit. Les visages sur les photos avaient perdus leurs yeux, barrés à l'indélébile. Et tout avait pris son sens à ce moment-là, quand bien même je refusais d'y croire, de m'y résigner. Elle avait laissé dernière elle, des musiques non écoutées sur un IPod et un cardigan aux motifs aztèques qui avait conservé son parfum - un mélange de jasmin et de vanille. Mais même s'ils me permettaient de me rappeler qu'elle avait réellement existé, ils ne comblaient pas son absence.
Parce qu'elle était partie. Juste comme ça. Un matin. Sans me demander si elle avait le droit de sortir de ma vie. Et quand bien même, je me refusais à l'accepter, ça ne changeait rien au fait qu'elle n'avait pas l'intention de revenir. Ça ne changeait rien au fait que qu'importe le nombre de ciel qui s'effondre, on doit continuer à vivre.
Je désirais juste que ces derniers mois n'aient jamais eu lieu. Qu'elle ne m'ait jamais abandonné avec mon cœur en miettes. Je voulais récupérer ma vie telle qu'elle était avant qu'on ne se rencontre.
J'ai rassemblé ces morceaux d'une partie de moi qui n'était plus, pour m'en débarrasser et j'ai quitté cet endroit où j'avais ruminé pendant sept jours entiers.
Allen Street était paisible et serein à cette heure de la journée. Juste après que le ciel ait troqué ses couleurs enviées par ceux qui prennent le temps de lui accorder un regard, contre un manteau sombre et étoilé. J'ai longé les rues jusqu'à Brigde Park en pensant que quelque part, se trouvait la personne qui me correspondait. Et peut-être que je n'en voulais plus.
J'ai longuement regardé la buée sortir de ma bouche en songeant à l'avant et à l'après. À tout ce qui était parti en fumé. À tout ce qui serait réduit à l'état de néant. Sans penser une seconde de plus, j'ai finalement balancé une à une ses affaires par-dessus le pont. Je les ai regardées couler avec détachement. Je me suis apprêté à sortir du parc en longeant l'allée des arbres. À cette époque de l'année, ils ressemblaient à des squelettes géants, dont les bras menaçaient de vous attraper. C'est là que je l'ai vue. Elle était adossée à un arbre et fixait le ciel d'un air étrange, comme si elle tentait d'y déceler les secrets de l'univers. Elle a porté sa cigarette à sa bouche et a recraché la fumée, avant de baisser la tête. Nos regards se sont croisés. Elle a eu l'air intriguée. Détournant le regard, j'ai continué mon chemin. L'image de cette fille seule et perdue, mais qui n'avait pas besoin d'être retrouvée m'a hantée pendant longtemps.
Le sort était jeté.
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Notes de l'auteur :
Tout d'abord merci à ceux qui prendront le temps de passer lire mon histoire et un grand merci à ceux qui laisseront un commentaire.
Ceci est une toute nouvelle histoire dans laquelle je me lance. Par toute nouvelle, je veux dire que ce n'est pas une de celle que j'écris en secret. Nan, c'est une idée qui m'est venue comme ça, et j'ai voulu voir ce que ça donnait. Du coup, j'y vais à l'aveugle et je n'ai aucune idée de ce que ça va donner. J'espère que vous allez aimer !
Inexplicable Anatomie (titre provisoire, j'imagine) est une histoire sur la trahison, sur le fait que les personnes ne paraissent pas toujours ce qu'elles sont au premier regard, et sur le chemin vers le pardon et la confiance.
Pleurez bien,
M. E.
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Inexplicable Anatomie
Novela JuvenilAu commencement, il y avait deux inconnus. Une fille pessimiste, un garçon rêveur. Au deuxième jour, il y eu des mots non prononcés et un espace non franchi. Au troisième jour, il y avait une fille qui ne pouvait aimer pour récupérer ce qu'on lui av...