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The end of all things;

quatorzième.


-  Iwan?... sa voix était toujours aussi rauque, le froid figeant ses cordes vocales.

Iwan ne releva pas la tête, les yeux plongés dans le vide, à contempler la lune au dessus de lui. Il avait retiré ses talons ainsi que le bandeau dans ses cheveux, le posant sous sa tête pour mieux regarder les étoiles. Et, il ne lui répondit pas. Ne dit pas un mot, ne marmonna pas un va-t-en acerbe, ou quoique ce soit. Au fond, lui aussi voulait qu'elle soit là.

- J'ai passé une soirée abominable, lança Sid, les yeux vitreux.

Il n'ouvrit pas la bouche mais cousu ses paupières entre elles lorsqu'il sentit Sid s'allonger près de lui, sa peau contre la sienne, ses doigts caressant la paume de sa main. Ils se turent durant de longues minutes, ne sachant pas vraiment quoi dire. Ayant trop, de choses à dire, en vérité.

- Tu veux parler, ou écouter de la musique? Il resta immobile, alors que Sid tremblait à ses côtés, ne sachant quoi faire face à la poupée de cire en laquelle il s'était transformé.

Une brise souleva les cheveux de Sid, camouflant son visage démoli par le silence du brun. Elle voulait qu'il se confie à elle. Savoir pourquoi il était parti. Pourquoi il l'avait fuie. Pourquoi tout se cassait la gueule autour d'elle ce soir et pourquoi ses doigts fins ne se liaient pas finalement aux siens, après toutes ces soirées passées à s'aimer en silence, comme des gamins.

- Tu veux que je parte? bégaya faiblement la blonde, les lèvres tordues par la douleur.

- Personne veut d'un travesti dans sa vie, une larme glissa sur la joue d'Iwan, effaçant légèrement le rose qu'il s'était appliqué pour mettre ses pommettes en valeur. Personne veut d'un détraqué qui se sent bien quand il porte des robes. Donc pars si t'en as envie. Je comprendrai. Ce serait même... normal, il rit jaune, puis repris, j'suis une erreur de la nature qui sait dessiner. C'est con quand même. Au collège, mes professeurs pensaient tous que j'aurai une brillante carrière, que je réussirai tout dans ma vie. Et maintenant quoi... j'ai vingt-deux ans, et les seuls moments où je me sens à peu près vivre sont quand j'suis avec une fille qui n'voudra plus de moi après m'avoir vu en robe, ou quand je traîne dans des bars, travesti. Personne veut de ça dans sa vie. Mon père a arrêté de me parler à cause de ça. Ma mère m'aurait foutu à la rue si elle était restée. J'ose pas le dire à mes meilleures amis et...

Il fut couper par un souffle léger sur ses lèvres, Sid les baisant chastement afin de l'empêcher de continuer, une main plongée dans cou, ses doigts caressant sa peau pâlie par le froid. Elle s'éloigna à peine de son visage, posa son front contre le sien, puis murmura qu'il était "belle, comme ça. Ou beau, je n'sais pas." Les paupières d'Iwan se rouvrir finalement, alors que Sid effaçait doucement les larmes qui glissaient le long de ses joues roses, en les embrassant simultanément, pour les réchauffer. Puis son nez, et son front. Et un dernier dans son cou, avant d'attraper sa main et de finalement lier ses doigts aux siens, posant leurs mains entremêlées contre son coeur. Sid s'allongea par la suite à ses côtés, en silence. Il n'y avait pas besoin de mots. Iwan glissa son bras libre dans le dos de sa Petite Princesse, s'empara de son portable, lança une musique au hasard et se laissa aller contre le corps frêle de cette drôle de nana, qu'il avait dessiné et pris en photos durant des mois.

La rose ne piquait plus. Le renard s'était laissé apprivoisé. Sid ne regardait plus le soleil se coucher.

Sid lui raconta brièvement sa soirée, ses larmes tombant sur les clavicules d'Iwan à un rythme aussi régulier que les battements de son coeur. Il fit à peine attention aux tâches sur le haut de sa robe. Ils restèrent ici, toute la nuit. Dans une tasse. Jusqu'à ce que la peine de Sid ne puise dans ses dernières forces et fit s'embrasser ses paupières.


Pourtant, lorsque le soleil pointa le bout de son nez, Iwan se dégagea de son emprise, et parti, la laissant seule au milieu d'une attraction qui ne représentait rien pour elle, si il n'était pas à ses côtés. Il sourit brièvement, la regardant une dernière fois, puis s'éloigna, ses talons à la main. Il avait toujours honte, et ne voulait pas qu'elle le voit habillé ainsi. A la lumière du jour, complètement exposé, parce qu'il n'y avait que la nuit que la magie opérait et qu'il ne serait plus qu'un mec mal dans sa peau une fois la blonde réveillée. Alors Iwan prit la fuite, de nouveau, ne laissant rien derrière lui, à part son bandeau.




chain reaction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant