Sur l'ile - Chapitre 15

607 50 0
                                    

Ils passèrent du temps à aménager leur abri et s'installèrent un hamac grâce à la voile. Par égard pour Amélie, Adam avait descendu le squelette de son trône et enfoui dans un coin sous une pile d'or. Enfin, fort de ses nouveaux outils, il s'essaya à la pèche à la lance, tandis qu'Amélie faisait bouillir leur linge pour l'assainir, et le soir même, après un bain d'eau de mer, ils purent faire un repas complet.

- Les nuages avancent toujours sur nous, dit-il alors qu'ils mangeaient dans leur nouvel abri. J'ai bien peur qu'on n'y coupe pas. Demain on s'arrangera pour protèger l'entrée de la cache de façon à pouvoir la laisser ouverte et faire un feu.

- Un feu, tu es sûr ? Tu crois que ce sera violent à ce point là ?

- Je n'en sais rien, mais dans le doute, mieux vaut se préparer à tenir un siège. En plus il va faire froid, là-dessous. Ça nous réchauffera. Enfin... Il y a d'autres façons de se réchauffer, mais on ne pourra pas les expérimenter avant un mois... ajouta-t-il malicieux.

- Je ne savais pas que le mariage réchauffait. C'est bien, je suis du genre frileuse, répondit-elle d'un air ingénu.

Il la couva du regard et se pencha pour l'embrasser.

- On s'en sort bien avec la cuisine, dit-il en posant son bol vide. Le problème c'est surtout l'eau. Enfin...

Il brandit une bouteille qu'il but à grande gorgée.

- On a du rhum.

- Je vais le faire flamber pour ôter l'alcool, répondit la princesse en prenant l'une des bouteilles. Ça sera utile pour cuisiner sans... limiter nos chances de survie, disons, en cas d'attaque pirate.

- Tu plaisantes ! s'indigna-t-il. C'est du bon, en plus... Goûte.

Elle prit la bouteille qu'il lui tendait et en but un tout petit peu. Elle grimaça et cacha son visage derrière son bras.

- C'est pas bon, ça brûle, ce truc, grimaça-t-elle.

- Oh oui... sourit-il en buvant encore. C'est loin des alcools fins de la cour...

Il rit.

- Tu sais ce qu'on dit, Adam. Pas d'alcool pendant le service n'est-ce pas ! Et qui va devoir aller monter la garde ?

Et par jeu, elle ouvrit sa bouteille et fit mine d'en avaler une longue gorgée. Rien que de sentir le feu de l'alcool sur ses lèvres, c'était déjà difficile à supporter. Comment faisait-il pour boire ce truc ?

- Alcoolique, se moqua-t-il. Sur le mur, on boit pour se tenir chaud et garder le moral quand les nuits sont trop longues. De toute façon c'est chacun son tour. Tu es plutôt du soir ou du matin ?

- Du soir, répondit-elle sans hésiter.

- Parfait. Donc tu prendras la première moitié. Tu resteras près du feu et quand tu n'arriveras plus à rester éveillée, ne fais pas la brave, viens me réveiller. Je prendrai ta place. Tu penses que tu peux le faire ?

- Oui, assura-t-elle. Je l'ai déjà fait, en fait. Ça devrait aller.

- À quelle occasion ? demanda-t-il curieux.

- Avec un garde forestier. Un jour, on est tombé sur un repaire de bandit à trois jours du château. Il n'a pas voulu prendre de risque avec moi, alors on a fui pour aller les signaler à la milice. Mais il était hors de question de ne pas dormir pendant trois jours alors il a instauré des tours de gardes au cas où on ait été suivi. Ça s'est bien terminé, ajouta-t-elle avec un petit sourire.

Il l'enveloppa d'un regard tendre. Il ne voulait pas l'avouer, mais elle ne cessait de l'impressionner.

- Bien, alors tu es rodée. Je vais pouvoir dormir en paix. Et donc m'enivrer sans crainte, ajouta-t-il en buvant encore.

NaufragésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant