Sur l'ile - Chapitre 13

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Amélie ne revint que longtemps plus tard avec deux bols en noix de coco dans les mains.

- Le repas est servi, mon favori, appela-t-elle. Êtes-vous encore en vie ?

- J'arrive.

Il se hissa hors du trou et lui sourit, malicieux.

- Ma reine...

Il ouvrit son poing et lui tendit une bague en or, surmonté d'un solitaire.

- Voulez-vous m'épouser ?

De surprise, elle manqua de lâcher ses bols. Elle les posa sur le sol et lui tendit sa main, tremblante.

- Oui, répondit-elle d'une voix douce. Pour la première fois, oui.

- Pour la première fois, approuva-t-il d'un air nostalgique. Peut-être que si j'avais mis les formes à l'époque, tu aurais accepté.

Il lui passa la bague au doigt et sourit de voir qu'il ne s'était pas trompé dans la taille.

- Peut-être que le prince crabe acceptera de nous marier, sourit-il. Où est-il d'ailleurs ? Il aurait fait un bon repas.

- Non, non, non. Tu ne mangeras pas mon prince crabe ! rit-elle.

Elle se suspendit au cou d'Adam et l'embrassa longuement.

- Tu seras bientôt le roi de l'Ilotrésors. Es-tu fier ?

Il la couva du regard en refermant ses bras sur elle.

- Il n'est rien dont je pourrais être plus fier, souffla-t-il.

- Dans un mois jour pour jour, si nous sommes encore en vie, et encore ici, je t'épouserai et ferai de toi mon roi. Soit digne de cet honneur.

- Un mois, c'est long...

- Préfères-tu un an ?

- Un mois, c'est très bien, se rétracta-t-il.

Elle rit.

- Et si nous fêtions cela par un banquet ? J'ai un ragout de blé aux pommes de terre sauvages et au taro à vous faire gouter, mon fiancé.

- Tu as aussi fait un stage dans les cuisines royales ? demanda-t-il en prenant son bol. Ca sent bon en plus...

- Cuisines royales, auberge... mais ça, c'est plutôt une spécialité du garde forestier.

Il la dévisagea, médusé.

- Garde forestier... Franchement, tu n'étais pas inquiète ? Tu n'as pas peur quand tu pars comme ça toute seule ?

Il regarda le contenu de son bol, suspicieux, et gouta sa part du bout des lèvres. Il fut surpris de constater que c'était loin d'être mauvais.

- Un peu, mais j'adore ça, et ça rend mon père si fier ! Son ombre n'était jamais loin. Je sais qu'il paye les gens qui m'accueillent, je sais aussi qu'il sait très précisément où je suis.

- Même quand on était tous les deux ? demanda-t-il un ton plus bas.

- Non, répondit-elle plus sombre. Il croyait que j'étais chez le fleuriste, en train d'aller chercher des fleurs rares je ne sais où. Il s'est inquiété quand le temps a commencé à être long. Le fleuriste en question a été mis en disgrâce et a dû quitter la ville pour ne pas avoir prévenu la garde.

- Oh... Je suis désolé, dit-il en tendant la main pour caresser sa joue. On a vraiment vécu comme des fugitifs, pendant ces deux mois...

- Oui. Vraiment.

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