Sur l'ile - Chapitre 11

605 50 17
                                    


Ils jugèrent que le plus important était de protéger le feu pour qu'un éventuel bateau puisse les repérer au plus vite, alors ils entreprirent de le surélever et de le protéger du vent avec des pierres. Amélie fabriqua un mortier de terre mêlée d'herbes dont ils se servirent pour souder leur construction.

- Ca me rappelle quand on a essayé de se faire un potager, lâcha Adam avec un petit sourire aux lèvres alors qu'ils jouaient avec la boue.

Elle pouffa.

- J'y croyais vraiment... approuva-t-elle. Si ça se trouve, il a fini par pousser. Tu es déjà retourné voir ?

- Non... Je me demande si la cabane y est toujours... Ils ont dû la détruire.

- Je ne sais pas. C'est vrai qu'il y a peu de chances pour qu'il reste quoi que ce soit. On avait si bien travaillé !

Il secoua la tête.

- Heureusement que c'était l'été, si tu veux mon avis...

- Oui. Heureusement.

Elle rit en silence.

- C'était génial. J'ai adoré.

- Oui... c'est le genre de chose que je n'aurais jamais cru refaire un jour...

Il essuya la sueur sur son front en tentant de ne pas se mettre de la boue partout. Le vent soufflait toujours, l'horizon restait menaçant, mais pour l'heure, le soleil s'abattait sur eux sans pitié.

- Tu crois que ça vaudrait le coup de le retenter ? demanda-t-il. Le potager, je veux dire.

- Pas pour l'instant, nous n'avons pas de graines, mais si nous restons plus d'un mois, alors oui. Là... ce serait bien. Mais je n'espère pas !

- Un mois... soupira-t-il. Non. Ce n'est pas envisageable. Nous ne sommes pas si loin des côtes et on va vite organiser des recherches. Autant pour toi que pour moi. Surtout pour toi, en fait. À moins que ton père ne préfère taire notre mésaventure. C'est une possibilité.

- Non, mais il sera sans doute discret.

Une fois leur construction achevée, ils allèrent au bord de l'eau pour laver leurs mains pleines de boue. Amélie se mordit la lèvre, pensive.

- Et si on faisait comme si on restait pour toujours ? demanda-t-elle avec un sourire adorable.

- C'est à dire ? demanda-t-il sceptique.

Il ne pouvait pas résister à ce sourire. Il le faisait complètement fondre.

- Si on doit rester, il faut faire un jardin, pas le choix. Et... on ne parle plus de l'extérieur. Notre futur, c'est ici. Tu comprends ?

Il la dévisagea longuement. Ses yeux pétillants, ses lèvres roses tordues en une moue adorable... Il connaissait cette expression par coeur. Sa princesse avait envie de jouer. De s'évader, ne serait-ce que dans sa tête. Il lui sourit alors que son coeur battait fort sous les sentiments profonds qu'elle lui inspirait.

- Comme tu voudras, fit-il faussement blasé. Te voilà reine de l'île perdue. Fière ?

- Très, approuva-t-elle. Mais... il lui faut un nom. L'Ilotrésors, c'est parfait. Et si j'en suis la reine, qui es-tu ?

- Je ne peux pas être le roi ?

- Hors de question.

Elle lui fit son plus beau sourire.

- Tu ne peux pas avoir un grade plus haut que le mien. Si tu le veux... il faut le gagner !

- Il me reste quoi alors ? Jardinier, c'est ça ?

Elle se mordit la lèvre.

- D'accord, tu seras mon jardinier, puisque c'est ce que tu veux. Au boulot ! ajouta-t-elle en riant.

- Tu oses ! gronda-t-il. Viens là, Sa Majesté !

Il courut sur elle.

- La garde ! Arrêtez-le ! Ah ! Je n'ai pas de garde !

Elle s'enfuit sur la plage puis se retourna pour lui faire face.

- Sois mon garde et protège-moi du jardinier, alors !

- Oh... dit-il en s'arrêtant à un pas d'elle. On dirait que je viens de monter en grade...

Elle hocha la tête, sur la défensive, riant encore de leur petit jeu idiot.

- Bien, mais si je suis garde, je ne fais pas dans les travaux manuels. Je vais rester vers le feu monter la garde, dit-il en faisant demi-tour.

- Tu es dur en affaire, soupira-t-elle en le retenant. J'ai une idée ! Soit mon courtisan !

- Ca t'arrange bien, ça, ricana-t-il. Ca signifie que je dois simplement tout faire pour te plaire...

- Exactement, approuva-t-elle. Ça te plait ? Tu montes encore en grade !

- Bien, dit-il en croisant les bras. Dans ce cas, ordonne. Je t'écoute.

- je veux un abri pouvant supporter la tempête. Si ça me satisfait, tu deviendras mon favori et je te récompenserai.

- voilà qui est prometteur, ma reine, dit-il d'une voix suave en s'inclinant. Ce sera fait.

Il prit sa main et la baisa avant de lui proposer son bras pour la ramener à leur campement.

- Ah oui, là c'est bien, approuva-t-elle en prenant son bras. Mais... ça ne me change pas beaucoup de ma vraie vie, en fait... J'ai juste pris du galon, moi aussi. Je n'ai plus qu'à dire... ma vie est formidable, conclut-elle.

- Ca change tout, assura-t-il. Car te voilà reine sans partage. Tu vas devoir prendre sur toi toutes les décisions et responsabilités qui en découlent. Tu as ma vie, et celle de tous tes sujets de l'Ilotresor entre les mains.

- Oui... sourit-elle. Y comprit qui je vais épouser.

- Et tu as déjà un favori ? demanda-t-il. Le comte serpent, peut être, ou le marquis poisson ?

- Figure-toi que le marquis poisson à un regard affolant. Mais en réalité, celui qui est mon favori n'est autre que le prince crabe. Il est fort, et je crois que j'en pince pour lui.

Il rit.

- Je crois qu'on frôle l'absurde là...

- Et alors ? plaisanta-t-elle. C'est amusant.

Elle s'arrêta devant leur abri.

- Tu t'en occupes ? Je vais aller chercher notre repas du soir, il doit bien y avoir une pierre qui ait la forme d'un bol...

- Si tu trouves quelque chose d'approchant, je te la creuserai.

- D'accord.


NaufragésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant