Pour vous revoir un jour

Charlotte

(en multimédia : Mirko)

Ma singulière discussion d'hier avec mon inconnu serbe m'a laissée complètement agitée. En rentrant à la maison, je devais faire une tête bizarre pour que maman me demande, d'une voix inquiète :

- Tout va bien ma chérie ? Tu fais une drôle de tête.

J'avais souri, et l'avais rassurée en lui prétextant un mal de tête. J'étais montée dans ma chambre, pour m'enfermer jusqu'à l'heure du repas. Entre temps, j'avais reçu un sms d'Inès.

Mais qu'est-ce que t'as foutu ? Pourquoi t'es partie ? Tu sais même pas son nom, abrutie. Je suis en train d'exploser mon forfait pour toi, alors tu ramènes tes fesses au Starbucks dès que tu peux pour m'expliquer tout ça.

Effectivement, elle devait être vachement intriguée et énervée pour qu'elle dépense 1 euros pour moi. Sa mère va hurler... Mais bon, je n'ai aucun compte à lui rendre. Quand je me suis levée ce matin, je pensais que mon agitation serait redescendue. Eh bien non, pas du tout. Mais qu'est-ce qu'il m'a fait, ce serbe ?

- Bonjour ma chérie, bien dormie ? me demande maman en train de faire cuire des tartines.

- Oui, merci. Encore un peu de mal avec le décalage horaire, mais ça va...

Effectivement, je me suis réveillée à 4h00 du matin, pensant qu'il était 15h00 dans mon lit. Mais non. Il était 15h00 en France métropolitaine. Pas en Nouvelle-Calédonie.

- Ne t'inquiète pas. Laisse toi encore quelques jours pour te ré habituer.

Je m'installe sur un des grands tabourets du bar.

- Dis-moi, tu comptes travailler un peu avant la rentrée ? me demande maman, innocemment.

Aïe. Sujet qui fâche.

- Heu... Oui, mais pas tout de suite. Il nous reste trois semaines avant la rentrée. J'ai le temps.

- Le temps, le temps, il passe vite le temps. Et tu vas voir, tu vas arriver fin août, tu n'auras rien fait. Mais tu auras eu le temps, ça, c'est clair.

Pfff. Ma mère a le don de me mettre le moral à zéro. Je touille mon lait, agacée.

- Très bien, je bosserai la semaine prochaine. Laisse-moi juste la fin de celle-là.

- Ca marche. Tu vois, quand tu veux ! me répond ma mère, triomphante. Allez, ma biche, nous sommes mercredi, ça va non ? ajoute-t-elle en me tirant la joue.

- Arrête maman, je n'ai plus 6 ans, j'en ai 10 de plus.

- Mais tu resteras mon bébé, mais à 45 ans !

Je lève les yeux au ciel, mais n'arrive pas à garder ma crédibilité. Je lui souris, amusée.

- Bien sûr moun. Par contre, est-ce que je pourrai continuer d'aller au Starbucks ?

- Oui, mais pas tout le temps hein. De toute façon, je crois qu'on nous remet le Wifi la semaine prochaine justement.

- Ah bah c'est cool !

Enfin une bonne nouvelle depuis que je suis arrivée.

- Dès que tu as fini de déjeuner, tu voudras bien aller réveiller les petits s'il te plaît ?

- Oui, bien sûr !

Une fois les deux tartines englouties et mon bol de lait vidé, je monte réveiller les petits. J'entre dans la chambre de ma sœur. Il a beau être 10h00 passées, tout est dans le noir complet. Sans scrupules, j'allume de plein pot la lumière.