Chapitre 11

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Le sol se déroba sous ses pieds. Elle s'effondra sur le sol, en larmes. Elle était incapable de comprendre ce qui c'était passé. Elle n'écoutait absolument rien. Elle sentit des bras l'entourer pour la réconforter. Aucune pensée rationnelle n'arrivait à traverser son esprit. Elle ne quittait pas l'écran des yeux, convaincu que ce n'était qu'un mauvais rêve.

Lorsque le présentateur passa à un autre sujet, la jeune fille s'effondra totalement. Il y avait deux corps. Un recouvert d'un drap et l'autre dans l'ambulance... Ça ne veut pas dire que Samuel est mort. Et ça ne voulait certainement pas dire que Samuel était au volant. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de paniquer. Elle sentit que quelqu'un la prenait dans ses bras et la soulevait. Son père la déposa sur son lit. Sa mère accourut avec un cachet. Joëlle s'empressa de l'avaler.

Sachant très bien que sa réaction était exagérée, elle ferma les yeux et espérait que les effets du médicament agissent vite. Elle ne voulait plus y penser. Elle voulait se convaincre que ce qu'elle avait vu ne voulait rien dire. Quelqu'un d'autre aurait très bien pu se trouver derrière le volant. Peut-être avait-elle rompu avec Samuel, mais ça ne voulait pas dire qu'elle le détestait. Elle était toujours amoureuse de lui. Un petit égarement avec son cousin. Tranquillement, elle se sentit envahie par une vague de calme bienveillant. Les bruits et les voix autour d'elle commençaient à se perdre dans un brouillard causé par le cachet. Elle-même s'enfonçait dans ce brouillard. Elle y demeura jusqu'au milieu de la nuit. Alors qu'elle ouvrit les yeux en prenant de profondes inspirations, elle se redressa lentement. Elle se sentait très calme. Elle n'aurait pas dû dramatiser comme elle l'avait fait. Elle se leva et se rendit à la fenêtre.

Elle croisa les bras sur la poitrine en soupirant. Joëlle désirait connaître les détails qu'elle avait été incapable d'écouter. Qui se trouvait au volant lors de l'accident. Qui étaient les victimes et que leur était-il réellement arrivé. Elle désirait tout savoir. Elle se tourna vers son ordinateur. Elle redoutait ce qu'elle pouvait découvrir, mais elle devait le savoir. Il faut que je sache la vérité... Elle ouvrit son ordinateur et lança la recherche. Elle trouva rapidement un article. Sauf qu'il n'y avait pas le nom des victimes. Tout ce qu'elle apprit, le conducteur avait perdu la vie, tué sur le coup. Le passager se trouvait dans un état critique, mais stable.

Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle ferma son ordinateur en poussant un profond soupir. Elle n'avait pas obtenu toutes les réponses qu'elle recherchait. Le mystère persistait, la rendant encore plus nerveuse. Elle se mit au lit pour ruminer toutes ses pensées. Elle glissa lentement vers un sommeil agité. Elle ne dormit pas vraiment, se réveillant à intervalle irrégulier. Elle avait les joues trempées de larmes lorsqu'elle se força à ouvrir les yeux. Il pleuvait dehors. Une autre journée grise s'agençant très bien avec mon humeur. Elle ne se sentait pas très bien. Sauf qu'elle ne supportait plus de rester enfermée dans la maison. Ou même sa propre chambre. Dès que la porte de la salle de bain s'ouvrit, elle sortit du lit. Elle s'empressa d'entrer dans la douche. Elle retourna ensuite dans sa chambre pour s'habiller.

Elle descendit à la cuisine pour se servir un grand verre de jus d'orange. Joëlle prit son verre et marcha lentement vers le salon. Elle hésitait un instant devant la télévision.

- Comment te sens-tu ? lui demanda son frère.

La jeune fille se tourna lentement vers lui.

- Pas très bien.

- Ils n'ont pas nommé de nom, répliqua-t-il, sachant très bien ce qu'elle pensait.

- Et est-ce que la police sait ce qui s'est passé ?

- Une simple perte de contrôle, je crois.

- C'est aussi simple que ça, soupira-t-elle avant de finir son jus, une perte de contrôle causant un accident...

- Ce sont des choses qui arrivent.

Nous en sommes la preuve, grand frère. Joëlle se mordit la langue afin de ne rien répondre. Guilbert avait assez souffert. Il était temps pour elle de passer à autre chose et de le laisser tranquille. S'acharner sur lui ne lui apportait absolument rien. Elle retourna à la cuisine pour rincer son verre. Son frère garda le silence. Il ne savait pas quoi dire pour la réconforter.

- Il ne laisse personne conduire sa voiture, dit-elle.

- Tu sais très bien que ça ne veut rien dire. Il aurait pu faire une simple exception.

Elle secoua la tête, ne partageant pas son avis. Elle-même n'avait jamais pu se mettre derrière le volant. Elle craignait vraiment le pire. Et son frère le savait. Gilbert hocha la tête avant de gravir l'escalier. Elle se retrouva seule avec ses nombreuses pensées. Elle commençait à regretter la pluie et le départ de son frère. Elle détestait vraiment ses pensées maintenant. Elles étaient noires et effrayantes. Au moins, ses rêves s'étaient calmés. Il y avait un moment qu'elle n'en avait pas eu. La jeune fille leva les yeux vers la fenêtre. Une promenade sous la pluie... Elle revêtit une veste à capuchon avant de sortir de la maison. Elle avait besoin de ne plus penser durant un bon moment. Son cerveau travaillait beaucoup trop.

Ses souvenirs se bousculaient dans sa tête alors qu'elle marchait. Elle revoyait toutes les fêtes auxquelles ses amis s'étaient tant amuser. Boire et chanter jusqu'aux petites heures du matin. Les mauvais coups faits durant les cours. Joëlle se mit à courir, comme si le fait d'avancer plus vite lui permettait de fuir ses souvenirs. La fête surprise qu'ils avaient organisée pour l'anniversaire de Marco en début d'année scolaire. La jeune fille se mit à rire. Ils avaient tellement bu et dansé ce soir-là ! Marco ne se doutait de rien. Une très belle soirée ! Elle continuait à courir sauf que sa vitesse avait diminué.

Elle avait recommencé à pleurer malgré son sourire. Elle gardait de très bons souvenirs de tous ses amis. Pourquoi est-ce que tout était chamboulé ? Joëlle poursuivit sa course jusqu'à ce qu'elle soit totalement à bout de souffle. Elle trébucha sur une branche et tomba dans une flaque boueuse.

Elle se mit à frapper le sol tout en pleurant. Elle finit par se calmer, à bout de force. Elle se remit sur pieds, mais elle ne bougea pas. La pluie nettoya la boue qu'elle avait toujours sur ses genoux et ses mains. Elle ferma les yeux et prit de profondes inspirations. Chris a peut-être raison : je suis un peu Drama Queen ! Elle eut un petit rire en secouant la tête. Pourquoi réagissait-elle de cette façon ? Comme la pluie ne semblait pas diminuer, elle se résigna à retourner chez elle. Elle enfonça les mains dans ses poches et reprit la route en sens inverse. Elle avançait d'un pas lent.

Elle entra dans la maison et s'enferma dans la salle de bain pour se nettoyer un peu. Au moins, elle se sentait beaucoup mieux. Marcher et courir lui avaient permis d'exprimer un peu la rage qu'elle ressentait. Elle reprit une douche rapide pour améliorer un peu l'image que lui rendait le miroir. Elle épongea ses cheveux en retournant dans sa chambre. Elle jeta un rapide coup d'œil à son ordinateur et se résigna à l'ouvrir. Elle trouva rapidement ce qu'elle recherchait : le conducteur avait perdu la maitrise de son véhicule dans un virage serré. Le passager fut éjecté de la voiture, mais son état s'améliorait.

Samuel était au volant.



Un été meurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant