Chapitre 2

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L'infirmière lui cacha un œil et utilisa une petite lampe afin de noter la réaction de sa pupille. La jeune fille se prêta à l'exercice sans sourciller. Ce n'était pas la première fois qu'elle subissait ce test. Sauf qu'elle se sentait très bien. Elle avait l'impression que sa tête se trouvait dans un nuage et que ses oreilles sillaient, mais elle désirait rentrer chez elle. Ses amis avaient tenu à la conduire à l'hôpital pour prévenir une blessure à la tête beaucoup plus grave. Et l'infirmière de garde passa un coup de fil à ses parents. Elle refusait de lui donner son congé avant leur arrivée. Joëlle poussa un profond soupir.

- Tout semble normal, dit l'infirmière en retirant ses gants. Comment te sens-tu ?

- Bien. Je peux rentrer maintenant ?

- Pas avant l'arrivée de tes parents et tu le sais très bien. Tu as de très bons amis, tu sais. Ce petit incident aurait pu avoir des conséquences plus graves.

La jeune fille détourna les yeux sans lui répondre. Elle avait perdu conscience quelques secondes à peine. Elle aurait préféré se trouver dans son lit, mais ses amis ne lui avaient pas vraiment laissé le choix. Ils se trouvaient toujours dans la salle d'attente. Joëlle eut une idée. Elle demanda à l'infirmière s'il lui était possible de faire partir ses amis. Mais elle n'eut pas la chance de le faire. Joëlle entendit des éclats de voix en provenance de la salle d'attente. Elle se mit rapidement sur pieds avant de suivre les cris. Son père s'en prenait à Samuel alors que sa mère et Simon tentaient de les séparer. Les tensions ressenties s'estompèrent lorsque Joëlle fit son apparition.

- Est-ce que tu vas bien ? lui demanda sa mère en s'approchant d'elle. Qu'est-ce qui s'est passé ?

La jeune fille secoua la tête, restant vague sur les explications. Elle ne voulait pas en parler. Pas maintenant. Elle insista pour quitter l'hôpital le plus rapidement possible. Sa mère hésita un instant, regardant derrière sa fille. Joëlle supposait que l'infirmière de garde se trouvait derrière elle. Et elle va devoir respecter sa parole. Elle avait enfin réussi à obtenir ce qu'elle désirait : son congé pour retourner chez elle.

- Et la police ? lança son père. Est-ce que vous avez fait venir la police ici ?

Joëlle fronça les sourcils en regardant ses amis.

- Nous... commença Christine. Personne n'a appelé la police.

- Pourquoi ? rétorqua-t-il en observant les jeunes un par un. Il a agressé ma fille ! Je veux porter plainte !

Il pointait Samuel d'un doigt accusateur. Le garçon insista que ce n'était pas sa faute. Il désirait simplement lui parler. Les autres corroborèrent sa version, mais M. Mathieu - le père de Joëlle - refusait de l'écouter. La jeune fille tira son père par le bras en lui disant qu'elle voulait seulement rentrer à la maison. Il s'apprêtait à protester lorsque son épouse intervint en faveur de sa fille. Les amis de Joëlle s'éloignèrent rapidement, préférant éviter une scène. Joëlle fit un signe à Christine qu'elle la contacterait plus tard. Christine hocha la tête en rejoignant son petit ami qui trainait Samuel par le bras, lui marmonnant quelque chose.

Toujours furieux, M. Mathieu contenait à peine sa colère alors qu'ils montaient dans la voiture. Il serrait les mains autour du volant.

- Arrête s'il te plaît, soupira la jeune fille. C'était un accident. J'ai perdu pied.

- Et elle va bien, ajouta sa mère. Sam a toujours été un gentil garçon. Ne l'accuse pas, s'il te plaît.

Un lourd silence s'installa dans le véhicule. La jeune fille poussa un profond soupir en se tournant vers la fenêtre. Elle encaissait toujours le choc de retrouver son amie dans les bras de son ex. C'était très dur. Encore plus de croire l'explication qu'il lui avait donnée : pour la rendre jalouse. Il aurait pu choisir n'importe quelle autre fille. Il y en avait tellement à la fête ! Il avait choisi Laurie. Elle ne comprenait pas pourquoi. Joëlle refusait de parler avec Laurie pour le moment. C'était beaucoup trop tôt.

Un été meurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant