Exist or Die

1. Lucy

Point de vue de Lucy ~ jeudi 26 avril 2003
18 : 03
Deux coups furent frappés à la porte.
- Lucy, s'exclama ma mère du salon. Va donc ouvrir !
En levant les yeux au ciel, je me levai doucement du canapé de notre nouvelle maison où je m'étais étalée pour me manucurer les orteils avec un nouveau vernis à ongles rose flashy. C'était ma période de coquetterie, mes années collège, qu'est-ce que je pouvais être superficielle à ce moment là. Les cheveux longs et toujours bien lissés, du mascara et des lèvres colorées de rose. Nonchalamment je me dirigeai vers la porte d'entrée, d'où la personne s'impatientait, appuyant férocement sur le bouton de la sonnette qui nous chantait sa mélodie stridente.
- Oui, j'arrive ça va, râlai-je en déverrouillant le loquet.
Une fois les six verrous ouverts, j'ouvris la porte pour faire face à deux policiers inconnus.
- Bonjour mademoiselle, commença le premier avec un accent assez prononcé du Canada. Nous sommes bien chez Mr. et Mrs. Marshall ?
J'hochai la tête un peu perdue mais les laissai tout de même entrer.
- Maman ! Viens ! criai-je la tête tournée vers le salon.
Le visage affolée de ma mère apparu dans l'entrée et ses yeux s'écarquillèrent encore plus à la vue des deux policiers.
- Bonjour messieurs, que puis-je pour vous ? demanda-t-elle en se positionnant devant eux.
- Madame Marshall c'est ça ? Nous voulions savoir si vous étiez bien la mère de mademoiselle Lianna Marshall ?
- Oh seigneur. Oui. Qu'a-t-elle fait comme bêtise ? Elle se drogue c'est ça ? Elle a cambriolé un magasin ? Elle traine avec des petits voyous ?
Le policier calma ma mère en posant une main sur son épaule tandis que l'autre baissa les yeux.
- Mesdames, nous sommes là pour vous apprendre une terrible nouvelle. Lianna Marshall a péri cet après-midi dans un terrible incendie. Nous avons réussi à déterminer toutes les personnes qui se trouvaient dans le hangar, votre fille en faisait parti.
Ma mère ouvrit la bouche, stupéfaite, en un petit o qui se transforma rapidement en un cri rauque et désespéré.
- C'est une blague ? demandai-je en riant nerveusement.
Mon ventre se contracta quand l'homme secoua la tête négativement. Ma sœur dans un incendie ? N'importe quoi. J'éclatai de rire malgré le noeud qui se formait dans ma gorge, sous les yeux sidérés des deux hommes. Ma mère glissait lentement contre le mur de l'entrée, de gros spasmes secouaient son corps frêle, ma mère qui d'habitude tenait tête à tout le monde. Les larmes me vinrent aux yeux, je ne savais que penser, mon rire se transformait rapidement en de longs sanglots bruyants. Le premier policier prit ma mère dans ses bras, il semblait mal-à-l'aise, cela ne devait pourtant pas être la première fois qu'il annonçait ce genre de nouvelles, peut-être même que c'était la tâche que lui avait confié ses collègues. On lui avait assigné le rôle de celui qui allait de maison en maison apprendre la mauvaise nouvelle. Le deuxième nous fixait, interdit. Je pinçais les lèvres, tentant avec peine de retenir le plus de larmes possibles. Je ne savais pas si je pleurais sa mort vraiment. Mais de lourds gémissements tordait mon visage en une grimace ignoble.
- MA FILLE ! hurla ma mère en se tenant au policier pour ne pas tomber, des rivières d'eau salée traversaient ses joues rosies.
Je n'avais jamais vu ma mère comme cela mais c'était la plus horrible des visions que j'avais eu jusqu'à maintenant. Ma famille venait d'être brisée à tout jamais. Je ne sais pas à cause de qui, mais j'ai promis devant Dieu ce jour là que le coupable serait puni pour ses crimes, je vengerai ma sœur.
Et je ne serai d'aucune pitié.

« J'avais ma famille mais elle fut brisée. Je devais bien m'en trouver une autre non ? »