Exist or Die

8. Amelia

Les deux garçons montent les escaliers à la suite de Lucy en faisant craquer le bois de chaque marche. Je me colle un peu plus contre Troy, sa main enserre la mienne. Je ne veux pas mourir tout de suite, je ne veux pas mourir ici.
Pourtant malgré la terreur qui m'habite, je suis notre petit groupe au milieu des décombres noircis par le le feu qui brûla dans cette grande demeure il y a de ça quelques années. Les cendres collent sous la semelle de mes baskets, j'ai l'impression que chacun de mes pas provoque un choc sourd, que mon cœur s'entend à des kilomètres. Je tente de respirer doucement, j'ai peur qu'on nous retrouve, j'ai peur de souffrir et qu'il m'arrive le même sort que Brianna.

- Ça va aller Am', souffle mon copain en pressant légèrement la paume de ma main. On va s'en sortir.

À peine a-t-il fini sa phrase, qu'un craquement sonore raisonne dans la grande pièce effondrée.

- C'était quoi ça ? chuchote Erwan en sursautant.

Les sens en alerte, Troy observe la pièce. Mes jambes se remettent à trembler, mon coeur bat la chamade, j'ai peur. Ma peur est telle qu'un éclair foudroyant. L'effroi s'empare de moi et m'empêche de bouger. Je reste stoïque, heurtée par la panique.
Loane scrute chaque coin de la grande salle plongée dans l'obscurité, Erwan nous lance des regards paniqués et mon copain resserre un peu plus la poigne de ma main.

- On continue d'avancer, murmure Loane la voix frémissante.

J'avance tout doucement, marchant dans les pas d'Erwan qui tient fermement son mp3 comme arme de défense, mon coeur bat à cent à l'heure, des sueurs froides dégoulinent le long de mon dos et je sens mon estomac se contracter.
Un deuxième craquement nous fait sursauter, ça y est je panique complètement. Incontrôlable, je pousse un cri d'effroi. Mon cri semble durer des secondes entières.
Loane hurle de me taire mais rien à faire, je continue de d'hurler. Je ne sais plus ce que je fais. Je sais juste que je ne veux plus entendre ces pas, je ne veux plus entendre le silence. Je veux juste que tout s'arrête, alors je crie. Je crie pour ne plus entendre ni le silence, ni les craquements qui se font entendre de plus en plus.
C'est seulement quand Troy pose ses lèvres sur les miennes que je me tais.

- Ferme ta gueule maintenant, soupire Erwan.

Un cri strident et déchirant retentit à nouveau, pourtant ce n'est pas moi cette fois.

- C'était quoi ? s'exclame Troy.

- C'était Nathan ! crie Loane en se précipitant dans l'autre sens. Il a besoin d'aide !

- Tu restes là ! s'énerve Erwan. On ne se sépare pas on a dit !

Mais c'est trop tard, Loane est déjà partie de la grande pièce délabrée. Mon coeur bat à cent à l'heure par la précipitation des faits, par mon cri qui m'a essoufflé.

- On va la rejoindre, je murmure en suivant ses pas.

- Hein ?!? Mais t'es folle ?!?

- Non, on doit sauver Nathan s'il lui arrive quelque chose. Et je ne veux pas perdre Loane alors on va la rejoindre.

Les deux garçons poussent un soupir à l'unisson mais me suive. Je ne sais plus ce que je fais. Je sais juste que je ne veux pas mourir en ayant peur.