4. Travis

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Je pousse un soupire en descendant les escaliers branlants, les cendres noires jonchent le parquet, l'air sent encore la fumée. Je passe un doigt sur la rambarde, mon index trace des traits dans la suie, des zigzag, des cercles. Je ferme les yeux pour faire partir les larmes qui menacent de couler, on avait pourtant le choix, on était tellement naïfs...
Je les rouvre pour ne pas tomber et pose mon pieds sur le sol du rez-de-chaussée,
- Leopold ? je m'exclame dans l'espoir qu'il me réponde.
Je n'ai pas réellement l'envie de m'aventurer seul dans cette maison, c'est peut-être très peu viril d'avoir peur mais je ne souhaite pas me rappeler ce qu'ont pu subir les personnes qui ont laissé leurs peaux dans cette baraque.
Aucune réponse de la part de mon ami Leo', je décide de retourner à la porte d'entrée, peut-être est-il resté dehors.
Je m'approche de la porte, tente de tourner la poignée mais impossible, celle-ci reste fermée. Je force un peu, secoue le pommeau autrefois doré. Ma respiration s'accélère, pourquoi ne veut-elle pas s'ouvrir. Je grogne et donne un coup de pieds rageur dans la lourde porte en bois. Qui est l'abruti qui nous a enfermé dans cette horrible maison ?
- Leopold ?!? je crie à nouveau la voix légèrement paniquée.
Rien, juste le silence. Avec tout le courage dont je puisse faire preuve, je m'aventure dans la pièce adjacente, le feu a créé d'énormes trous, larges comme une porte dans la façade à ma gauche, je pose mon poignet en dessous de mes narines, malgré les deux années qui se sont écoulées, l'odeur irrespirable du gaz est toujours présente.
Il fait assez sombre dans cette salle, je plisse les yeux pour mieux voir ce qui m'entoure, gravis avec difficultés les lattes cassées qui couvrent le plancher.
- Oh dieu, je lâche en discernant un corps non loin de moi.
Je me précipite jusqu'au corps inerte et pousse un cri horrifié en découvrant le cadavre de Leopold ensanglanté. Je pose ma main sur son ventre lacéré, le fluide rouge goutte le long de son bras, je ferme les yeux encore une fois pour retenir mes larmes.
- Tu nous fais une blague hein Leopold, je souffle tout doucement.
Sa main est glacée, une expression terrifiée est peinte sur son visage.
- Mon dieu, qu'est-ce que l'on t'a fait ? je chuchote en détaillant ses yeux horrifiés à tout jamais.
J'aimerais qu'ils viennent m'aider, prendre son corps. J'ouvre la bouche pour hurler à l'aide mais aucun son n'en sort. La panique prend possession de moi, sans m'en rendre compte je me retrouve debout sur mes deux pieds et m'enfuis au deuxième étage, la respiration sifflante. On est coincé ici et je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe. Terrorisé je m'arrête dans la pièce où sont assis le reste de la bande. Ils me fixent, sourcils levés.
- Je- Je... Leopold est mort, je m'écrie pantelant, en sentant ma voix partir en flèche dans les aigus.

Exist or DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant