7. Troy

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J'enveloppe de mes deux bras tremblants Amelia qui pleure à chaudes larmes. Je ne sais pas ce que l'on fout ici mais je me doute bien que l'on ne devrait pas perdre de temps à pleurer pour le moment.
- J'arrive pas à ouvrir la porte, s'exclame Erwan en s'énervant sur la poignée de la grande porte en bois.
- Tu veux dire qu'elle est fermée à clé ? On est coincé ???
Les yeux de Nathan s'agrandissent d'horreur. Nous nous sommes rassemblés autour du cadavre de la pauvre Brianna, notre groupe a diminué de nombre. Je dévisage un à un mes amis tous terrifiés à leurs manières, je sais bien que Loane est morte de peur même si elle n'ose pas le montrer. La seule qui bizarrement ne semble pas tant touchée que cela c'est Lucy, elle fait semblant de pleurer mais j'ai bien compris qu'elle aussi trouve cela futile à côté du destin qui nous attend si nous restons plantés là. Enfin je crois sinon c'est que la mort de Brianna ne lui fait ni chaud ni froid, à mon avis, elle joue assez mal la comédie. Elle relève les yeux vers moi et me fixe sans ciller.
- Il faut qu'on sorte, dit Loane en inspirant fortement.
- Et... Et Brianna ? couine Amelia les yeux rivés sur le corps ensanglanté de son amie.
La blondinette a les yeux fermés, ses cheveux baignent dans une marre d'hémoglobine qui provient de la profonde et sûrement douloureuse entaille qui déchire le long de son cou. Sa nuque semble réduit à de la bouillie, en fait, entre sa tête et son torse il n'y a plus qu'un gros paquet de peau déchiquetée et de sang laissant flotter autour d'elle l'odeur nauséabonde de la mort. Mélangée à celle de la cendre, je n'ai qu'une envie dégobiller dans un coin de la pièce tout mon déjeuner.
- Je propose qu'on trouve une autre sortie, propose Nathan. Toutes les fenêtres ont été condamnées et bouchées au ciment mais il doit bien y en avoir un qui a échappée à son sort non ?
Loane hausse les épaules et nous fait signe de la suivre, nous progressons doucement dans les débris passant près du corps de Brianna. Amelia est collée à moi et je sens son cœur battre contre mon avant-bras. J'ai peur moi aussi. J'ai peur de mourir.
- On ne se sépare pas d'accord, souffle Erwan.
- Il faut qu'on appelle les flics, dit Amelia en s'arrêtant soudainement.
- Non, la coupe Loane. Je ne veux pas que l'on appelle la police, on peut très bien sortir seuls.
- Perso, je préfère finir en prison plutôt que mourir dans cette baraque, raille Erwan.
- Il y a déjà eu trois morts, soupire Nathan. On ne peut pas rester ici plus longtemps avec ces malades mentaux. Je ne veux pas mourir. On appelle les flics.
Amelia sort son téléphone de son sac à main et me regarde les yeux ronds.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?!?
- Je n'ai plus de batterie, glapit-elle les lèvres pincées.
Loane soupire et passe une main dans sa poche.
- Je n'ai plus mon téléphone, il a dû tombé quand nous descendions les escaliers. Il faut qu'on y retourne.
- Hors de question que j'y retourne ! s'exclame Amelia.
- On ne peut pas se séparer, la coupe Loane.
- J'irai, propose Lucy en sortant de son mutisme.
- T'es malade ! crie Greg les yeux écarquillés.
- Nathan et Greg vous l'accompagnerez. Je reste avec Erwan, Troy et Amelia. Vous appelez la police pendant que nous, on essaie de trouver une sortie.
Lucy hausse les épaules, tire de ses deux mains les bretelles de son sac à dos et part dans l'autre sens, suivie de près par les deux garçons un peu plus réticents.
Je garde un bras autour des épaules brunes d'Amelia et nous nous enfonçons dans les décombres de la maison abandonnée, à la recherche d'une sortie de secours. Je ne sais pas si c'est l'adrénaline qui m'empêche d'être triste, mais j'ai presque l'impression de ne rien ressentir devant la mort de trois de nos comparses. Je ne pense qu'à sauver ma peau pour le moment, à sortir de cet enfer en un seul morceau.

Exist or DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant