~ Double update ~
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Cette photo. La septième que je sortit de la boîte. La première à laquelle je prêtais attention, deux semaines après les avoir developpées.
Un des rares souvenirs que j'ai de ma mère, malgré qu'elle n'apparaisse pas sur le cliché.Automne 1999.
J'avais 6 ans. Ma mère allait encore bien.
Ce parc, je le reconnais. Il s'agit de celui de Yarrow. Lorsque nous vivions dans le Sussex, maman m'y emmenait fréquement. Je courais après les papillons et les corbeaux ainsi qu'après le nouvel hélicoptère qu'oncle Dwight m'avait offert.
Mais un fameux jour, on m'eut dit que je ne verrais plus jamais ma mère sauf en présence d'un adulte agréé.
La raison, je la connaissait. Elle me battait, et me répetait sans cesse que j'empoisonnait sa vie. Ce après quoi, elle tirait sur un joint et m'envoyait au lit.
J'ai plus tard appris qu'elle souffrait de troubles borderline. Néanmoins, cette femme était tout pour moi à cette période de ma vie et je ne voulais pas la laisser.
J'étais persuadé d'être la cause de tous ces problèmes et j'avais tort de le penser.
Mon géniteur avait alors accouru me récupérer, me prendre sous son aile. Il avait une jeune femme et une fille du même âge que moi.
Dès lors, je n'ai pas cessé un jour de me considérer comme une pièce rapportée, venue troubler le bonheur de cette famille parfaite.Détacher le regard de ce cliché m'était impossible. Beaucoup trop de sentiments différents me montaient à la tête. Des larmes aussi. Et de la colère. Enormément.
D'ordinaire, lorsque je repense à ma mère, Zain est toujours présent ou joigniable. De ce fait, il peut m'aider à me changer les idées. Ce soir, pour ne pas changer depuis qu'il sort avec Lily, ce n'est pas le cas.
Il me fallait voir du monde, changer totalement d'univers, un endroit atypique.
Donc pas de fête. Pas de Véronica. Pas de Jenna. Pas de Trish. Pas d'Harriet.
À quoi bon? Prendre l'air dans les rues de la ville me suffira amplement.Une veste Max Mara sur le dos, je m'aventure dans les rues de Manchester. Une brise légere et fraîche rafraîchit la peau de mon visage que la crainte avait rendu plus brulant qu'à la normale.
Je me sens déjà un peu mieux.
Je suis même d'humeur à faire un footing. Ça aurait été une bonne idée. Mais je suis déjà dehors, pas question de rebrousser chemin me changer.
Je ne sais pas où aller. J'opte pour emprunter une rue plus animée. Des tas de gens sont installés aux terrasses des différents pubs que comprend l'avenue.
Je continue mon chemin. Un peu plus bas, un couple s'embrasse. La faible lueur des réverbères ne me permet pas de distinguer leurs visages clairement, ce qui rend la scène encore plus fascinante.
Depuis Judie , jamais une fille n'était entrée dans ma vie. Notre histoire n'était pas réellement serieuse. Parfois, elle était d'un ennui tel mais pourtant, elle me manque toujours un peu. J'aimerais avoir quelqu'un à aimer, autre que Zain et Eleanor. Quelque chose de concret. Du vrai amour. Ce que je n'ai jamais vraiment éprouvé ou voulu. Tout le monde me connait l'image du séducteur inveteré qui se débarrasse de la fille de qui il a profité lorsqu'il est rassasié, sans vergogne apparente. Ils n'ont pas tort. Mais je commence à être las de cette réputation. J'aimerais changer. J'aimerais. Je ne promet pas de le faire, en revanche.Mes pas, guidés par mon subconscient, me mènent au bout de l'avenue. J'ai envie de m'arrêter quelque part, histoire de réflechir posément. Un club nommé 17BLACK me fait face.
« Pourquoi pas! » me fis-je à moi-même.
Deux types en costume encadrent la grande porte d'entrée. Lorsque je m'approche d'eux, celui de gauche me fait signe de la main de m'arrêter puis m'examine avant de m'indiquer la porte dans un mouvement de tête.L'immense salle est presque plongée dans le noir. Seuls quelques barres néon accrochées çà et là effacent l'image grunge que le club pourrait renvoyer sans elles.
Des tas de gens dansent. D'autres discutent en sirotant le contenu de leur verre ballon. Tous des gars.
Un bar gay?
Je ne l'avait pas pas envisagé une seconde. La gent masculine ne m'a jamais interessée mais cela ne m'empêche pas de me joindre à elle, l'espace d'une soirée, non?
Des escaliers en colimaçon mènent au bar quasi-aérien du club. N'ayant pas l'esprit à danser, je les emprunte. En haut, pas grand monde. Je m'installe à un tabouret, au centre du comptoir. Le barmaid me pose cette éternelle question, à laquelle "un Bailey's" est ma réponse.
- Et voilà.
- Merci bien.Première gorgée. Le liquide doré roule le long de ma gorge. J'apprecie particulièrement cette sensation. Tellement longtemps que je n'en avait pas bu.
« Bonsoir, beau-gosse. Comment tu vas? »
Le type est châtain. La couleur de ses yeux? La lueur des néons s'y refletant, je ne parviens pas à la determiner. Sa question est un cliché à elle seule. Il ferait presque caricature avec son tee-shirt moulant beaucoup trop son physique d'athlète, mais il n'en reste pas moins beau.
"Salut."
Je suis de bonne humeur. Lui aussi. Mieux vaut ne pas l'envoyer paître, j'ai besoin de quelqu'un à qui me confier.
« Ça va super! » répond-t'il en prenant place sur le tabouret à droite du mien. Il me sourit de toutes ses dents.- C'est quoi ton nom?
- Josh et toi?
- Louis.
- C'est drôle, tous les Louis auxquels j'ai eu à faire avaient tous un beau cul mais toi tu les bats en retraite.Mécheux-au-sourire-ultrabright n'y va pas avec le dos de la cuillère! J'aurais été prévenu au moins.
Je ne sais pas quoi répondre. Sa remarque me gêne.- À quel moment as-tu eu l'occasion de le constater?
- Lorsque t'es venu t'asseoir.
- Je vois...
- C'est à dire qu'on ne peut pas le louper...
- Ça ira comme ça...De fil en aiguille, la conversation prend un cours normal. Il me parle de lui. J'apprend qu'il a une fille, Amber, âgée de trois ans, qu'il la voit rarement, qu'il sort d'une relation difficile avec un gars âgé de 9 ans de plus que lui, que ça l'a rendu plus fort, que lui, non la drogue, il ne touche pas à ces conneries, qu'il est bisexuel, que pour le moment il veut juste sympathiser, histoire de s'assurer de ne pas avoir le coeur brisé une seconde fois et qu'il est batteur dans un groupe de rock indépendant, minable selon ses dires.
Je lui raconte ma vie en bref, à mon tour.
Il semble admiratif. Je lui fait part d'absolument tous mes états d'âme. Josh est quelqu'un de très compréhensif, quoique perturbant par moments.
Nous nous échangeons numéros de téléphone et facebook. Depuis quelques dizaines de minutes, notre conversation a prit de l'ampleur niveau sonore car le bar se fait de plus en plus vide. Je me sens davantage libre.Vers deux heures du matin, Josh propose de me conduire au Campus à bord de sa Fiat rouge. J'accepte volontiers. Nous nous sommes entendus sur un point. Notre relation ne depassera jamais le seuil de l'amitié.
- Merci du fond du coeur pour cette soirée, Josh, dis-je en descendant du véhicule.
-Pas de quoi! repond-t'il après avoir abaissé la vitre de la portière passager. Tiens au fait, la carte du club, pour quand tu reviendras. L'adresse, le numéro de téléphone, tout est là!
Tant ce que je vois est troublant, je n'ose même pas y rejetter un coup d'oeil.
- À bientôt.
- Bye, beau-gosse!
Sourire ultrabright et clin d'oeil pour conclure le tout.
Sa voiture redemarre de plus belle.
Sur la carte figurent les caractères suivants, me laissant sans voix :Club Gay 17BLACK
Londres / Manchester /Birmingham
926 Avenue Filkins
Manchester
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INTROSPECTION || H.S
Fanfiction«On m'a toujours dit de me méfier de l'eau qui dort, et jamais de ma vie je n'aurais pensé croire à cet adage que ce garçon a rendu définitivement véridique.»