Chapitre 1.4

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Arrivée dans l'aile qui lui était réservée, elle ouvrit en trombe la porte de sa salle d'eau, fit demander un bain par une esclave et se déshabilla prestement. Elle commença par tremper ses pieds dans un bain glacé, puis plongea toute entière dans un autre bain, fumant cette fois-ci. 

Une des servantes s'occupa de ses cheveux tandis que sa suivante et amie Neletis lui lavait tout le corps avec un savon au lait de chèvre et parfumé à la rose qu'elle n'utilisait presque jamais. Elle sentait crisser dans ses cheveux tout le sable et la terre du terrain d'entraînement et pria les Déesses pour que tout s'en aille avant de lui déchirer le crâne. 

Elle sorti ensuite de l'eau et s'étendit sur une table de marbre irisé tandis que Neletis usait de sa magie pour faire sécher au plus vite ses cheveux. Une autre femme enduit son corps d'une huile, à la rose elle aussi, massant délicatement son dos endolori par l'exercice. 

Lorsqu'enfin elle revint dans sa chambre, on lui avait préparé deux tenues, afin qu'elle puisse choisir celle qu'elle préférait : une robe rose poudré cintrée à traine assortie à un diadème et un pendentif de quartz rose ou une robe longue et moulante en soie noire mise avec un bijou de front d'onyx et d'argent. Après une courte hésitation, la future souveraine choisit la robe noire, plus représentative de son humeur. De plus, elle savait que son père n'approuverait pas cette tenue, plus typique des princesses du désert de Sanat que des forêts de Julem. Et ce que son père désapprouvait, Seren s'en enchantait.

Tandis que Neletis entreprenait de lui coiffer sa masse de cheveux sombres et bouclés, mettant au mieux en valeur son visage, Seren tentait tant bien que mal de se convaincre qu'elle ferait une future reine aussi talentueuse que feu sa mère. Elle avait hérité d'elle sa chevelure soyeuse, ses traits fins et ses oreilles pointues d'elfe, bien que le côté de son père l'ait le plus emporté, tant au niveau du goût pour le noir que pour les yeux en amande et d'un noir de jais et de la peau presque lunaire. 

Elle se regarda dans le miroir, la tête penchée sur le côté, une main sur la hanche, l'autre tombant le long de son corps. Elle avait de belles formes, elle le savait et s'en rendait compte jour après jour. De son anatomie au moins avait disparue toute trace d'enfance : elle était une femme, en âge d'avoir des enfants... en âge de régner, de faire ce que bon lui semblait. La robe épousait ses formes à la perfection, et les exquis reflets du tissu renvoyaient la lumière au moindre de ses mouvements. La future reine prit alors sur une table voisine une manchette en argent ciselé, aux motifs assortis à ses autres bijoux. Elle se savait belle, mais dans ce reflet, elle ne voyait que son père. 

Peu à peu, le visage de la défunte reine s'estompaient dans son esprit, et Seren s'apeurait secrètement qu'un jour, elle oubliât ses traits, le son de sa voix, la douceur de ses mains.

Seren soupira et se regarda une dernière fois sous toutes les coutures, s'assurant que cette tenue sensuelle ne fût pas trop dans l'excès.

Enfin prête, elle inspira longuement, déterminée à faire payer à cette « tutrice » la gêne occasionnée. A cause d'elle, elle allait se tourner en ridicule et avait dû accepter d'échanger les efforts physiques et la tenue de combat contre un rendez-vous inutile dans une tenue inconfortable. Elle décida ainsi que pour la peine, elle ne s'inclinerait pas et ne ferait pas non plus d'effort pour engager une conversation formelle ou paraître polie et agréable.

 Escortée par ses gardes, la jeune fille traversa de longs couloirs éclairés par des pierres de magie, diffusant une lueur blanche et éclatante et croisa de nombreux serviteurs, qui s'inclinèrent profondément ou se plaquèrent au mur pour ne pas la gêner. Elle avait longtemps considéré certains comme étant ses amis, quand sa mère était encore en vie. Désormais, ils la regardaient avec un respect mêlé de crainte qui la blessait. Elle aussi était humaine. Et, après tout, qu'aurait-elle bien pu leur faire ? Elle ne possédait pas de pouvoirs, et on ne parlait d'elle que par son titre ou à travers ses parents. Dans son dos, elle entendit les murmures et releva la tête pour ne pas s'affaisser.

Elle profita du trajet long de plusieurs minutes entre sa chambre et le jardin des Orchidées, son lieu de rendez-vous, pour renforcer sa détermination grandissante. Elle était la reine et, bien qu'elle ne gouvernât pas encore, cela ne saurait tarder. Ce ne serait certainement pas une esclave tutrice qui lui dirait quoi faire.


(nouvelle partie du chapitre 1, dites-moi ce que vous en pensez ! Pour l'instant, l'histoire n'avance pas vraiment, il faut le temps qu'elle se mette en place étant donné que ce monde n'est pas le nôtre et qu'il possède un passé et des règles qui lui sont propres. commentez ! :))



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