- Tu es en retard, Seren. Encore. Ne comprendras-tu donc jamais ? Un royaume a besoin d'une princesse, et il n'y a que toi pour remplir cette fonction. Tu n'es plus une enfant, mais tu te comportes comme si tu te moquais de tout ce qui ne concerne pas ton bonheur personnel... Je ne sais que faire de toi, à présent. Peut-être devrais-je te marier dès maintenant au premier nobliau qui passera... peut-être simplement te garder ici comme un bijou précieux, sans responsabilité autre qu'être en vie...
Et lui, ne s'arrêtera-t-il donc jamais de parler ? pensa la jeune femme, face à son père assis comme un dieu sur le trône de Verre. D'ordinaire, leurs « conversations » se passaient en privé. Parfois même c'était le roi qui se déplaçait dans l'aile de sa fille pour lui expliquer sa vision des choses. Jamais il ne se permettait de le faire en public, ni de rendre les choses aussi officielles... et humiliantes.
Assise à côté de son père, sa tutrice était comme l'ombre du souverain, la fixant de son regard perçant. Elle le suivait maintenant tous les jours lorsqu'elle n'était pas avec elle, et cela l'agaçait de plus en plus. Elle se sentait perdue, et seule de n'avoir pas trouvé d'alliée comme elle s'y attendait. Elle avait espéré une amitié avec cette femme, mais aujourd'hui elle se sentait manipulée. Son père ne l'avait pas écoutée comme elle le lui avait promis. Il la ridiculisait, la faisant passer de souveraine, fille et émissaire des Déesses à enfant gâtée et puérile.
- Il me semble, père, que je ne vous ai donné aucune des permissions que vous venez de vous octroyer.
Elle avait prononcé sa phrase dans le plus grand des calmes et le plus froid des silences. Personne ne répondait à un monarque, fût-il un homme ou non.
Personne, sauf moi.
Dans la salle d'audience, les conseillers s'étaient tus, les courtisans même avaient cessé leurs chuchotements. Seren se redressa alors comme un défi, toisant son père de toute sa hauteur. Elle venait de lui faire comprendre, de cette simple phrase, qu'elle n'était plus une enfant. Alors, ravivée par un soudain élan royal, elle continua.
- C'est pourquoi je vous demanderai, s'il vous convient, de descendre de ce piédestal sur lequel vous vous êtes mis. Dois-je vous rappeler votre condition ? N'en tirez donc pas un si grand profit, alors que vous avez devant vous l'héritière du royaume de Julem, et la fille de feu la reine Isil, Prêtresse des Sangs, Bijou du royaume et Souveraine de Toutes les Forêts du Monde ?
Alors qu'elle continuait de parler, la jeune femme avait monté quelques marches, lentement et sûrement. Son père face à elle, avait d'abord écarquillé les yeux, puis pâlit. A présent, la colère montait jusqu'à ses joues.
- Vous n'êtes qu'un homme. Un grand homme, respecté et aimé, mais un homme tout de même, qui ferait mieux de se prétendre conseiller plutôt que roi. Vous n'avez ni le droit de me tutoyer en cette salle, ni d'humilier votre souveraine. Dois-je vous rappeler, Père, que c'est un châtiment passible de mort pour quiconque n'est pas vous.
- Est-ce que tu viens de me menacer, Seren ? Viens-tu de menacer ton roi ?
- Un roi sans femme n'est rien de plus qu'une Déesse sans adorateurs, vos Majestés.
Cette dernière phrase, c'était la tutrice qui l'avait prononcée, à la surprise générale. Les disputes dans cette salle n'étaient pas rares, mais la parole d'une souveraine ou d'un souverain était considérée comme sacrée, et ne permettait aucune interruption. Pourtant, elle avait raison. Un homme sans femme n'était rien de plus qu'une idée de pouvoir, sans force ni but.
(voilà pour le morceau de chapitre suivant, je vous promets que j'essaie de faire plus long, mais c'est difficile de se concentrer suffisamment, huhu... :3 pardonnez moi donc, la suite arrivera je l'espère, dans les plus brefs délais ! :))
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Les Enfants d'Agaeris
FantasyA une autre époque, dans un autre monde, les Déesses gouvernent sur la Toute Chose. Mais alors qu'un drame survient, de sombres secrets menacent la prospérité des royaumes. Plus qu'une guerre, c'est une lutte pour la survie de l'humanité toute entiè...