Seren savait que sa tutrice avait volontairement appuyé le fait que sa vie et son peuple lui appartenaient, à elle et non au roi. Ces mots eurent l'effet escompté, et une bouffée de colère mêlée d'indignation et de jalousie monta en la future reine, que la femme blonde fit mine de ne pas remarquer. Elle continua son discours, marchant dans la pièce avec une grâce inouïe, illustrant ses paroles à renfort de gestes subtils et dosés.
Au bout d'une heure, elle se tourna vers la princesse et lui sourit, sans la regarder dans les yeux, comme il était de coutume. De sa voix portante, à l'autre bout du jardin, les mains délicatement posées sur le rebord du bassin de pierre, au centre de la salle, bien que l'adolescente doutât qu'elle s'appuyât réellement dessus, elle s'exprima sans peine :
- Majesté, je vous prie de vous lever. J'ai désormais éclaircit quelques point avec vous, et peux ainsi désormais m'atteler à une nouvelle tâche. Votre rôle de dame ne se comporte pas que dans votre relation avec votre père, mais aussi sur l'impression que vous devez donner à quiconque. Dans le peuple, peu de vos sujets connaissent réellement votre visage.
»C'est pourquoi vous devez apprendre à vous faire connaître de tous, et ce par une méthode : le physique. Vous êtes d'une rare beauté, ma Reine mais, si je puis me permettre, votre posture, votre tenue et votre port de tête ne montrent en rien la véritable image que vous devez renvoyez. Vous devez apprendre à gouverner, mais pas seulement. Vous devez savoir marcher, danser, parler comme une reine. C'est de cela dont nous allons parler durant le prochain mois.
»Je veux que vous soyez capable de rayonner sans or à votre cou, de paraître précieuse sans pierres à vôtre front. Ce n'est pas votre argent qui fait de vous ce que vous êtes. C'est ce que vous reflétez qui fait votre valeur aux yeux de notre royaume. Vous pourriez être aussi bonne magicienne, aussi bonne guerrière que vous le souhaiteriez, si vous n'aviez que cela comme avantages, vous ne vaudriez pas mieux qu'un homme.
- Vous voudriez que j'apprenne... à marcher ?
- Exactement, ma reine. Que vous marchiez avec la grâce d'une Déesse. Avec, comme votre nom le fait entendre, une sérénité et une féminité sans égales. Personne en ce monde n'est au-dessus de vous, et votre simple démarche doit pouvoir le prouver. Me faites-vous confiance ?
Après un moment d'hésitation, la reine se leva et descendit les marches, lentement. Sous les conseils de sa tutrice, elle se força à relever la tête, à redresser son buste.
Elle marchait calmement, sans se presser. Tout devait se faire à son rythme, personne n'avait le droit de lui imposer quoi que ce soit. Elle s'autorisa alors un sourire pour cette femme qui l'aidait tant, sans oublier toutefois la honte qu'elle lui avait fait subir, le rendez-vous inopportun qui l'avait dérangée dans ses occupations matinales.
Pendant plusieurs heures encore, la femme mystérieuse apprit à Seren à faire porter sa voix, à savoir que dire et quand, comment interrompre une conversation et comment tenir tête à son père, le roi. Peu à peu, l'indifférence de la reine pour sa tutrice se mua en intérêt, non dénué de jalousie.
Ses paroles étaient sages et mesurées, elle était respectueuse et s'efforçait de faire comprendre son rôle capital à l'adolescente farouche, alors même qu'elle n'était qu'une servante, presque une esclave. Elle tenta sans grand succès de calmer la jeune femme vis-à-vis de son père, lui rappelant surtout le fait qu'il n'était, après tout, qu'un homme, et que comme tous, il rêvait de pouvoir. Elle devrait apprendre à s'imposer, à faire valoir ses choix et à reléguer les ordres de son père au rang de demandes, de conseils, même si cela prendrait du temps et ne se ferait pas en un claquement de doigts. Il restait expérimenté et sage, bien qu'il eût prit gout trop vite au pouvoir de la royauté.
Durant ce premier cours, à aucun moment la tutrice ne parla de magie, de pouvoirs ou d'énergie, et lorsque la reine lui posa la question, elle balaya le problème d'un geste et d'un « Majesté, d'abord, vous devez apprendre. Vous saurez plus tard. »
(autre morceau du premier chapitre, plus qu'un morceau et c'est la fin, promis ! :) peut-être que, plus tard, je verrai si je dois changer de mise en forme et mettre un chapitre complet par segment... bisous ! <3)
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Les Enfants d'Agaeris
FantasyA une autre époque, dans un autre monde, les Déesses gouvernent sur la Toute Chose. Mais alors qu'un drame survient, de sombres secrets menacent la prospérité des royaumes. Plus qu'une guerre, c'est une lutte pour la survie de l'humanité toute entiè...