La funeste mélodie qui s'élevait et émanait des croassements de nombreux corbeaux, envahissaient petit à petit l'endroit du parc où se trouvaient Abigail en compagnie du beau et élégant homme d'affaires américain. Comme à son habitude, ce dernier portait l'un de ses prestigieux costumes et dégageait une certaine prestance encline à la fascination. La jeune femme, elle, revêtait la même robe que lors de sa dernière visite dans ces lieux. Tous deux étaient plongés dans l'obscurité d'une nuit hivernale, dont seul l'éclat de la lune les tirait faiblement. Cette seule source de clarté se reflétait étrangement dans les yeux couleur or d'Abigail. A tel point, que son regard de louve se faisait incandescent. En parlant de loups, ils étaient présents. Mais trop effrayés, ils demeuraient tapis à l'écart, dans la pénombre.
C'est alors que la scène qui paraissait comme figée dans le temps, s'accéléra subitement. L'un des malfrats qui s'en était pris une fois à Abigail, émergea de l'ombre qui les entourait et pointa une arme à feu sur Jared Lewis. Le coup retentit dans la nuit, résonnant comme un écho aux oreilles de la jeune femme. Une mare de sang s'étala et s'élargit rapidement sur le sol, entourant le corps du businessman, qui était allongé à terre. Tout s'était passé très vite. Le silence précéda les derniers battements de cœur du blessé qui succomba dès l'arrêt de la dernière pulsation.
Aussitôt, Abigail se réveilla en sursaut dans son lit, ruisselante de sueur et les yeux baignés de larmes. Tout en reprenant ses esprits, elle se calma doucement. Puis, d'un geste purement automatique visant à la déstresser, elle attrapa d'une main tremblante le précieux pendentif suspendu à son cou et le tripota. La lumière du jour qui filtrait sur les côtés des opaques rideaux, lui indiqua qu'il était temps de se lever. Depuis trois jours de suite, elle faisait ce même rêve étrange. La nuit précédente, il avait affecté toute sa journée de dimanche. Par conséquent, elle ne le laisserait pas perturber la journée de lundi. Elle se persuada qu'il s'agissait d'une réaction due à un stress post-traumatique, suite à l'agression qu'elle avait subie et que la seule façon de surmonter l'épreuve était d'ignorer ces dérives imaginaires.
En ce premier jour de la semaine, elle s'était montrée volontaire pour assister son professeur d'astronomie dans une expérience scientifique, à laquelle des hommes de science importants allaient participer. Son professeur l'avait choisie car elle était sa meilleure élève. Pour Abigail, il s'agissait d'une opportunité visant à démontrer qu'une femme pouvait égaler un homme dans ce domaine. Elle se prépara donc et quitta la maison, sous les encouragements de Mona. Très motivée pour cette grande occasion, elle mit ses tracas de côté. La journée se déroula parfaitement bien et mieux encore qu'elle n'avait pu l'espérer. Les scientifiques furent éblouis par le savoir et l'intellect de la demoiselle. Bien sûr les meurs resteraient difficiles à modifier, mais Abigail avait prouvé qu'une femme avait sa place dans cet univers masculin.
En début d'après-midi, les élèves du cours d'astronomie, rejoignirent la petite salle où l'expérience scientifique s'était déroulée quelques heures plutôt. Abigail poursuivit son programme habituel en tant qu'étudiante, en leur compagnie. Elle se vit félicitée par son ami Walter qui s'était remis du méchant coup qu'il avait reçu à la tête. Il était le seul à être dans la confidence de l'expérience qui avait eu lieu ce jour-là. En discutant avec lui, elle songea qu'il était étrange que Walter ne fasse pas partie de son cauchemar récurrent puisqu'il était présent au cours de l'agression. Pour ne pas se replonger d'avantage dans le sujet, elle raconta sa soirée de vendredi à son ami : l'exposition d'art, le bal et son rencart organisé avec le rugbyman.
Dans un premier temps, son interlocuteur ne partagea pas l'humeur d'hilarité de la jeune femme qui racontait son récit. Toutefois, lorsque celle-ci dévoila enfin ce qui l'amusait autant, Walter se décrispa et rit à son tour. En réalité, il était heureux qu'elle n'ait pas apprécié la compagnie du sportif et qu'en plus, elle l'avait planté de façon si ridicule. Au cours de son histoire, elle s'était abstenue d'évoquer Jared Lewis. Walter était déjà un peu jaloux, pas besoin de lui faire du mal en lui faisant vent des moments qu'elle avait partagés avec l'américain. De toute façon, il n'y aurait plus de moments, car elle ne reverrait jamais plus cet homme.
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Laisse le feu brûler la glace (TERMINÉ)
ParanormalWilliam Smith, William Bradford, John Bradford, Jared Lewis et j'en passe...Voila bien beaucoup d'identités pour un seul homme. Un homme ou devrais-je plutôt dire un démon, qui au cours de ces cinq derniers siècles, a dû avoir recours à ce genre de...