PARTIE 13. La prémonition

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Du côté de Jared, la rupture avec Victoria se passa plutôt bien. A vrai dire, mieux qu'il ne pût l'espérer puisqu'il avait surpris la brunette dans les bras de Bruce, le rugbyman rasoir. Elle avait prétexté que le sportif lui témoignait bien plus d'attention que lui et qu'elle ne supportait pas passer en second plan, après son travail. Ce fut avec un remarquable jeu d'acteur que Jared profita de la situation. Il lui annonça son départ, puisque plus rien ne le retenait à Londres. 

Après s'être chargé de ce problème, le démon s'occupa de régler le suivant. Il avait de quoi payer un voyage improvisé sur un bateau où il n'y aurait plus aucune place depuis des mois. Pour brouiller les pistes, lui et Abigail changeraient d'identités arrivés à New York. Ensuite, ils trouveraient exil vers les Indes ou la Chine, peut-être les deux, cela dépendrait des envies de la jeune femme. Le prochain départ pour la grande ville américaine, était prévu pour dans deux jours. Ils avaient beaucoup de chance, car le dernier remontait à trois semaines.

En fin d'après-midi lorsqu'il rentra à son hôtel, Gordon le chauffeur qu'il avait engagé au service d'Abigail, lui délivra un petit message de la part de la demoiselle.

Je ne pars plus avec toi, j'ai changé d'avis. 

Si tu veux plus d'explications, retrouve-moi ce soir à vingt-heures, au parc où nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

A.R

Le soir venu, Jared se rendit au lieu de rendez-vous à l'heure indiquée. Il n'avait pas trouvé la jeune femme chez elle plus tôt dans la soirée et craignait le pire.

La scène dans le parc, ressemblait à l'un des nombreux cauchemars d'Abigail. Une nuit hivernale délivrée de la noirceur des ténèbres par les puissants rayons de la pleine lune et des ses étoiles qui permettaient de voir clair dans ce parc exempt de toutes autres présences que celle de trois individus : lui, Abigail et celui qui tenait une arme.

Jared n'avait pas connaissance des détails du rêve d'Abigail, elle lui avait seulement dit qu'il mourrait dans chacun de ses cauchemars. Il ne fit donc pas le rapprochement. Cependant Abigail, elle, avait l'impression de revivre cette horreur. S'agissait-ild'un rêve prémonitoire, finalement ? Si tel était le cas, ce soir l'hommequ'elle aimait, allait mourir. Lui qui avait plus de cinq-cents ans, avait étéaffaibli à cause de cet amour.

Walter qui tenait le pistolet dans le dos de celle dont l'absence de considération à son égard avait rendu fou, était le seul satisfait de la situation. Il avait tendu un piège au riche homme d'affaires et il allait démasquer le plus grand tueur en série de tous les temps. Il serait un héros. Ensuite, Abigail lui appartiendrait. Elle l'aimerait plus que tout au monde et lui, il lui pardonnerait pour la peine qu'elle lui avait causée.

Alors que le silence s'ajoutait à l'inquiétante tension qui régnait dans le parc, Jared ressentit les inconvénients du tracas pour la première fois. Il avait peur pour Abigail. Il n'était plus qu'à quelques mètres de sa bien-aimée et continuait de s'avancer lentement dans un geste purement inoffensif en exposant ses mains devant lui. Mais il fut tout à coup stoppé net par le jeune homme qui poussa un cri de rage. Il Serra plus fort le bras de la jeune femme qu'il tenait de sa main qui n'était pas armée.

- Arrête-toi là ! Tu ne bouge plus ! Enlèves ton manteau et ta veste. Puis tourne une fois sur toi-même, très lentement, tout en gardant les mains levées. Je veux m'assurer que tu ne portes pas d'arme sur toi.

Jared s'exécuta et alimenta la conversation lorsqu'il se retrouva de nouveau face au jeune homme perturbé, après son petit mouvement de rotation.

Laisse le feu brûler la glace (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant