Chapitre 3

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L'hôtesse de l'air venait tout juste d'enregistrer nos passeports. Sans aucune politesse, Oliver m'avait pratiquement bousculée pour passer le premier. Je ne supportais pas encore sa présence et sincèrement,  je ne croyais pas non plus y arriver de sitôt. Il déambulait la tête haute, se souciant très peu des autres personnes qui passaient. Un gamin aurait rampé au sol et je peux garantir qu'il lui aurait marché dessus. Heureusement qu'il n'y avait pas d'enfant dans les parages.

Nous passâmes devant une autre hôtesse qui nous salua d'un sourire d'usage et nous entrâmes dans l'avion. Quelques passagers étaient déjà bien installés contre leurs sièges attendant avec impatience le décollage. Oliver regardait avec envie les hommes d'affaires en costume qui s'étaient vu attribuer des billets en première classe. Il échappa un grognement tandis que nous cherchions nos places dans la partie à l'arrière. Il s'installa près du hublot me laissant la place donnant une vue splendide sur l'allé. Trop gentlemen, Oliver. Autour de nous, les autres sièges se comblaient rapidement. Des femmes, des hommes, des vieillards, des enfants, tout y était. Un jeune bébé sur les genoux de sa mère se mit alors à pleurer emplissant de ses cris stridents tout l'espace.

-Mais pourquoi nos billets ne sont pas de première classe comme pour les autres missions? Marmonna Oliver se massant les tempes.

J'avais simplement envie de rire. Vous en connaissiez beaucoup vous, des étudiants qui allaient travailler dans une colonie de vacances capable de se payer de telles places? Moi non. Malgré le fait que tous les frais reliés aux missions étaient la responsabilité du Comité, on prévoyait tout en fonction de la mission. Ceux qui jouaient les hommes d'affaires avaient à leur disposition des Ferrari et ceux qui jouaient les adolescents des billets d'avion de classe général. Que voulez-vous? La logique avant tout. Le pilote débita son bla bla habituel dans son intercom puis, nous souhaita un bon voyage vers l'Angleterre. Le moteur se mit en marche et l'avion défila sur la piste puis s'envola. La gamine qui se tenait de l'autre côté de l'allé se cramponnait désespérément à son père. 

 J'avais fait pareil la première fois. J'étais âgée de quatorze ans et étais complétement terrorisée. Je n'avais jamais quitté New York dans les airs auparavant. C'était ma première mission familiale. Mes parents et mon frère étaient sur le terrain et moi je resterais tels une Hermite dans la chambre d'hôtel à faire planter une énième plateforme informatique. Je m'étais accrochée au bras de mon père, puis avait doucement desserré ma poigne avec le temps me rendant compte à quel point il était agréable de planer au-dessus des nuages.

Cette fillette me faisait penser à moi. J'aurais aimé qu'elle puisse observer par la petite fenêtre le paysage féérique qui s'offrait à elle. Malheureusement, elle n'y avait pas accès. C'est exactement ce qui m'avait donné goût à ses voyages. Ce monde de nuages blancs. La cabine était extrêmement silencieuse. On entendait quelques chuchotements par ci et par là sans plus. Sans plus... Je me retournai vers Oliver. Il n'était pas normal qu'il soit aussi peu bavard, sans remarque à mon égard. Ses écouteurs étaient plantés dans ses oreilles et monsieur était bien attentif au film qui apparaissait devant son écran. Super comme compagnie. Je sortie mon ordinateur de son sac et me mise à réviser le dossier. Ce vol s'avérait PALPITANT.

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J'avais beau adoré les voyages en avion, la durée c'était autre chose. Je digérais mal un vol de sept heures. Le temps passait extrêmement lentement et j'avais écoulé toutes mes possibilités pour le passer. Film, musique, ordinateur. J'en était même venue à colorier avec la petite Emma qui ne serait plus le bras de son paternel. J'échappai un soupir. Il nous restait une heure et demie de vol. C'était quoi l'idée de créer un cartel en Angleterre? C'était trop demandé de faire ce raffut à New York? On aurait évité beaucoup d'heure de vol. Il était près d'une heure A.M et tous les passagers s'étaient laissé porter par les bras de Morphée. Pour ma part, j'étais incapable de dormir. Je me retournai vers la fenêtre. Oliver y avait fermé le rideau de plastique. Lui, il s'était endormi depuis belle lurette déjà. S'endormant sur un quatrième ou cinquième film, ses écouteurs lui étaient encore accrochés aux oreilles. Ses paupières closes laissaient paraitres ses épais cils blonds. Sa main était serrée comme celle d'un poupon et un léger filet de bave s'échappait de ses lèvres. De cette façon, il n'était plus ce garçon arrogant qui faisait chier tout ce qui bouge. Il avait l'air d'un jeune gamin vulnérable. C'était presque mignon à voir. Je secouai de la tête pour me ramener à la raison. C'était Oliver Johnson tout de même. Il restait un connard de première. Sans faire de bruits, je pris un marqueur noir entre mes mains. Je sentis un sourire amusé se poser sur mon visage. Défigurer sa bouille d'ange serait un plaisir. J'enlevai le bouchon qui recouvrait le crayon et doucement traçai au-dessus de sa lèvre supérieure une jolie moustache. Rangeant mon arme, je dégustais déjà sa réaction. J'attendais ses cris et ses injures impatiemment.

Pire que jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant