Chapitre 2

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J'avais passé ces sept derniers jours cloîtrée dans ma chambre, analysant de part et d'autre le dossier du Comité. Les visites occasionnelles de Michael ne réussissaient en aucun cas à me faire déroger de mon travail. Après quelques jours, il en avait eu marre que je ne réponde pas à ses insultes et s'était contenté de simplement venir vérifier que j'étais encore belle et bien vivante. J'avais effectué  des centaines de recherches et avais passé des nuits entières à réviser mes techniques de hacking, même les plus basiques qu'on apprenait aux jeunes enfants commençant leurs formations d'agents. «On n'est jamais trop prudent.» me répétai-je constamment. Je m'étais tellement renseignée sur l'endroit où je me rendais de tels, avant même d'y être, je connaissais dans les moindres recoins cette colonie de vacance.

Je me réveillai sentant une masse inconfortable appuyée contre ma joue parsemée de taches de rousseurs. J'y portai une main et remarquai immédiatement le relief. Le clavier de mon portable s'était gentiment estampé dans ma figure. Je secouai la tête. J'avais beaucoup trop travaillé. Mon frère et mes parents devaient surement me prendre pour une maniaque, accros à la lumière de ses écrans. Je m'attendais déjà aux taquineries de Michael: «Les drogues ne sont pas la solution à tes problèmes Mia!» ou «J'ai déjà réservé un séjour en détox pour toi!». Croisant mon reflet, je me rappelai subitement les marques qui parcouraient ma peau laiteuse, pratiquement translucide. Je devais vraiment trouver un moyen de cacher ces traces qui ne faisaient que confirmer ma possible démence. Me rendant à la cuisine, j'échappai un grognement.

-Mais, t'en fais une tête pour quelqu'un qui s'en va en mission! Ricana mon FABULEUX grand frère. Visiblement, tu ne vois pas ta chance. Rajouta-t-il en bougonnant

Je levai les yeux au ciel et lui tirai la langue comme une gamine. Provoqué par mon petit jeu enfantin, il me donna une forte bourrade sur le bras, puis, un coup de pied sur la cuisse. Malgré la légère douleur qui tenaillait mon bras, j'attaquai avec un crochet droit suivi d'un puissant coup de genou entre les deux jambes. Il gémit de douleur puis se cramponna sur lui-même tandis que je riais comme une folle. Satisfaite, je soufflai sur mes ongles rongés, lui lançant un clin d'œil. Encore replié, mon frère me demanda, un sourire arrogant aux lèvres:

-Miss parfaite, t'aurais pas un avion à prendre dans une heure?

Mes yeux sortirent de leurs orbites lorsque je vérifiai l'heure. Mon vol décollait dans cinquante-huit minutes. Je redonnai à nouveau un coup à ses bijoux de famille par vengeance pour son attitude détestable et par pur plaisir de le voir souffrir, puis regagnai ma chambre rapidement. Mettant des vêtements au hasard dans mes valises, j'entendais encore crier Michael, me maudissant d'avoir gâché ses possibilités de procréation. Je fermai la première valise et m'attaquai à la plus importante, celle qui contiendrait tout mon précieux matériel électronique. J'emballai tous mes bébés dans du papier bulle et les plaçai délicatement dans ma malle. Je glissai mon ordinateur personnel dans mon sac de voyage et verrouillai avec des cadenas sophistiqués fournis par le Comité, mes multiples bagages. On toqua à ma porte et mon père et ma mère entrèrent. Louis n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que je lui tendais déjà mes valises et lui criais:

«On discutera plus tard! On doit se rendre à l'aéroport MAINTENANT!»

Trente secondes plus tard, nous étions dans la voiture qui roulait beaucoup plus vite que la vitesse permise. Mon père se faufilait entre les voitures, fuyant les embouteillages. À l'arrière, je croisais les doigts pour que la police ne nous repère pas. Je voyais déjà le terrible scénario qui s'annonçait.

Mon père abaissait la baie vitrée. Le regard dur du policier recherchait un motif à cet excès de vitesse. Louis lui répondait, d'un air faussement sérieux:

Pire que jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant