L'air de la salle de classe était suffoquant. La chaleur de juin collait à nos peaux. Sans surprise, la climatisation avait encore fait défaut et aucun ventilateur n'étaient disponibles. Les odeurs corporelles de certains adolescents qui auraient bien fait de mettre du déodorant en cette canicule émanaient l'espace. Les taches de sueurs sous les aisselles de Monsieur Reynolds étaient immenses, ce qui n'aidait clairement pas à l'immonde odeur. Plusieurs gouttes de sueur s'écoulaient sur son front ridé par les années. Je n'avais jamais vu personne transpirer autant. Je m'éventai avec une feuille de papier pliée en éventail essayant de me rafraichir. Malgré tout, la température restait exaspérante. Mes boucles se collaient sur ma nuque et mes lunettes ne fessait plus qu'un avec mon nez.
- Cinq minutes. Lâcha M. Reynolds
Les quelques élèves qui s'éternisaient sur leurs copies d'examen se mirent à écrire frénétiquement comme si tout d'un coup les réponses leurs étaient revenues à l'esprit, si ce n'étaient pas qu'elles leur étaient magiquement apparues.
Le son des cartables et des coffres à crayon se fermant ne faisait que confirmer la fin du cours. Mentalement, chacun faisait le décompte tant attendu. 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. La cloche résonna et tous s'engouffrèrent à l'extérieur de la salle de classe. Les couloirs étaient bondés et un vacarme impressionnant et incessant y régnait. Normal, c'était la fin de l'année scolaire. Chacun se disait au revoir se promettant de se contacter pendant la saison estivale ce qui, pour la plus part, n'arriverait pas. Les couloirs se vidaient peu à peu tandis que je dépouillais ma case de mes manuels poussiéreux. Les enseignants déambulaient en espérant trouver un adolescent bien veillant qui oserait discuter de leur projet de vacances avec eux. Infructueux. Je fermai la porte de ma case et sortie du lycée. Je jetai un dernier regard à ce cube de béton où j'avais passé ces cinq dernières années. Cinq années de cours ennuyeux, de travaux inutiles, de professeurs s'ulcérant pour un rien. Bref, de pure torture. La fierté que j'éprouvais d'enfin quitter cet endroit me faisait presque oublier la chaleur. Je parcouru la route du regard, puis, repérai une voiture noire. J'ouvris la portière et m'y installai savourant l'air frais parcourir chaque parcelle de ma peau sous le regard amusé de mon frère.
-À ta tête, la climatisation est autant mauvaise que lorsque j'y étais! Ricana-t-il.
Je lui tirai la langue avant de jeter un œil à mon reflet. Mon visage était violacé et mes cheveux plus bouclés que jamais.
Alors que nous nous engageâmes dans la rue où nous résidons je lui demandai:
-Maman et papa sont-ils revenus de mission?
Il affirma d'un signe de tête tandis que j'affichais un faux sourire. J'avais beau adorer Sylvia et Louis, leur retour était toujours une routine pénible. Qu'ils soient partis deux jours ou deux ans, c'était toujours du pareil au même. Ils racontaient tout en détails, avec des allusions, lesquelles à moins d'avoir été de la partie, sont marrantes. Par la suite, se sentant coupable de ne pas occuper leur rôle de parent de façon adéquate, ils nous imposaient de multiples parties de jeux de sociétés. Sérieusement, je leur en voulais plus de nous faire subir ces soirées que d'être absents de temps à temps. De toute façon, ils n'en n'avaient pas le choix puisque ça faisais partie du métier d'agent secret. Des missions aux quatre coins du monde c'est la routine, et ne nous mentons pas, une routine géniale.
En passant la porte de la maison, de doux effluves de nourritures se glissèrent jusqu'à moi. Je me précipitai vers la cuisine suivi de près par mon frère. Les comptoirs de marbre étaient ensevelis sous des tonnes d'aliments colorés et l'évier remplis à rebord de vaisselles. Des taches écarlates parsemaient le plus beau tablier de Sylvia. Le visage de Louis était pour le moins indescriptible. Un grand nuage de farine barbouillait son visage aux traits lumineux et les armoires de bois chocolat en gisaient elles aussi. Nous voyant apparaître, les yeux aimants de notre mère s'illuminèrent. S'alliais, les retrouvailles étaient commencées. Ça promettait. Elle enlaça mon frère puis, mon tour vint. Ses bras me serrèrent avec une telle force que j'eu l'impression qu'elle voulait m'étrangler. Elle déposa un joyeux baiser sur ma joue avant de me regarder de haut en bas comme si elle ne m'avait pas vu depuis des siècles et non 48h. Découragée, je lâchai un soupir. Louis, tenta à son tour de nous étreindre, sans succès, vu le brouillard blanc qu'il traînait avec lui. Alors que je me dirigeai vers ma chambre, mon frère me retint par le bras.
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Pire que jamais
Teen FictionDétruire une plateforme informatique ou hacker la compagnie d'un dangereux mafieux russe, c'est un jeu d'enfant pour Emily. La vie d'agent lui est une routine depuis des lustres. Malgré les escapades aux quatre coins du monde pour des missions, la j...