Chapitre 42 : « Révélation »

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     Non loin.

          Sans doute devenait-il fou. Sans doute celui qu'il regardait agir depuis des heures avait raison... Sinon, comment expliquer « cela » ? Divinité fils d'Éole et pourtant impuissant... Ses doigts gourds se serrèrent sur la corde de son arc, avant de relâcher son trait dans un unique geste fluide. Une flèche d'or rencontra la sienne à mi-parcours et la coupa en deux. Il esquiva aussitôt et évita de peu de la voir se planter dans sa tête.

          Son bras droit déjà transpercé d'un projectile s'engourdissait chaque seconde. Il fit jouer ses doigts dans un geste réfléchi pour se donner le temps de trouver une solution. Depuis le début, il courait pour fuir son adversaire, il s'agissait de l'unique élément qui le différenciait de son opposant : l'autre bougeait moins bien, comme s'il peinait en vitesse. Zéphyr n'y comprenait rien, mais continuait d'essayer de le distancer le temps de trouver une astuce pour le vaincre.

          Seulement fuir ne l'emmenait pas loin. S'il le laissait en plan, l'adversaire retournerait attaquer la forteresse et cela, il s'y refusait. Et s'il restait se battre, que ce soit au corps à corps ou à distance, il demeurait désavantagé. Il risqua un coup d'œil vers sa copie conforme : même tête, corps, armure, positions, allures, postures, tics... tout y était. Sauf son rythme de course et cette odeur agréable, légèrement parfumée, il contemplait son reflet en mouvement qui le suivait ! Il finirait par en devenir dingue !

          Il prit la décision la plus folle qu'il n'avait jamais imaginée jusque là. Changeant de direction en plein élan, il fondit droit sur son adversaire, qui sembla surpris une fraction de seconde. Ce type ne s'attendait donc pas à cette réaction ? Parfait !

– Tu n'peux pas être moi ! Je m'y refuse ! gronda Zéphyr.

          Il frappa de ses poings aussi fort qu'il pouvait, et enchaîna les coups qu'il avait mis un temps infini à apprendre avec pour unique objectif de vaincre ses frères aînés, les Vents Supérieurs. Son reflet se reprit très vite et rendit coup pour coup. Il surpassa même rapidement le dieu de sa force. Si en face il lui ressemblait comme une goutte d'eau, il sentit bien la différence : un sourire sarcastique étira les lèvres de Zéphyr.

– Tu frappes fort, tu sais... ? Trop pour espérer me faire croire longtemps à ta ruse ! Je ne suis pas aussi doué que toi en lutte ! Montre ton vrai visage maintenant !

          La bouche de son adversaire se tordit à son tour d'un rictus, tandis que les deux combattants se reculèrent de part et d'autre. Zéphyr essoufflé et au bout du rouleau le fixa de son regard perçant. Il avait tout le bras droit ensanglanté, difficile de l'utiliser encore pour attaquer. De l'autre il essuya sa coupure à la lèvre d'un geste las.

– Tu es doué... ! Mais pourquoi changerais-je une astuce qui fonctionne si bien... ? s'exclama son reflet.

          Une grimace tordit le visage du dieu. Cette « chose » avait raison. Il se trouvait clairement désavantagé dans cette position... ! Il se remit en garde et poussa un cri rauque avant de frapper de son poing gauche, puisque l'autre battait son flanc, inutile. En réponse, son adversaire effectua un large coup de pied contre son épaule droite encore transpercée d'une flèche. Le coup fit jaillir le projectile dans une gerbe de sang ce qui brisa net l'élan de Zéphyr. Il s'écrasa au sol dans un hurlement de rage et de douleur qui fit fuir une volée de corbeaux.

          Une pluie fine, légère et glacée s'abattit au même moment sur eux. Le faux Zéphyr se rapprocha du vrai, insensible aux éclairs qui zébraient à présent le ciel et se pencha sur le chevalier d'or pour lui prendre le menton entre deux doigts, visiblement amusé d'une telle situation.

Mésôn - Partie 1 : AtlantisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant