chapitre 6

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Je regardais par la fenêtre de la petite chambre, le carreau était brouillé avec les nombreuses couches de poussière amassées au fil des années, je laissai exprimer une mine de dégoût. Mais j'avais connu pire. A mes pieds, étaient étalés les objets dérobés du 4x4 de mes poursuivants sur le parquet. J'avais beau retourner le contenu du portable de ce Bradley Adams, je n'y trouvais absolument rien, hormis un dossier accessible uniquement avec un mot de passe, j'essayais les différents mots de passe habituels, que cet homme aurait pu choisir, tel que "passworld", "adams" ou encore "bradley". Aucune combinaison ne fonctionnait. Mon espoir se dissipais peu à peu. J'aurais pu demander de l'aide mais je ne connaissais strictement personne à Atlanta. Personne qui ait des compétences en piratage informatique. J'en avais quelques-uns mais elles étaient limitées. Quelques minutes plus tard, je marchais d'un pas pressé en direction du lycée, pour une fois. Une idée m'avait traversé l'esprit. Je gravis les escaliers du perron, d'air pressé j'arpentais les couloirs en direction de la salle d'informatique. J'y trouverais forcément quelqu'un capable de m'aider. Je poussais la poignée de la porte en vitesse, un seul élève était assis à un des ordinateurs. C'était Tako. Etant donné que j'avais volé sa moto, je ne suis sûre qu'il veuille m'apporter de l'aide... Je tâtais mes poches, peut-être qu'avec 70 dollars, il accepterait. Je m'approchais de lui avec hésitation mais je lui demandais d'une façon directe :

" - Euh, salut ! J'ai un service à te demander.

- Si c'est à propos de la moto, je n'ai pas porté plainte.

- Non, c'est différent. Tu saurais par hasard comment craquer un mot de passe sur un téléphone ?

- Cela dépend, pourquoi faire ?

- J'ai oublié le mot de passe d'un dossier sur mon téléphone." mentis-je

Après quelques minutes, il exprima un visage triomphant puis son expression se mua en étonnement. Il laissa défiler le contenu du document. Je me dirigeais vers l'ordinateur avec hâte, et lui vola la souris des mains. A la vue du nombre de photographies, plans sur mes itinéraires, informations sur moi, Tako s'époumona :

" - Il n'est pas à toi ce portable ?! On dirait... On dirait que quelqu'un te poursuit, regarde il y a ta vie là-dedans !"

Mes doigts tremblèrent mais je me ressaisis, je lui pris l'appareil des mains. Je jetais quelques billets sur le bureau. Pendant que je prenais la fuite, il me rattrapa :

" - Attends ! D'après ce que Tyler m'avais dit que tu avais des problèmes, le contenu de ce document le prouve. Tu as vérifié les e-mails ?

- Je n'ai aucun problème. Bien sur que j'ai vérifié !

- Je peux les retracer pour que tu les lises. Si tu veux.

- Eh bien... Vas-y." lançai-je, agacée par la curiosité et l'obstination dont il faisait preuve.

Il m'informa que le contenu des quelques e-mails qu'il allait mettre un peu de temps à retracer les e-mails avec leur contenu respectif. Je lui tendis un autre billet qu'il prit avec hésitation. Je pris le temps d'aller en cours d'histoire. Devais-je lui faire confiance ? Il semblait trop sympathique pour être honnête. Cette heure passée, je rejoignis la salle d'informatique. Je passais devant les fades couloirs, dont les murs étaient tapissés de casiers en métal, recouverts d'une peinture beige qui s'écaillait. Tyler était posté devant la porte de salle, impossible de l'éviter. Il scrutais les alentours du regard, en redressant sa veste en cuir noire. J'espérais vraiment que Tako ne lui aies rien mentionné. Ce que je redoutais arriva, il m'interpella :

" - Tako m'a donné cette clé USB pour toi.

- Merci. A plus !

- Tu ne m'as toujours pas dit qui étaient ces hommes qui t'ont agressé ?

- Pourquoi je te le dirais ?

- Car j'ai en ma possession un objet que tu convoites.

- Ah, je vois... Du chantage. Ton pote est plus coopérant.

- Mais pas moi. Et c'est moi qui ait ce que tu souhaites. Ou je pourrais effectivement regarder par mes propres moyens à l'intérieur de cette clé." susurra-t-il en me fixant d'un regard bleu azur.

Je cherchais un moyen de récupérer la clé USB et de m'enfuir, j'exploitais toutes les possibilités de fuites, c'était devenu une habitude, pire, un besoin. Tyler semblait avoir capté mes intentions. Je ne faisais pas le poids face à lui, j'étais maigre et de taille moyenne et lui, grand, bien bâtit et musclé. Mon cerveau bouillonnait, il me fallait cette clé USB et ce type ne savait même pas à quoi il s'exposait, je rageais contre moi-même, je n'aurais pas du faire confiance à Tako. Il me restait de l'argent, je lui en proposais, il secoua la tête. Il reprit d'un air confiant :

" Je me suis renseigné, les types qui t'ont attaqué sont américains, j'ai trouvé une lettre sur l'un d'eux, je l'ai traduite et c'était un ordre d'un certain Wallace. Tu es mise à prix à 5000 dollars. Je voudrais juste comprendre car comme tu le sais, je t'ai défendue et peu de temps après je les ai vu traîner dans le centre d'Atlanta. Et aujourd'hui tu demandes de l'aide à Tako, il m'a dit que les e-mails t'intéresseraient. Je te parie que s'ils me trouvent, j'aurais des ennuis donc j'aimerais en connaître la cause. "

Je restais bouche bée, il savait un grand nombre de choses. Devais-je lui dire ? Devais-je tout lui dire ? Je fermai les yeux, espérant trouver la réponse en moi, rien ne vint. Il savait déjà beaucoup de choses. C'est alors que je mis à lui expliquer :

" - Mes parents se sont fait tuer en 2001, assassinés froidement, mon père était flic, il avait enquêté sur beaucoup d'affaires, mais surtout une, un filière criminelle qui baignait dans tout les trafics possibles, et coupable de plusieurs meurtres. Personne ne savait qui en était à la tête, pas même les membres eux-mêmes. Un jour, mon père a découvert son identité et a voulu le faire tomber. Il avait réuni des preuves, des documents, et des empreintes. Et il a échoué.

(Pour une fois, il se tut une minute.)

- Comment tu as réussi à t'enfuir ?

- J'étais au lycée quand ils ont tués mes parents. Je suis arrivée et j'ai appelé la police. Quand il a commencé à fouiner dans les affaires de cette sorte de mafia, mon père avait prévu une issue d'urgence, j'ai pu m'enfuir.

- Tu es une témoin gênante. Tu as des preuves de leur culpabilité ? Tu sais qui est le commanditaire ?

- Je... Je peux avoir cette clé USB ?

- Où tu es allée avant Atlanta ?

- Washington, San Francisco, Portland, Denver, Jackson, Little Rock, La Nouvelle-Orléans, Orlando, et je suis restée le plus de temps à New York." récitai-je.

Il haussa les sourcils et me tendit la précieuse clé USB. Le lycée était à présent désert, plus aucun élève n'arpentait ses couloirs. Je finis par errer dans le centre-ville, dans des quartiers dont je ne saurais retenir le nom. Les lumières s'émanaient des magasins et une légère brise continentale soufflait sur mes cheveux dorés. Je me dirigeais vers mon travail d'un pas tranquille, respirant l'air à pleins poumons. Je poussai la porte du bar/restaurant. Je détaillai la foule de clients déjà attablés. L'un était assis au bar et discutait avec mon patron, il lui montrait quelque chose. Je m'approchais à une certaine distance, mon patron hocha la tête d'un air paisible. C'était un des hommes qui me recherchait, le souffre-douleur du certain Bradley Adams. C'était une photographie de moi. Ces hommes devaient savoir que je me trouvais toujours dans cette ville ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne me trouvent. Je m'enfuis en courant, haletant sous le poids conséquent de mon sac-à-dos. L'adrénaline ne me suffisait plus, mes genoux tremblaient. Je pouvais dire adieu à mon travail et je n'avais plus d'endroit où dormir, qu'allais-je devenir ? Je n'en avais pas la moindre idée. Pour la première fois depuis longtemps, mon calme et la maîtrise de moi-même caractéristique m'abandonnaient. Mes muscles me lâchaient, je devais être malade. Je voulais rentrer chez moi, dans ma maison, mais je n'en avais pas. Je repérais un joli jardin public, des diversités d'arbres s'emmêlaient et les quelques feuilles voletaient au vent. Un banc en bois me tendait les bras, armée d'un duvet, mon sac-à-dos dont lanières étaient enroulées avec mes poignets, et ma bombe lacrymogène dissimulée, je passais la pire nuit qu'il puisse exister. 



The girl who is on the run.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant