chapitre 3

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Je m'installais à la seule table de deux places libre, tout au fond. Le professeur me distribua un grand nombre de feuilles pour que je rattrape mes deux mois de retard scolaire. J'aimais beaucoup la littérature mais ce cours m'avait tout l'air d'un ennui monumental. Je regardais à travers la fenêtre, le calme régnait. Ma voisine de devant était la représentation typiquement cliché de la fille de bonne famille, riche et vaniteuse. Le professeur continuait son explication d'un roman de Shakespeare quand des coups résonnèrent à la porte. Un garçon, brun aux yeux bleus de mon âge se présentait. Il portait une veste en cuir noir et un vieux jeans usé. Son air ténébreux aurait laissé n'importe quelle fille hors d'elle. Bon, d'accord, il n'était pas... vilain, de loin. J'avais cependant d'autres problèmes à régler. Je me plongeais dans l'extrait de Shakespeare que je tenais entre les mains quand je réalisais que le retardataire n'avait d'autre choix que de s'assoir à côté de moi. La fille de devant lui lança une critique déplaisante et il n'hésita pas à lui en renvoyer une. J'appris au passage qu'elle s'appelait Aurora et qu'il s'appelait Tyler. Je ne parlais à personne durant cette matinée, c'était certainement mieux comme ça. Je déjeunais en vitesse car le début d'après-midi marquait le commencement des activités, aucune ne me tentait, mais le proviseur m'avait suggéré d'en choisir. J'avais opté pour l'option informatique et l'option "histoire, croyances et recherches". Je décidai néanmoins de sécher ces heures là et de visiter la ville. J'arpentais les couloirs et me faufilais entre les salles de cours; ne pas attirer l'attention sur moi était devenu ma spécialité. Soudain, j'entendis un surveillant crier : "Tyler ! Vous êtes pris en train sécher les cours ! Cette fois je vous tiens, vous filez en retenue !" Ouf, deux secondes plus tard et cela tombait sur moi, je me réfugiais derrière un mur en vitesse. Le surveillant passait devant en râlant, il ne prêta même pas attention à moi, Tyler, quant à lui, me jeta un coup d'oeil intrigué. Il ne devait pas apprécier que la nouvelle lui vole son statut de fugueur... S'il savait. Je filais aussi vite que possible hors de ce lycée pour aller vite chez en moi de façon à passer en revue le contenu de mon porte-feuille, je n'avais presque plus rien. J'allais bientôt être majeure, je ne pouvais donc pas encore utiliser le compte en banque que mes parents m'avaient créé. Il fallait que je trouve de quoi gagner de l'argent, comme un boulot de serveuse. Pendant des heures je fis le tour du centre-ville, à la recherche de quelque chose, mais rien. Je finis par accepter un petit boulot mal payé, le soir et les week-ends. Je n'avais non plus, aucun moyen de me déplacer. Des motos étaient attachées par des cadenas ça et là le long des rues. Je n'aimais pas voler, mais il le fallait, je promis pour moi-même que dès que je n'en aurais plus l'utilité, je l'a rendrais. Je tentais d'ouvrir le cadenas avec des diverses épingles que j'utilisais habituellement dans ce genre de cas. Un petit claquement et il s'ouvrit. J'étais malgré tout fière de moi. J'avais déjà conduit une moto mais sans la clé, cela restait difficile... La clé passe-partout que mon père m'avait confié était attachée par une cordelette autour de mon cou, c'était la seule chose qu'il me restait de mes parents aujourd'hui. Je vous l'avez dit, ma vie était loin d'être rangée et parfaite. Je démarrai l'engin, le moteur ronronnait, il cracha de la fumée. Le vent battait mon visage, je pris un grand bol d'air et rentra chez moi. Le lendemain, je pris soin de ne pas faire de bruit, je ne tenais pas à ce que l'on découvre que je vivais ici. Comme tous les matins, je cachais mes affaires et sortit discrètement du petit immeuble. Je retrouvais ma moto, cachée deux ruelles sombres plus loin et partit au lycée, cela aurait presque passé comme le quotidien d'une adolescente normale... Pour l'instant, je n'avais aucune nouvelle des hommes qui me recherchaient mais je vivais toujours dans l'angoisse permanente d'être retrouvée. Quand je franchis la porte du lycée, la sonnerie retentit. La journée passa sans encombre, j'avais même parlé avec Hayley, une fille sympathique de mon cours de littérature. En début d'après-midi, je m'apprêtais à partir quand Aurora, la fille insupportable de mon cours de littérature anglaise débarqua :
" - Tu comptes sécher les cours sur cet engin ?
- Je n'ai rien à te dire, maintenant pousse-toi si tu veux pas que je t'écrase.
- Je pourrais aussi informer le surveillant. Elle est à toi au moins cette moto ? "
Je tentais un moyen d'échapper à cette fille arrogante quand Tyler débarqua :
" - Aurora, tu comptes restée plantée là où tu veux que je parle au proviseur du prof de philo ?!
- Il ne croira pas un élève comme toi !
- Tu veux qu'on essaie ?!
- Ça va, je m'en vais ! "
Il esquissa un sourire ravi et moqueur, je l'interrogeai :
- Comment t'as fait pour qu'elle change d'avis aussi rapidement?! - Ses parents riches payent le prof de sport pour qu'il lui mette des bonnes notes.
- Ça ne m'étonne pas d'elle... En tout cas, merci.
- C'est à toi ?" Dit-il en détaillant la moto.
Je balbutiai une réponse très vite car j'étais en retard au travail et partis. Les jours passèrent et je vivais une vie normale, j'avais même croisé l'assistante sociale, Juliet Banks. Personne n'avait repéré que je squattais un logement, et personne ne me poursuivais plus. J'avais cependant, toujours des problèmes d'argent, je travaillais régulièrement dans un café mais le salaire n'était pas fantastique.

Nous étions en décembre, Noël approchait, le matin où je me rendais à pied au lycée, j'aperçu un homme, vêtu de noir, semblable aux hommes qui me poursuivaient, il marchait derrière moi. J'accélèrai automatiquement le pas, je tournais à un fur et mesure dans des ruelles, il avait disparu. Je devenais paranoïaque... Mes années de fuites incessantes m'avait plus affecté que je ne le pensais, je décidai de continuer mon chemin. Je fermais les yeux et pris un grande inspiration. Je me détendis, cela ne dura pas longtemps. Quand j'ouvris les yeux, l'homme que j'avais vu apparut devant moi.

The girl who is on the run.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant