The girl who is on the run.

chapitre 20

Je faisais des allés-retour à travers la pièce, je ne pouvais m'arrêter de gesticuler. Mes jambes guidaient tout mon être. Je relisais encore et encore les documents amassés à la hâte chez Bradley Adams.J'avais, il y a quelques heures, envoyé les relevés téléphoniques à Tako, j'attendais. Je me remémorais chaque parole, chaque expression. Il avait mentionné le fait que mon père avait été trahi par un être proche de lui, le seul hic c'est qu'il ne parlait à personne de ses problèmes avec la mafia, même sa propre femme n'était pas au courant. Je baladais un regard attristé par la fenêtre, l'océan scintillait avec les rayons du soleil, les enfants courraient sur le sable fin. Mon regard se posa sur le fameux disque dur et la fameuse clé USB qui contenaient les informations découvertes au fur et à mesure des années. Je m'entrepris à la lecture de chacune d'entre elles. J'hésitais grandement à relire le contenu de la clé, il contenait la liste des membres de la mafia et de leurs coups ainsi que des relevés d'empreintes et de nombreux indices collectés par mon père, de quoi permettre de faire tomber leur réseau. J'avais tenté d'enquêter mais ce fut un essai laborieux. Il fallait que je prenne sur moi, j'ouvris les différents fichiers et tombais sur des correspondances écrites par e-mail. Le flux de caractères défilant me provoqua une migraine. 

La porte s'ouvrit d'un coup, je retins ma respiration, ce n'était que Tyler qui entrait, ses cheveux noirs dégoulinaient sur le parquet et son t-shirt mouillé était plaqué sur son torse qui apparaissait de manière avantageuse. Il avait dû passer à la plage. Il me nargua :

" - Tu te creuses la tête pour rien, on n'a rien pu tirer de Adams, tu devrais penser à t'établir quelque part et à vivre paisiblement. 

- Pars, moi je n'ai pas fini ici. Je tiens à en savoir plus, d'ailleurs j'attends l'appel de Tako. 

- Enfin, laisse tout tomber, vis ta vie. Tes parents n'auraient pas voulu que tu t'arrêtes de vivre de cette façon.

- Que sais-tu de tes parents pour dire une chose pareille ?!

- Absolument rien, mais je te connais toi; ton père avait le même type d'obsession et celle-ci l'a tué. " rétorqua-t-il. 

Ces paroles eurent l'effet d'un écho, je m'imaginais parfaitement ma mère en train de les prononcer mais je me tus et continuai mes recherches. Mes yeux se baladèrent de mails en mails quand un nom me revint subitement à l'esprit. Mon cœur rata un battement. Evidemment. Je bondis de ma chaise, qui tomba méchamment sur le sol dans un bruit sourd. Tyler se retourna d'air faussement horrifié.

" - Je sais ! Je sais qui a trahi mon père ! 

- Calme-toi. Parle d'un ton posé, s'il-te-plaît.

- Tu te rappelles d'un certain Thomas, l'ami de mon père, celui à qui il parlait de son affaire. Je ne souvenais plus de son nom jusqu'à tomber dessus. 

- On est sûr de rien, tu sais. " expliqua-t-il d'un ton presque parental.

Trop tard, je n'écoutais plus. De toute évidence, l'e-mail avait été envoyé par un téléphone portable donc il serait facile, même pour moi,de le retracer. Cela me prit tout au plus trois minutes, un numéro s'afficha sur l'écran de mon ordinateur, je ne manquais pas d'appeler Tako aussitôt. Il répondit d'une voix ensommeillée : 

" - Allô..?

- C'est Alyia, j'ai besoin de vérifie ce numéro pour moi dans la liste des contacts de Bradley Adams. Je te l'envoie par message.

- Mais, il est minuit chez moi, on n'est pas sur le même fuseau horaire, les Etats-Unis disposent d'une grande latitude. 

- S'il-te-plaît...? 

- D'accord, je te dis cela dans une heure, il y a des tas de numéros. 

- Merci. " répondis-je.

Il raccrocha, apparemment bougon. Tyler me considéra les yeux grands ouverts :

" - Peut-être que cet homme était juste un informateur. 

- Cela coïncide beaucoup, mon père lui parlait de ses projets quotidiennement, voilà pourquoi il n'a jamais réussi à mettre la main sur eux ! 

Je n'avais jamais été aussi nerveuse de toute ma vie, je sentais mes joues me brûler et devenir écarlates. 

- Tu vas finir par exploser. C'est dangereux d'exploser, viens, je connais des coins sympas, on va prendre l'air. " s'exclama-t-il en mettant son manteau. 

La nuit tombait, les rues s'animaient, la chaleur était omniprésente mais nettement moins pesante. Tyler semblait dans son élément, il fredonnait les airs joués par des musiciens nomades. Il passa près d'un stand et commanda deux cocktails dont j'ignorais la contenance. N'ayant pas le moindre dollar pour payer ma boisson, il me fit passer pour sa cousine française, légèrement perdue, et au bout de deux minutes de négociation, le vendeur céda. Le liquide qui s'écoula dans ma gorge avait un goût frais, de menthe sans doute. Je ne marchais plus très droit mais mes sens étaient en alerte. Tyler me donnait des tapes amicales, il devait ressentir les effets de l'alcool lui aussi, notamment que son verre mesurait le double du mien. J'observais les différentes œuvres de Street Art présente à chaque coin de rue, j'adorais ce type d'art, illégal et à la fois accessible à m'importe qui. Les lumières m'aveuglaient mais je me sentais bien, je courrais et à la fois je volais, mes bras se balançaient le long de mon corps avec une énergie nouvellement acquise. J'arrêtais ma course quelque part sur la plage, le sable fin chatouillait mes chevilles, je m'y étalais maladroitement. Tyler s'assit plus élégamment à mes côtés. Nous parlâmes pendant un long moment, comme deux amis qui se retrouvent après des années de séparation. Une nuée de oiseaux passèrent au dessus de nous, je réprimai un cri de surprise. Et je continuai à parler, jamais je n'avais autant parlé, je finis par m'arrêter et un long silence s'imposa à nous. Ses yeux clairs brillaient dans la pénombre. Son regard était énigmatique. Il déposa un baiser sur mes lèvres, d'une façon énergie et à la fois lente. Mon téléphone sonna, c'était Tako. Je décrochais rapidement d'un air gêné. 

Il semblait bien éveillé cette fois :

" - J'ai ce que tu veux.

- Génial, de quoi, ah oui, non rien... Je veux dire, vas-y, parle. 

- Tu es sûre que ça va bien ?! Donc, je voulais te dire que le numéro correspond.

S'en suivis un long silence, pour que je reprenne mes esprits et réalise que j'avais peut-être trouvé le meurtrier ou un des commanditaire du meurtre de mes parents. 

- Tu..es sûr ? 

- Oui. Rien ne prouve que c'est ce Thomas Desmonts qui est derrière tout cela mais d'après les fichiers que j'ai trouvé, c'était un flic corrompu qui utilisait ses relations avec la police pour aider des mafieux. Bonne chance, tu vas en avoir besoin. Je dois te laisser, j'ai cours demain, essaie de passer du côté de la Géorgie, si tu peux. 

- Merci, Tako.." prononçai-je d'une voix à peine audible.

Tyler n'eut pas besoin de m'interroger, il avait entendu, il redoutait ma réaction, cela se pressentait. Qu'allais-je faire ? Sûrement me venger, venger mes parents. La fille réfléchie que j'étais n'allait plus le rester longtemps.