chapitre 17

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La voix d'une femme âgée m'éveilla, le haut parleur résonna dans mes oreilles tel une sonnerie de réveil typique des matins où je me rendais au lycée en France (à reculons bien sur). Un sourire se dessina sur mes lèvres à l'évocation de ce souvenir. C'était époque où je trouvais ma vie ennuyante, aujourd'hui,  je donnerais tout ce que possédais pour remettre les pieds à nouveau dans cette vie qui me paraît obsolète et complètement étrangère, à présent. Tyler me considéra d'un air faussement grave qui se transforma en un haussement de sourcil facétieux. Je l'ignorais en soupirant. Je jetai un œil à travers le hublot, l'aube venait à peine de se lever mais le soleil m'aveuglait déjà puis il laissa place à un un légendaire brouillard, lorsque l'avion le traversa, nous vîmes une grande ville bordée par une étendue bleue qui s'étendait à perte de vue, l'océan pacifique, qui formait la baie de San Francisco. Nous passions en ce moment même au-dessus du Golden Gate, un très grand pont suspendu et d'une couleur rougeâtre qui reliait la baie et l'océan. Après une heure destinée à sortir de l'aéroport, nous débouchions dans la ville grouillante d'étrangers de passage. Je brandis une sorte de brochure destinée aux touristes, quand j'eus besoin de retourner dans tout les sens pour en déduire l'utilité. Seuls les monuments et la plage étaient indiqués, rien de bien utile pour trouver notre fameuse adresse. Nous fîmes une pause dans un café pour déjeuner. Je demeurais muette, où m'étais-je encore embarquée ? Et cette fois, je n'étais pas seule, étais-ce vraiment prudent pour chacun de nous ? Tyler sortit une carte de sa poche d'un air narquois :

" - J'ai trouvé Maple Street. Avec du matériel performant on s'en sort mieux, non ? "

Je posai un regard sceptique sur mon guide touristique, l'ébauche d'un sourire se glissa sur mes lèvres. Tyler refusa de payer l'addition et se faufila jusqu'à la sortie, je l'avoue, c'était trop cher pour mes maigres moyens. Je fis taire ma bonne conscience et m'enfuis à sa suite. Il m'attendait près d'un grand chêne aux feuilles verdoyantes, je lui lançai :

" - Je n'aime toujours pas voler. 

- Tu t'y habitueras avec le temps. " plaisanta-t-il.

Mes parents n'auraient pas été fiers de moi, mais ils n'étaient plus là pour constater quel chaos j'étais devenue, et si mon père ne nous avais pas mis autant en danger... Quelle idiote j'étais de le blâmer, mais parfois, il me fallait remettre la faute sur quelqu'un à défaut de ne pouvoir trouver leur tueur. Je me suis rendue compte que je suivais Tyler sans m'en rendre compte, presque aveuglement, commençai-je à avoir une once de confiance à son égard ? 

Quelques minutes plus tard, à l'écart du centre-ville, dans un quartier calme se trouvait la rue d'où avait été envoyé les ordres pour me trouver. Nous demeurions devant une maison au style victorien et de très bon goût. Je scrutais les alentours, aucune voiture, aucun humain dans notre champ de vision. Une grille nous fermait l'accès à la maison et à son jardin de tulipes. Je l'escaladais sentant une énergie nouvelle me submerger. J'observais la maison et regardais par les fenêtres : tout semblait vide. Je m'occupais de crocheter la serrure le plus vite possible, c'était mon truc les serrures, elle ne me résistaient plus, dorénavant. Je lançai un sourire satisfait à mon "camarade". La vieille porte s'ouvrit dans un grincement déconcertant qui laissa place à un vieux salon des années 20. La pièce sentait une odeur âcre. Je raillai :

" - Je doute que la personne qui vit ici connaisse l'usage des ordinateurs...

- Ce n'est pas faux... Je cherche des infos sur celui qui vit ici, toi, fait ton truc avec les ordinateurs.

- Mon truc ?! " me moquai-je.

Je montais à l'étage et je trouvai finalement un ordinateur, vieux, certes, comme le reste de la demeure. L'ordinateur n'était pas protégé, je pus facilement accéder aux e-mails et aux fichiers. Je trouvais également le mail destiné à Connor Wright. Je pus dénicher de nombreuses photographies de moi, à n'importe quel âge, ceci ne me troubla même pas, je n'avais que trop l'habitude. Je faisais défiler les ordres de missions reçus ces derniers temps par la personne vivant ici, tous me cherchaient. Des tas de gens été employés à travers tout le pays mais les e-mails avait été envoyés par une seule et unique personne : le bon vieux Bradley Adams; que je croisais bien trop souvent à mon goût. Dans une des correspondances, il était indiqué que cet homme se trouvait en Californie. Il me fallait donc mettre la main dessus, ce qui n'allait pas s'avérer être une mince affaire. Je fermai l'ordinateur sereinement. J'entendis du mouvement au rez-de-chaussée, où se trouvait Tyler. Je jurai à haute voix, mon coéquipier faisait bien trop de bruit, s'il espérait attirer l'attention du voisinage, il se débrouillait à merveille. Je descendis à pas feutrés, il se battait. Quoi ? Quelqu'un nous avait surpris.

Camouflée derrière un mur, je me tordis pour apercevoir la scène, prête à intervenir malgré ma conscience qui me criait de ne pas y aller. Une femme d'une trentaine d'années se tenait face à lui, elle était grande et ses cheveux noués en l'arrière étaient aussi noirs que ceux de Tyler, elle tenait un pistolet qui lui échappa des mains. Il asséna un méchant coup à son adversaire qui fléchit. Il lui plaqua l'arme sur la tempe, il me lança un regard furtif et fit non de la tête. Je hochais la tête en retour; me montrer devant elle aurait été fou, tout le monde aurait su que je me trouvais ici. Je me précipitai vers la porte de l'arrière de la maison et fis le tour du jardin et attendis plus loin dans la rue, paisible, comparé à l'agitation précédente. J'attendis, et au bout de cinq minutes, Tyler surgit de nul part, l'air fatigué. Je vins à sa rencontre :

" - Qui est cette femme ? Qu'en as-tu fait ? 

- La propriétaire de la maison et accessoirement une de ceux qui te recherchent, je l'ai enfermée et ligotée à la cave avec une bouteille d'eau et du pain dur, il y sera pour un moment, quelle garce, elle se bat aussi bien que moi, elle fait une sorte de karaté, tu te rends compte, n'importe quoi ! 

- Quelle abomination de la nature, une femme plus âgée qui a failli te battre...

- Tais-toi je t'ai sauvé la mise, je te signale, une fois de plus. 

- Je devrais te remercier. 

- (Il ria.) Qu'est-ce qui t'en empêche ?

- Je comprends pas pourquoi tu m'aides.

- Est-ce si bizarre que quelqu'un puisse t'aider un jour ou l'autre ?

- Oui, tu es recherché à cause de moi et pourtant tu persistes à m'aider...et ce n'est pas comme si tu étais un genre de saint, tu m'as l'air plutôt doué en évasion, en arnaque, tu connais Ethan Fields, et tu sais bien te battre pour un simple lycéen de dix-huit ans.

Ses traits se durcirent. 

- Bon résonnement. 

- Tu esquives chaque réponse. Tu ne dis rien. 

Des plis se formèrent sur son front.

- Tu fais exactement pareil ! Je vais te dire, tu n'es pas la seule personne qui a dû survivre seule, mon père se fichait bien de moi et ma mère, je n'en ai jamais entendu parlé. J'ai passé ma vie à gagner mon propre argent et à voler, je n'ai pas fait que des choses très catholiques. Tu ne m'as pas l'air si innocente non plus... Tu penses vraiment que je crois à tes histoires ?! Ces hommes là ne te cherchent pas à ce point uniquement parce que tu as vu à survécu. Ils te recherchent car tu as quelque chose sur leur chef haut-placé. Quelque chose de si précieux qui se situe dans la double couture de ton sac-à-dos. J'aimerais comprendre pourquoi tu es dans cette situation et surtout j'aimerais moi-même en sortir, mais tu ne fais confiance à personne, même pas à la personne qui vient de te sauver la vie à plusieurs reprises. Je sais que tu penses que j'attends le moment opportun pour te livrer à eux mais tu as tort. Je ne nie pas l'avoir envisagé mais je...ne peux pas. (Son ton redescendit, il se calma et afficha cette expression froide et moqueuse dont il avait le secret.) Je t'aide parce que... A deux, on a plus de chance de s'en sortir vivant. " lâcha-t-il.

Je restais muette, je l'avais un peu cherché. Je remballais mon air provocateur et ma fierté avec, et tentai d'arranger la situation :

" - Alors...merci pour les fois où tu m'as aidé. De temps en temps, ce n'est pas si déplaisant de ne pas être seule. Et pour ce que je détiens, c'est une clé USB qui est cachée dans la doublure de mon sac comme tu l'as dit, il y a toutes les enquêtes policières et les échanges que mon père a fait durant l'enquête qu'il menait. Dans de nombreux mails, il parle avec un ami, un certain Thomas, d'une personne qui gère un grand nombre de trafic et il ne mentionne pas son identité nul part, il a récupéré un objet qui lui appartient et je l'ai en ma possession, c'est un stupide collier avec un code mais je n'ai jamais réussi à en comprendre le sens. Aujourd'hui j'ai une fois de plus remarqué que ce Bradley Adams délivrait souvent les ordres donc il doit avoir de grandes responsabilités dans l'organisation et donc un lien celui qui a fait tué ou bien tué mes parents. " 

Je déglutis fixant ses iris bleus. Il hocha la tête et l'on se remit en route sans un mot. Je cherchais un hôtel où passer la nuit, évidement les prix en dans les zones touristiques fréquentables Californie étaient inabordables. Le seul lieu qui ne dépassait pas trop nos maigres moyens était une chambre miteuse dans un hôtel on ne peut plus miteux mais qui avait le privilège de se situer non loin de la mer. Une bien maigre consolation malgré tout. Je n'avais plus la force de réfléchir, tout ce voyage m'avait épuisée, je m'affalai sur mon lit et fermai les yeux.


The girl who is on the run.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant