4-Émy

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Cambray

Je poussais le plus doucement possible la porte de ma maison dans le but que le porc me servant de père ne se lève pas du canapé. Je la refermais aussi doucement que je l'avais ouverte. J'entendais des pas se rapprocher. Cela faisait deux jours que je faisais tout l'éviter.

-"Alors comme ça, tu étais dehors ?! dit-il d'une voix calme qui me fit trembler.

-Non... mentis-je, mal assurée.

-Et tu me prends pour un con en plus ?!?! cria-t-il en s'approchant dangereusement de moi."

J'étais resté collée à la porte. Il posa violemment sa main a quelques centimètres de mon visage, sur la porte. Il puait l'alcool, comme chaque soir.

-"Avec qui étais-tu ?

-Personne... dis-je le souffle coupé.

-A oui, personne ? Il eue un rictus nerveux. À qui est cette veste alors ?!

-Je l'ai trouvée...

-PUTAIN !! cria-t-il. JE NE VEUX PAS QUE TU VOIS DES GENS BORDEL !! Tu m'entends ?!"

Il me mit une baffe qui me fit tomber par terre. Cela fait 6 mois qu'il était devenu alcoolique. Après la mort de ma tante. Ma mère s'était barrée à mes 6 ans, pensant bêtement que je n'aurais plus besoin d'elle. Quelle conne. Donc pas de maman sauveuse ou autre chose. Ma tante, mon père l'admirait, c'était SA GRANDE SŒUR. L'héroïne de sa vie. Moi je ne l'avais vu que 2 ou 3 fois et je ne la tenais pas spécialement dans mon cœur. Cela faisait donc 6 mois qu'elle avait plongé dans la tombe et mon père ne l'avait pas supporté. Et donc depuis 6 mois, il menaçait de me frapper si je voyais d'autres personnes que lui ou mes professeurs et il avait déjà mit ses menaces à exécution. Je ne savais toujours pas pourquoi il faisait ça, peut être l'envie d'un deuil général.

Je le poussais et montais les escaliers menant à ma chambre. Je m'enfermais à double tours et me laissais glisser le long de ma porte. J'avais toujours Sa veste dans les bras. Elle était noire et sûrment en cuire. Je la serrais fort. Elle me rassurait sans que je sache pourquoi. Elle avait encore l'odeur de sel de ce fameux Aaron. Aaron Young...

-"Quel connard !! Me dire ça comme ça !! "Ma la vie doit reprendre son court" ou un truc du genre..."

Une larme coula de ma joue, encore. J'en avais marre de pleurer. Cela n'avait jamais été dans mon caractère de pleurer et cela ne le serrait jamais. JAMAIS.

-"Et merde !! Putain !! Je gueulais. Pour qui il se prend lui ?! Et l'autre porc aussi ?! Pour qui ils se prennent ces cons ?!"

Je ravalais mes larmes et fermais les yeux. Immédiatement, l'image du visage d'Aaron me vint à l'esprit. Je ne voulais pas penser à lui, à quelqu'un comme lui. Il m'exaspérais avec son : "la vie doit reprendre son court" ! Je croyais qu'il y avait quelque chose. Il n'avait par l'air comme tout ces garçons qui vous laissent tomber comme des vieux mouchoirs. En fait il en faisait parti. Je pensais qu'il pourrait m'aider et je que pourrais l'aider aussi. Et merde alors ! Je n'allais pas me laisser abattre par ça !

-"Je suis une revival merde !! I'm a warrior !! fuckin' guys !! Je criais encore plus fort pour me convaincre toute seule."

Je décidais de ne plus penser à Aaron......mais de quand même garder sa veste. Oui. Mais un gros problème venait me hanter. Mon père. Alors je me dis que cette résolution de contrôler mes pensées serait mise de côté ce soir. Je pensais donc à Lui et à Sa veste, celle que j'avais dans les bras, celle que je serrais contre ma poitrine, celle qui me tenait chaud et celle dont l'odeur me rassurait. Je me surpris à imaginer ce garçon exaspérant à la place de sa veste. Je m'endormis contre ma porte bercée par cette pensée.

***

Je me réveillais le lendemain matin, toujours sur le sol à côté de ma porte. Je ne bougeais pas. J'étais bien dans cette position. Les rayons du soleil traversaient mes rideaux et une lumière orange-âtre envahissait ma chambre. Cette chambre, je la connaissais depuis mes 7 ans. Cela faisait donc déjà 10 ans que le poster du groupe Queen était sur le mur, juste au dessus de mon bureau. 10 ans que je gardais le même et classique ours en peluche marron délavé sur mon lit, à côté de mon oreiller. 10 ans que chaque mercredi après-midi je regardais par cette fenêtre sur la-quelle j'avais collé toute sorte de dessins fait par toute sorte de personnes. De anciennes amies ou connaissances, sûrement. Je repassais le fil de ma journée d'hier : Réveil, Cours, Balade,..........Aaron et le porc. Aaron. Le porc. Aaron. Le porc. La veste d'Aaron... Sa veste ?!?! Où était-elle ?!?! D'un coup, le stress monta en moi. Puis je la vis, étalée par terre, a quelques centimètres de mon pied. Le stress redescendit. Je la pris et la regardais plus attentivement. Elle étais très belle. Je me demandais comment il avait eue cette veste.
soudain je pris conscience de l'heure qu'il était : 9h 37.

-"Déjà ?!?!"

J'étais en retard. Très en retard. J'avais rendez-vous avec Jérémy, un gars avec qui je travaillais en biologie sur un exposé portant sur les micros-organismes unicellulaires. Il me faisait du rentre dedans à chaque fois que je le voyais. Pathétique...

***

Après une engueulade avec mon père et 15 minutes de marche, j'arrivais enfin au point du rendez-vous. J'entrais dans le parc le moins connu de toute la ville, celui ou les enfants avaient peur d'aller à cause d'ados punks qui semaient la terreur. Je ris intérieurement à ce que je venais que penser. Il était assis a une table en bois près d'un arbre, au soleil. En été, je détestais rester assise au soleil. J'avais à chaque fois l'impression d'être une saucisse dans un micro-onde. Puis d'un coup je m'arrêtais. Je venais de Le voir, et Il m'avait vu aussi. Je ne bougeais pas. Aaron. Que faisait-il ici ?
 Pourquoi ? Pourquoi pas ? Non ! Non ? Oui ? Non ! Oui....... Je le fixait. Une fille lui parlait mais il ne l'écoutait pas. IL me regardait, sans ciller. Puis il couru. Vers moi.

Le Tour de ton MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant