La gare est là, elle me fait face. Il me reste encore une quinzaine de minutes avant le départ de mon train alors je me laisse à une escale dans un Starbucks Coffee où je me prends un café aux noisettes; absolument délicieux. C'est tout de même réconfortant, mais ça me rappelle tout autant ma première rencontre avec la bande d'amis de Thomas. Y a-t-il une seule chose qui ne m'y fait pas penser? Bientôt ce vieux chewing-gum mâché traînant sur le quai me rappelera un souvenir qui me fera penser aux bons moments passés ensemble si ça continue!
Je vois le train arriver après un petit moment d'attente (pour une fois qu'il n'est pas en retard!) et serre dans mes doigts la poignée de ma valise qui semble peser des tonnes. Ma détermination se perds mais je dois y aller; calant bien mon sac sur mon épaule et ma valise dans ma main, je m'avance à contre coeur vers le train. Le contrôleur vérifie mon ticket et là, je peux prendre place à côté de la fenêtre qui donne sur le quai, regarder une dernière fois la beauté de Londres, ville qui m'a chaleureusement accueillie. J'ai le coeur en miette et tremble de tous mes membres, quelle sensation horrible! Voilà que je quitte tout! Mais est-ce que tout sera réellement fini quand je serais rentrée en France? Je n'ai aucune envie de rentrer, non, pas chez moi. Pas dans ma petite maison froide avec comme seule compagnie deux parents dépressifs et le chien des voisins qui hurle à tout bout de champs. Je n'ai aucune envie de revoir des gens de mon entourage français, tous aussi ignobles les uns des autres. Je ne comptais pour aucune d'eux et ils me dégoûtent tous autant qu'ils sont, pas étonnant que j'ai tant voulu sortir du pays; pourtant je vais devoir m'y résoudre à retourner. Je soupire en me fondant dans le siège, les mains enfoncées dans les poches, mes yeux fermés. J'attends que le train démarre avec le coeur serré. Mes doigts de la main droite, aussi moites soient-ils, tâtent quelques chose de forme ovale au fond de ma poche que je ne me souvenais pas avoir mis là. La chose est solide mais se froisse à certain endroit; je la sors de ma poche pour l'examiner de plus près avec un froncement de sourcils incertain.
C'est un papier doré qui laisse deviner des inscriptions argentées. Et ce papier... Ce papier enveloppe une simple friandise; un caramel.
Je le tourne et retourne entre mes doigts alors que ma mâchoire se met à trembler et que des larmes roulent, sans que je puisse faire autrement, sur mes joues. Comment... Comment a-t-il pu le mettre dans ma veste? Il pensait donc toujours à moi. Cette simple sucrerie fait tout basculer, tout chavirer. Les gens doivent se demander pourquoi je pleure à chaude larme à la vue d'un bonbon, mais pour moi ça a tout son sens. Je passe une main dans mes cheveux; je revois parfaitement la scène...***
"Ça fait longtemps que j'en ai pas mangé." Dit-il en fixant un point devant lui, tout comme moi.
Il me regarde enfin et m'examine attentivement. Je tourne la tête pour l'interroger du regard. Il lève un des caramels au niveau de ma tête et alterne le regard entre nous deux.
"Tes cheveux ont la même couleur."
"C'est un rapprochement bizarre." Dis-je en riant.
Il fait mine de lancer le caramel, je comprends directement et ouvre la bouche. Le bonbon atteind son but et tombe dans ma cavité bucal. Thomas triomphe en levant le poing.
"Mon p'tit caramel!"
***
Je serre le pauvre bonbon entre mes doigts avec rage et tristesse; j'ai tout foutu en l'air. Ma vue est brouillée par les larmes, je touche le fond.
J'ose un dernier regard vers la fenêtre quand le conducteur annonce le dernier rappel avant la fermeture des portes avec nostalgie sans me calmer pour autant. Ai-je déjà autant pleuré en une si courte période dans toute ma vie?
Pourtant ce sont les dernières larmes qui coulent sur mes joues quand subitement mes sourcils se haussent et mon regard s'illumine.
Ça se passe dehors, la foule de gens pressés s'aglutinent pour prendre leur prochain train. Mais il y a quelque chose d'autres, des personnes énervées qui râlent contre quelqu'un. Quelqu'un qui fend la foule en poussant les gens de toute sa force. Il est dans un long manteau brun que je reconnaîtrais entre mille, faisant de grands gestes à l'adresse de toutes les fenêtres de mon train. Il a l'air paniqué, dépité, désespéré et tout en alerte à la fois. Je me lève d'un bond de mon siège en le regardant comme si tout ça était irréel, complètement fou et... Magique. Enfin ma bonne conscience reprend le dessus, je me retourne d'un coup sec en empoignant mes bagages et sort de la cabine pour rejoindre le contrôleur qui s'apprête à fermer les portes.
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London Calling [TBS/DOB]
Fiksi Penggemar❝Je n'aime pas les résumés, ils en disent trop sur l'histoire, vous ne trouvez pas? Par après, il est vrai qu'un lecteur se rapporte au résumé pour savoir si oui ou non, cette fiction lui conviendrait. Mais je suis quelqu'un d'imprévisible et j'aime...