Au Cœur Des Ténèbres

Prologue

Et si vous deviez vendre votre âme au Diable pour sauver un être cher, le feriez-vous ?
Peu importe le nombre de contrats signés, la quantité de sang versée et l'importance de vies brisées, il est des choses qui sont inévitables.
Le mal et le bien.
Ces deux opposés se mélangent, s'assemblent et se ressemblent, devenant alors méconnaissables.
Il ne reste plus qu'à espérer que cette fois, la fin soit différente.

Domicile familial

Mes parents se trouvaient dans le salon et discutaient de la visite prochaine de mes grand-parents à l'occasion de l'anniversaire de ma mère.
Je m'apprêtais à sortir lorsque l'un d'eux m'interpela.

Père - Peux-tu remonter un pack d'eau de la cave, ma chéri ?

Je poussai un soupir d'agacement. N'aurait-il pas pu le faire lui même ?
Il savait pertinemment que le jeune homme de l'horlogerie ne m'attendrait pas pour fermer sa boutique et le cadeau de ma mère non plus.
Je lançai un regard exaspéré en direction du salon puis me dirigeais vers la porte de la cave.
Notre maison était grande bien qu'un peu ancienne; sa décoration soigneusement décidée par maman rendait l'endroit chaleureux et très accueillant contrairement au sous-sol qui me mettais profondément mal à l'aise.
Sombre et humide quelques fois durant l'hiver, les termites rongeaient avec joie le bois des murs malgrè les travaux entrepris par mon père.

La cave servait un peu de fourre-tout : la caisse à outil du père, mes vieux jouets d'enfant, un vélo inutilisé, des cahiers d'école, des cartons de vêtements...
La présence de tous ces objets familers aurait dû me rassurer mais à chaque fois que je pénètrais dans ce lieu isolé de la maison, un sentiment de malaise mêlé à une nostalgie profonde me saisissait.

L'endroit habituellement froid ne me donnait pas que de simples frissons, j'en avais aussi une peur terrible.
Une sensation déchirante m'agrippa la gorge, me suffoqua et fit venir les larmes à mes yeux.
Mes jambes me portèrent à peine tandis que mes mains tremblaient violemment, tentant désespérément d'allumer la lumière.

«Boumboum boumboum»

Le cœur battant la chamade et le souffle coupé, j'actionnai finalement l'interrupteur qui fit disparaître l'obscurité.
Je m'adossai contre le mur, vidé de toute énergie et peinant à reprendre mon souffle.

Reprend-toi Chiyo. Il n'y a que les enfants pour avoir peur du noir et de la cave... Me rassurait-je.

La porte condamnée par papa à notre arrivée attira mon attention, elle ne dégageait rien de particulier et pourtant mes yeux ne parvenaient pas à s'en détacher.
Que la cave fut éclairée sembla avoir un effet apaisant sur mon être et dispersait la panique qui s'était emparée de moi quelques minutes auparavant.
Mon regard quitta finalement la porte,s'arrêtant sur quatre peluches.
Celles-ci étaient alignées sur une vieille étagère.
La première représentait un chat au pelage brun et au yeux verts pétillant de malice ; assis sur ses pattes arrière, il tendait ses deux pattes avant en dirrection d'un point invisible. Une expression prétentieuse se dégageait de lui, prétention bien peu féline.
Une certaine tristesse venait s'ajouter autour, le laissant une impression mitigée.
Je ne savais pas s'il me fallais esquisser un sourire en réponse à la malice du chat ou bien compatir à sa souffrance.
Plus bas, un dragon s'étendait de tout son long en hauteur, une épée enflammé gisant devant lui.
Ses yeux ambrés semblaient pouvoir lire jusqu'aux tréfonds de l'âme, un sentiment inconnu et quelque peu déroutant.
Plus que la beauté cette peluche, il émanait d'elle une aura noble et puissante.
Enfin, sur l'étage situé au centre, un aigle et un faucon se faisaient face.
Leurs pupilles rétrécies et menaçantes,pourtant si différentes, dissimulaient bien plus de similitudes qu'un simple coup d'œil aurait pu le laisser croire. Ailes déployées, bec à bec, les deux rapaces s'affrontaient silencieusement.
En les contemplant, je ne pus m'empêcher de songer qu'un lien mystérieux existait entre eux.
Ma première réaction fut de tendre la main pour attraper le dragon et son épée de feux...