Depuis deux petites heures la jeune Cabello était sous mes ordres, c'était un réel plaisir d'avoir ce pouvoir sur une personne aussi désirable. J'avais l'impression d'avoir remporté un tournoi de poker, et empoché le jackpot dans la foulée.
Installée à mon bureau, la cigarette entre les lèvres, voilà que je tapote sur le clavier de ce MacBook depuis maintenant deux heures : Cabello oit s'être renfermée dans l'une des chambres qu'on lui a préparé. Elle avait pu rejoindre ses appartements, je suppose ! Le calme complet, c'était foutrement apaisant : j'avais enfin terminé d'écrire ces mails insignifiants, purement faux-cul, histoire de faire preuve de sociabilité et de professionnalisme face à nos plus gros clients, les plus gros poissons. J'avais quelques petits soucis avec certains concurrents, mais j'étais la patronne d'une usine à fric, que beaucoup convoitait : et rien ne m'échappait ! J'avais toujours tout sous contrôle.
Je relâche toute pression autour de mon foutu Mac, me laissant aller dans ce fauteuil en cuir, à apprécier ce silence reposant. Je tire une unième latte sur cette clope qui se consume entre mes doigts avant de l'écraser vulgairement dans le cendrier, parmi tous ces autres mégots insignifiants.
C'est alors, contre toute attente, qu'une musique parvient jusqu'à ma chambre, cette pièce dans laquelle je passais la plus grande partie de mon temps à me relaxer : car j'avais beau être une ordure finie, qui pourrissait à mesure que le temps avançait, j'avais mes failles, mes faiblesses. Alors cet air de Jazz qui s'éveille, qui perce le silence habituel a le don de me crisper. C'est avec la mâchoire serrée, et un air froid au possible que je franchis le seuil de ma propre chambre pour me rendre dans cette autre pièce avoisinante. J'y pénètre sans plus attendre... et quelle surprise ! La Cabello est là, au centre de sa chambre, vêtue d'un slim noir qui la met en valeur, d'un soutien-gorge de sport sombre, sur lequel réside cette fameuse virgule blanche connue de tous. Elle écoute Nina Simone.
« Tu peux m'dire à quoi tu joues exactement ? » à l'entente de ma voix rocailleuse et froide elle sursaute pour enfin me faire face. « Je m'entraîne... » me répond-elle d'un naturel presque agaçant, comme si cela paraissait évident. « Tu t'entraînes ? Pas besoin de s'entraîner pour faire la tapin Cabello... Ecarte simplement les cuisses et ça devrait aller. » je lui lance ma tirade sans aucun scrupule. « C'est ça ton problème Lauren... tu sais pas t'exprimer autrement que vulgairement » Je mords l'intérieur de ma joue, l'observant encore une fois. Et l'air de rien la voilà qui se remet en position face à cette fenêtre par delà laquelle la lumière du jour s'infiltre. Elle prend une longue inspiration, assez longue pour que je puisse voir ses épaules se relever, son dos se redresser, son derrière se cambrer posément. Et c'est ainsi qu'elle laisse cette douce mélodie la posséder et que je vois Cabello enchaîner des mouvements lents, ses bras se tendent, s'étendent dans une sensualité quasi-inouïe, flottant dans l'air, ses jambes qui avancent, puis qui reculent lascivement. J'allume une unième clope, en la regardant se prélasser de la sorte : une danse ivre de sobriété, quel beau mélange. Elle danse, la fausse-allumeuse, et c'est charmant à souhait. Je reste là. Elle remarque ma présence dès que sa danse l'incite à se retourner dans ma direction. Alors je le vois dans ses yeux, sa détermination, elle sait ce qu'elle fait : elle est sûre d'elle. J'en oublie ma clope entre mes lèvres, voilà que la situation m'échappe... et les situations ne m'échappent jamais ! « Si tu veux jouer au chat et à la souris, Jauregui, quel rôle penses-tu avoir à l'instant même ? » me dit-elle, tel un félin prêt à bondir sur sa proie. Je tire enfin sur ma clope la cendre finissant sa course sur le sol et c'est dans un demi-sourire que je rétorque : « je te paye et t'exécutes, je te demande rien de plus » et c'est alors qu'elle se met à sourire, stoppant ses mouvements pour se contenter d'une chose : m'observer. « C'est faux ! Des nanas tu aurais pu en avoir des tas, t'en as jamais emmené une seule à croupir dans ta demeure une semaine durant, exceptée ma personne... T'utilises ta thune parce-que c'est tout ce que t'as aujourd'hui, vide de passion, d'envie, de désir... » Elle marquait un point. Je serre les dents, et je finis par lui lancer un sourire presque carnassier. Je retrouvais là la Cabello que j'avais vu à Oxford, l'étudiante, la Cabello qui me tenait tête.
« Mademoiselle Jauregui, vous n'avez pas oublié votre gala de charité ce soir, vos plus gros clients seront présents... nous avons mit tout en place pour que votre demeure soit présentable : le traiteur est arrivé, et les serveurs aussi. Pour le vin et le champagne comme d'habitude ? »
Heureusement que le major-d'homme venait de faire son entrée, car je n'aurai fait qu'une petite bouchée de la demoiselle qui osait me tenir tête, encore aujourd'hui. Je m'éclipse de la chambre dans laquelle elle logera toute cette semaine. J'en avais presque oublié cette soirée sordide avec ces récents événements.
« Trouvez-lui une robe, quelque chose à s'mettre sur le dos pour ce soir... » je jette un regard à la petite féline qui n'a pas perdu une bride de la conversation. Elle semble presque confiante à en juger par ce rictus provocant qui prend place sur ses douces lèvres. Henry s'éclipse alors : me laissant seule avec elle.
Et c'est à mon tour de sourire.
« Le jeu du chat et de la souris commence dès maintenant. » dis-je simplement d'une voix douce, tout en rejoignant le rez-de-chaussée de ce manoir dans lequel j'habite, allant à la rencontre des organisateurs de cette dite soirée qui allait commencer d'ici quelques heures.
Cette soirée allait être parfaite, exquise même.
Je tenais à m'excuser pour cet horrible retard. Mais je fais au mieux dernièrement, la suite arrivera au plus vite, je vous le promets. Ce n'est que la première partie d'un chapitre, comme ça je vous donne quelque chose à lire, et je peux potasser le reste rapidement : tout le monde est content !
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Mea-culpa | camren
FanfictionL'une a tout gagné, l'autre a tout perdu. L'une a bien joué, tandis que l'autre non. De tous les coups de poker plausibles ; au delà du bluff et de ses limites, il existe aussi - la dame de cœur.