Partie IV

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A la suite de cette soirée post-gala plutôt riche en rebondissements je m'étais écroulée sur le large canapé du salon. Munie d'une bouteille de vin de grande renommée, et d'un joint que j'avais roulé dans la foulée : en d'autres termes, je m'étais bourrée, et défoncée, la gueule en solo. Histoire d'oublier, l'espace de quelques heures, ce passé qui tâchait de resurgir un peu trop rapidement à mon goût.

Seulement voilà, allongée sur ce sofa, en train de colmater comme il se doit: je suis bien vite tirer de mon sommeil. Une voix féminine hèle mon prénom à quelques reprises, une voix féminine que je n'avais pas entendu depuis bien des mois maintenant, une voix dont j'aurai pu me passer. 

« Lauren Michelle Jauregui ! » Et merde ! Il n'y avait qu'une seule et unique personne encore apte à hurler mon prénom de la sorte, à me sermonner de la sorte, et à user de "Michelle" de la sorte! Taylor ! Ni une ni deux, avant même qu'elle ne fasse irruption dans cet immense salon qui puait le crack et l'alcool, je me relève de ce canapé tant bien que mal en me refroquant au passage. Je retire mon nœud papillon, rattache ma chemise blanche tachetée de vin rouge, veillant à lisser les plis de mon pantalon par la même occasion ! Loupée ! La voilà bientôt qui pousse les portes de cette grande pièce, dans un brouhaha qui n'arrange en rien mon mal de crâne carabiné. Henry semble tout penaud à ses côtés, il avait probablement essayé de la retenir encore quelques instants.« Tiens donc ! Un gala de charité, une demeure dégueulasse,une dégaine hideuse : papa serait ravi. » lâche-t-elle dans une grâce sans paraître, avec une rancœur certaine. Elle a toujours ce petit air supérieur, ma soeur, alors qu'elle observe attentivement la pièce, « Je voulais passer pour voir si tout tallait bien, apparemment rien ne change réellement. Tu es bien son portrait craché... » finit-elle par souffler à voix basse, ses yeux venant se plonger dans les miens.

Parce-que oui, aux yeux de ma charmante famille, je n'étais que la ré-incarnation de mon paternel. A la différence que j'étais une femme. Et tout ce qui pouvait rappeler mon père n'inspirait que dégoût, haut le cœur, vomissement autour de ma personne. Il faut dire qu'il avait ignoré, humilié ma sœur... Sans oublier les tromperies. Mon père fréquentant les femmes, et ce malgré son engagement auprès de ma mère. Ils s'étaient quittés, puis rabibochés... et enfin, ils avaient divorcé avant son décès. Donc être le portrait craché de mon père était une insulte aux yeux de tous, alors que cela sonnait comme un compliment pour ma part.

« La prochaine fois que tu passes, laisse un message...» déclarais-je simplement en attrapant une bouteille de vin environnante, dans laquelle résidait un fond d'alcool. J'ose alors en boire une gorgée que j'ai, malgré moi, beaucoup de mal à avaler. « Ce n'est pas faute d'avoir essayé de te contacter à ton travail, sur ton propre téléphone : mais tu étais soit en réunion, ou soit je tombais sur le répondeur... bloquée ta famille, t'as pas honte Lauren? » Je la jonche froidement, m'apprêtant à lui dire clairement d'aller se faire voir, voilà que j'aperçois la silhouette matinale de Cabello qui surgit dans ce grand salon. Un simple coup d'oeil aux alentours lui permet de comprendre ce qu'ils'est passé cette nuit, de mon côté. Elle ose observer ma petite sœur. Tout semble se transmettre dans ce simple regard qu'elles échangent. Merde ! Elles se connaissaient, bien sûr qu'elles se connaissaient : mon entourage connaissait Cabello. Mon entourage connaissait toute la famille Cabello.

« Camila Cabello... » lâche ma petite sœur, surprise, soucieuse... presque inquiète. Cabello reste stoïque, tirant sur sa robe débraillée, ne parlons pas de ses cheveux ébouriffés qui s'éparpillent dans tous les sens, ou de son maquillage qui a coulé,laissant des marques noires le long de ses fossettes. « Mais... pourqu... enfin... qu'est-ce que... ? » bégaye Taylor en laissant son regard interrogateur nous observer à tour de rôle.Comme si j'avais des comptes à lui rendre tiens ! « Oui c'est bien Cabello ! » soufflais-je en observant la concernée. « Oh... je vois-je vois... Comment vont tes parents? » l'interroge-t-elle rapidement. Sa question m'envoie une décharge dans tout le corps. La peste ! Elle engageait un sujet que je ne souhaitais pas aborder. Et pourtant Cabello n'éprouve aucun mal à y répondre. « Mon père toujours sans un sous, il a sombré dans l'alcoolisme... Ma mère a fermé son école de danse,elle est partie s'installer en France... » rétorque-t-elle sans aucune once de honte. La tête haute, et ce malgré sa dégaine,malgré la honte qu'elle avait pu éprouver à une certaine période. Ce charisme, cette silhouette... Je la connaissais que trop bien.

Mea-culpa | camrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant