La nuit avait été agitée.
A commencer par ces rêves, ou plutôt devrais-je dire, ces souvenirs qui ne faisaient que remonter à la surface depuis que je l'avais revu dans ce club. Elle. Elle qui dansait lascivement sur ce morceau au rythme lent, bourré de sensualité s'accordant à la perfection avec les mouvements de son corps qu'elle effectuait sur cette scène. Son corps merveilleux muni de ses formes alléchantes, ses hanches aguicheuses, sa poitrine compressée dans ce soutien-gorge que j'avais maudit dès qu'elle avait commencé à se déhancher. Au centre de cette salle qui puait le sexe, le désir : au centre de l'attention. Elle. Elle se tenait là. Cabello. Celle que je détestais passionnément.
Aux aurores j'étais d'ores et déjà prête, à siroter un verre de whisky dans ce large bureau. Il était bientôt 8h du matin et le soleil s'était levé il y a bientôt une heure sur la capitale. Les rayons s'étaient infiltrés par l'immense baie, la lumière du jour inondant mon bureau de toute part.; Appuyée contre le rebord de ce bureau je restais stoïque, observant le fond de whisky qui résidait dans mon verre. Aujourd'hui allait être une longue et bien périlleuse journée, encore une fois. J'avais rendez-vous avec mon avocat dans un peu moins d'une heure dans l'enceinte même de cet empire dont j'étais reine désormais. Au sommet de cette haute tour qui surplombait la ville londonienne. A cette pensée je vide mon verre d'un coup sec, inclinant ma tête vers l'arrière avant d'entendre la voix d'Henry qui vient de m'interrompre dans ce moment de solitude et de questionnement intense.
"Madame, Miss Cabello... elle n'est pas rentrée de la nuit..." me prévint-il, soucieux, alors que je reste dos à lui, sans effectuer un seul mouvement. Elle n'était pas rentrée, elle avait eu mieux à faire oui, d'après ce qu'elle m'avait fait comprendre la veille. Je dépose ce verre vide sur le bureau pour enfin lui faire face en saisissant mon blazer noir que j'enfile en m'avançant dans sa direction. "Et bien, prévenez-moi quand mademoiselle fera son grand retour, car elle reviendra!" déclarais-je simplement en passant à ses côtés. J'étais peut-être un peu trop sûre de moi, je dois l'avouer, mais ou pouvait-elle bien aller autrement? Y avait-il un meilleur toit que le mien ici-même à Londres? Alors que j'allais m'aventurer dans ce long corridor en retroussant les manches de mon blazer voilà que la voix d'Henry résonne une nouvelle fois dans mon dos. "Madame, si je puis me permettre, Miss Cabello était accompagnée d'un homme hier soir..." sans plus attendre je me stoppe. Était-ce une mauvaise blague? "Pardon?" lançais-je à l'égard de mon major-d'homme qui n'y peut rien. "Un homme est passé la chercher hier soir, et je crains qu'il ne s'agisse Monsieur Finigan..." déclare-t-il naturellement, bien qu'un peu soucieux. Il pouvait l'être en effet, je venais de boire deux verres de whisky et il n'était même pas encore 9h. Je vois rouge soudainement. Et pourtant je lâche un éclat de rire. "Monsieur-Monsieur Finigan... mon futur associé, celui avec qui j'ai rendez-vous aujourd'hui?" lui déclarais-je froidement. "En effet Madame" se contente de me répondre Henry.
Oui, il y avait peut-être un toit équitable au mien, ici-même à Londres. Et à cette pensée, je me mets à serrer les poings pour enfin quitter ce manoir sans dire un mot de plus.
Dès que je passe les portes de l'élévateur, je me dirige jusqu'en direction de mon bureau qui se trouve au bout du couloir. En faisant irruption dans l'open-space je fais instantanément taire toutes ces discussions inutiles à mesure que j'avance parmi ces rangés de bureaux. Quelques regards curieux osent se poser sur ma personne, et c'est bientôt James, mon bras droit qui vient à ma rencontre. Armé d'un calepin et d'un crayon le voilà qui m'énumère toutes mes réunions de la journée. "Alors votre - votre avocat est déjà dans votre bureau, Monsieur Finigan viendra un peu plus tôt finalement aux alentours de midi - et puis votre mère m'a encore laissé un message..." m'informe-t-il, débitant ce flot de paroles sans même prendre le temps de respirer un temps soit peu. "Que disait-il?" l'interrogeais-je en arrivant au niveau de mon office. "Quoi-quoi donc, Madame?" me questionne-t-il. "Le message de ma mère, merde : que disait-il?" Il s'empresse de sortir un post-it de sa poche, bafouillant quelques mots d'excuses incompréhensibles au passage. "Je pensais que vous ne vouliez pas des messages de votre mère enfin, débute-t-il en observant ma silhouette avant de se reprendre et de poursuivre après s'être raclé la gorge, et bien voilà : 'Lauren, il serait peut-être temps de croire aux signes de la vie.'"
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Mea-culpa | camren
FanfictionL'une a tout gagné, l'autre a tout perdu. L'une a bien joué, tandis que l'autre non. De tous les coups de poker plausibles ; au delà du bluff et de ses limites, il existe aussi - la dame de cœur.