"Camila, s'il-te-plaît..."
Arthur Cabello se retourne vers ma personne alors que mon regard reste braqué sur cet élévateur qui vient de se refermer, révélant au grand jour la vérité qu'on avait tenté d'étouffer, de préserver le plus longtemps possible. A l'intérieur de mon crâne j'entends les coups du brigadier s'abattant franchement sur le plancher du théâtre de ma vie. Les trois coups tonnent, et le rideau semble s'ouvrir sur le visage de mon père qui m'observe avec un désespoir certain - je lis la peur dans ses yeux, puis je sens cette nervosité qui s'empare de tout son être. Il a cette manière bien particulière de déglutir, cette façon de triturer les manches de son costard qui le trahissent. C'est comme si les projecteurs étaient braqués sur ma personne, comme si le public était étendu sous mon regard à l'affût de la moindre de mes réactions. Le souffle court voilà que je referme mes lourdes paupières, inhalant suffisamment d'air pour ne pas me laisser abattre par un nouveau coup bas. Alors doucement je relève le menton, arborant cet air serein sans rien laisser transparaître.
Et voilà que je le regarde. J'ignore combien de temps nous restons ainsi à nous observer. Une minute, peut-être deux... Je viens de m'emparer d'une carte sacrément avantageuse, je crois que j'ai finalement ma place autour de cette table de poker.
"Tout se passe comme vous le voulez?" et voilà que la voix de Steeve se fait entendre, juste derrière ma personne ; je le sens passer son bras autour de ma taille, m'attirant contre lui sans plus tarder. Je continue de fixer mon paternel qui, suite aux récents événements, semble plutôt soucieux, nerveux.
"Tout va très bien..." finis-je par souffler d'une voix douce en me retournant vers cet homme avant que je ne glisse une main contre sa joue. Je l'observe un long moment, et il commence à me sourire, à apprécier le fait que je me lâche d'autant plus en sa compagnie. L'alcool m'aidait beaucoup en cet instant précis.
Steeve m'entraîne en direction de ce chapiteau illuminé, là ou les verres s'enchaînent. Alors sans plus attendre voilà que je l'accompagne, me contentant de jeter un dernier regard en direction de mon paternel. Il n'a pas bougé.
Je crois qu'il vient, malgré lui, de me montrer son jeu de cartes.
Le soir même, et ce pour la toute première fois, j'étais rentrée avec Steeve. J'avais accepté son unième invitation. Ce même soir nous avions partagé le même lit, je m'étais laissé aller en sa compagnie - lui pour combler son attirance évidente envers ma personne, moi pour me vider la tête de ces trahisons à outrance, de ces manipulations, ces mensonges et tout ce qui s'y assemble. La nuit avait été courte, c'est complètement éméchés que nous avions fait notre entrée au sein de cet appartement plutôt grandiose qui nous donnait une vue improbable sur l'Hyde Park. C'est dans ce sale état qu'il m'avait entraîné au sein de sa chambre, me poussant sur son vaste lit en déposant des baisers - emplis d'effluves de champagne et autres liqueurs fortes contre mon cou. Il laissait ses lèvres s'étaler contre mon épiderme, s'attardant contre mon buste. L'alcool s'échappant de nos pores, maniant à merveille chacun de nos membres, laissant la folie ravageuse s'éprendre de nous. Il y eut quelques soupirs, quelques plaintes au milieu de cette pièce plongée dans le noir. Il y eut un court instant de bien-être, ces quelques secondes qui me suffirent à oublier ces aveux qui venaient de blesser la jeune femme qui n'avait cessé de se soucier des autres, avant de faire attention à elle-même.
Aux aurores c'est avec discrétion que je m'extirpe de ces draps blancs sans même jeter un seul regard derrière ma personne - il dormait toujours au centre de ce lit, et c'était mieux ainsi. Je veille à ne pas faire de bruit, attrapant ma robe et mes sous-vêtements qui jonchent sur le sol, enfilant le tout rapidement tout en avançant dans ce long couloir qui m'amène jusqu'à cette porte de sortie. J'arrange rapidement mes cheveux, enfilant mes chaussures à talons présentent dans l'entrée, pour finalement observer mon reflet dans ce miroir. C'est comme si je me redécouvrais soudainement.
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Mea-culpa | camren
FanficL'une a tout gagné, l'autre a tout perdu. L'une a bien joué, tandis que l'autre non. De tous les coups de poker plausibles ; au delà du bluff et de ses limites, il existe aussi - la dame de cœur.