Beginning of Happiness

Chapter 6: The Beginning

1 Juin 2013:

Le noir de la nuit se déclinait dans une palette de dégradés bleutée, un léger voile brumeux planait au-dessus des immeubles, servant de douce couverture aux étoiles tentant péniblement de se faire remarquer à travers ce voile opaque. Songeuse, les jambes ballantes à travers les barreaux de fer forgés qui commençaient à rouiller aux extrémités, je regardais le quartier s'éveiller dans une lumière orangée provenant de l'aube qui pointait le bout de son nez à travers les feuilles verdoyantes d'un platane en pleine fleur de l'âge, reflétant cet aura doré qui recouvraient au fur et à mesure le feuillus tout entier et me chauffant ainsi les poches lourdes qui pesaient sous mes yeux endormis, résultat d'une longue nuit sans l'ombre de fatigue. La rue, jusqu'alors déserte, ruisselait maintenant des premiers commerçants qui ouvrageaient dans leurs arrière boutique depuis l'aurore, je pouvais désormais imaginer l'odeur alléchante et pulpeuse de la patte à pain, délicieux mélange de levure et de farine, gonflant avidement dans ses fours de pierres traditionnelle emportant avec eux, cet alléchant filet de saveurs chaudes faisant imperceptiblement frétiller mes papilles jusqu'alors endormis comme le reste de mon corps. Je souffla désespérément, la tête calée entre deux barreaux aux dorures écorchées de couverture froide, me procurant des frissons qui se propagèrent avec une vitesse alarmante dans mon dos endoloris. Dans 4h, mon vol décollerait pour la ville de l'amour, ô joie !

Je jeta un rapide coup d'œil dans le salon qui se trouvait derrière les deux fenêtres battantes dont les montants s'effritaient avec les temps, vestige d'une époque passée, laissant ainsi la fraicheur matinale engloutir l'appartement plongé dans la pénombre. Mes bagages étaient empaquetés et n'attendaient plus que l'heure du départ, de quoi me déprimer un peu plus, sur la table basse, se trouvait le cadeau que j'avais déniché dans une brocante il y a de ça une semaine, une très belle pièce que Amy avait qualifiée de « pot de chambre ».

Ses courbes et son épuration s'alliaient parfaitement avec le style su salon, ce qui m'avait fait douter sur le fait de la garder pour mon propre compte. La dame aux allures excentrique qui m'avait présenté cette pièce me l'avait décrite comme l'une des plus belles pièces pour l'époque, et j'avoue que j'avais vite rejoins son avis, me laissant bercée par la lumière douce qui se reflétait à travers l'agile blanchâtre, fine et nacrée, illusionnant la houle des arabesques chinois en oxyde de cobalt, contrastant avec le blanc blafard de la porcelaine, la bleu turquoise s'en démarquait à merveille. Ce vase valait bien mieux que cette série de verres à pieds en cristal de baccarat dont Amanda avait littéralement bavé devant la vitrine, le prix m'avait lui aussi quelque peu buté.

Il ne me restait plus que 3h avant le départ pour Paris, le temps défilait à une vitesse folle, augmentant par la même occasion l'angoisse qui sommeillait en moi, l'avenue désormais éclairé par l'ascension fulgurante de l'astre lumineux qui surplombait Washington de toute sa splendeur, regorgeait désormais de bourreaux du travail s'affairant à bousculer qui conque entravaient leur chemins pour rejoindre au plus vite leurs lieux de travail, quelques un en étaient à la limite du déplorable, quoi de mieux pour ne pas arriver en retard que de courir pied nu, escarpins vertigineux a la main, cette scène me fit sourire, m'imaginant à leurs place si je n'avais pas pris ces jours de congés pour le mariage. Georgetown retrouvait son train de vie habituelle.

Alors que je me relevai péniblement, les jambes encore engourdis par cet assoupissement, je lança un dernier regard dans la rue à présent bondée, je souris, peut être un sourire mélancolique, après tout, je ne reviendrais que dans un mois, si je devais jouer dans le mélodrame autant jouer toute les cartes.

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En ressortant de la douche qui m'avait un temps soit peu détendu, je croisa Amanda en pleine effervescence matinale.