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« La peur nourrit l'imagination. »





18 FÉVRIER

Paul se réveilla en sursaut, se redressa brusquement dans son lit, le souffle court, le cœur battant à cent à l'heure, les mains moites et des sueurs froides dans le dos. Il faisait totalement noir dans sa chambre, en s'en rendant compte,  Paul se pencha sur la droite et chercha à tâtons l'interrupteur de sa lampe de chevet. Lorsqu'enfin il le trouva et que la pièce fut éclairée, il regarda partout autour de lui, comme pour vérifier qu'il n'y ait personne avec lui.

Son chien rampa jusqu'à lui,  Paul lui caressa le dessus de la tête en soupirant profondément, restant assit dans son lit. Le rêve qu'il avait fait avait semblé réel, bien trop réel. Puis il se souvint de la phrase qu'il avait prononcé avant de dormir.

Ce n'est pas ça, pensa-t-il. Il l'espérait.

Soudain, son chien se redressa, fixant son armoire au fond de sa chambre. Dressé sur le lit, il commença à grogner comme pour menacer quelque chose. Paul fixa son chien d'un air interrogateur, puis posa ses yeux sur l'armoire. Doucement, il entendit le grincement des portes et elles s'entrebâillèrent. Au même moment, la lumière flancha et l'ampoule grilla. Le chien se mit à aboyer sans s'arrêter tandis que le grincement continuait, lentement.

— Stop, arrêtes ! Tais toi ! ordonna Paul les yeux grands ouverts dans le noir.

Son cœur palpitait dans sa poitrine, son chien ne s'arrêtait pas d'aboyer et de grogner, il n'entendait plus le grincement. Le chien arrêta enfin, poussant un dernier grognement. Dans le silence, Paul se leva, ses poils se dressant en pensant au dessous de son lit, il s'empressa de s'éloigner de celui-ci, se cognant dans les meubles. Il avançait les bras en avant, espérant enfin trouver le mur et l'interrupteur. Il toucha enfin une surface plane, il glissa ses mains dessus et appuya sur l'interrupteur qu'il sentit sous ses doigts. Une fois la lumière allumée, son premier réflexe fut de se tourner vers l'armoire. Les portes de celle-ci étaient grandes ouvertes. Il jeta un coup d'œil à son chien, il était couché sur le lit et semblait ne plus se préoccuper de quoi que ce soit.

Paul passa le reste de la nuit éveillé, une lampe torche dans les mains, la lumière de sa chambre allumée, assis au milieu de son lit, guettant le moindre mouvement.





Il ferma son casier et enfila son bonnet. Traînant des pieds sur le sol humide et froid, il se dirigea vers l'un des plongeoirs. Paul adorait la natation, il en faisait depuis qu'il était enfant.

— Comment ça va ce matin ? demanda d'un air enjoué le maître nageur.

Il connaissait bien Paul, il le voyait toutes les semaines à la piscine, beaucoup de gens s'entraînaient, c'était un endroit plutôt calme, du moins, Paul le trouvait calme et il avait bien besoin de se changer les idées.

— Ça peut aller.

— T'as une petite mine. T'as mal dormi ? Ou alors t'es malade ? Tu sais que je n'aime pas trop que les nageurs prennent des risques.

— Moi me noyer ? Et puis quoi encore ! Je crois que tu me connais depuis le temps. J'ai juste besoin de me changer les idées, tu sais, le boulot, c'est stressant.

— Surtout avec ce qu'il se passe en ce moment ... l'affaire du meurtre au motel avance ?

— Pas vraiment, rien n'avance depuis le début de l'hiver ...

— Mauvaise période.

— Ce doit sûrement être ça.

Il sentit un pincement au cœur en songeant aux enfants et à Bella. Cette fois, il commençait à y croire, il ne pouvait en parler à personne, c'était bien ça le problème. Dans tous les cas, il comptait terminer ce que Bella avait commencé, quitte à prendre des risques ... mais le manque de sommeil allait vite lui causer problème. Le but était de rester éveillé, de ne pas trop dormir mais plus il se fatiguait, plus il dormirait longtemps et plus il risquerait de mourir à son tour. Comme si finalement, une chose vitale devenait mortelle. C'était la peur de dormir qui le rongeait, la même qui avait rongé Bella.

Boogeyman (DISPO POUR HALLOWEEN 🎃)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant