Boogeyman (DISPO POUR HALLOWEEN 🎃)

Prologue

Dans la forêt, nous pouvons apercevoir une ombre, elle court, elle galope. Ses cheveux noirs font contraste avec le décor hivernal autour d'elle, ils flottent derrière elle, comme des vagues, ils ondulent sous le vent glacial. Cette ombre n'est que peu vêtue, un simple débardeur blanc et une culotte. Ses pieds s'enfoncent dans la neige froide, sa peau en devient rouge, ses membres s'engourdissent mais elle n'a pas le temps de s'arrêter pour se plaindre, elle doit courir. Nous pouvons voir l'air chaud sortir de sa bouche comme un petit nuage blanc avant de disparaître à cause de la fraîcheur. Elle tient quelque chose dans sa main, quelque chose de pointu, on peut même voir le reflet des arbres dans cette lame aiguisée mais salie. Salie par du sang.

Dans le silence paisible de cette nuit de février, on peut entendre son souffle court résonner en un écho que se renvoient les arbres. Sur ses joues coulent des petites larmes salées, mais elles sèchent bien vite, le froid pourrait presque les geler.

Face à elle, elle croit entrevoir une ombre cachée derrière des arbres, elle sent son regard sur elle, elle entend son souffle rauque comme s'il était au creux de son oreille. Elle s'arrête, ses pieds glissent dans la neige et elle change de trajectoire, il ne faut pas qu'elle le croise, il ne faut pas qu'elle l'approche. Elle doit le fuir, sa vie en dépend.

« Maman, n'éteins pas la lumière. »

C'est la voix de son fils qui résonne encore dans sa tête, sa petite voix, si frêle, si fragile, pleine d'innocence.

« Maman, laisse la porte entrouverte. »

Son cœur n'a jamais battu aussi vite dans sa poitrine, elle a le goût du sang sur la langue et dans la gorge, elle a l'impression qu'elle va cracher ses poumons. Il faut ignorer le point de côté qui paralyse tout son flanc droit, c'est douloureux, on dirait qu'on lui tord les muscles. Ses jambes faiblissent, à cause du froid, sous le poids de son corps, la course semble infinie. Ses muscles la brûlent, elle croit même avoir une crampe, mais elle continue.

« Pourquoi ? Tu as peur du noir ? demande-t-elle à son fils.

— Non maman, j'ai peur de lui...

— De qui ? »

Elle pleure, elle pousse des plaintes, à bout de souffle, elle va s'effondrer d'une minute à l'autre. Elle le voit, dans son champ de vision, il est tout près d'elle, elle peut voir sa main munie de longs doigts, au bout de ceux-ci, des griffes pointues, tranchantes, encore plus qu'un couteau. Dans la nuit sombre, elle peut percevoir ses yeux briller mais elle ne voit que son ombre. Elle aussi, on dirait une simple ombre, slalomant entre les arbres en plein hiver, apeurée, dénudée, un couteau à la main.

Finalement, elle s'effondre, ses genoux touchent la neige glaciale, le froid assaille ses muscles jusqu'à atteindre ses os. Elle ne peut s'arrêter de pleurer, elle n'arrive même pas à reprendre sa respiration tant elle a couru, tant elle s'est épuisée.

« De Boogeyman, maman. »

Cette dernière phrase résonne, l'écho semble s'élever dans cette forêt obscure, dans ce cauchemar sans fin. Son cœur est brisé, elle est meurtrie, anéantie, triste, épuisée. Intérieurement, elle est morte, détruite. Seul son cœur bat encore, ses organes eux, ils sont morts, pourris, flétris. Ce vide en elle, il est impossible à combler, elle est impossible à consoler. Il faut desceller la vérité, quitte à entrer dans la folie.

Il est là, en face d'elle. Elle peut voir son ombre, sentir sa présence, entendre son souffle rauque. Elle relève la tête, doucement, tout son corps est endolori, congelé. Mais jamais plus que son cœur brisé.

— Rendez-moi mon fils ! hurle-t-elle d'un cri déchirant qui s'élève dans toute la forêt.

Puis, le jour se lève. Éclairant alors sa chambre, jusqu'à chauffer son visage encore endormi. Elle ouvre les yeux, fixant son plafond, blanc, sans couleur, devant elle. Comme sa vie à présent.

Elle est réveillée.

C'est le matin et la nuit vient de s'achever.

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