Chapitre 7

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FLASH-BACK, août 2001

-Dit, Qamara, tu veux être quoi plus tard? 

-Je crois que je veux être journaliste. Mais papa veut que je devienne médecin, et je ne veux pas le contrarier, j'aime beaucoup mon papa, Sakinah.

-Moi, je veux être écrivain. Et je m'inventerai un pseudonyme, comme ça personne ne saura que c'est moi qui écrit, mais ma voix s'élèvera quand même, pas mal non?

-Oh que oui, tu es futée ma chère Sakinah. Pour quel pseudonyme tu opterai ?

-Al Durah. Le nom de mon cousin abattu l'an dernier.

Le visage de Sakinah Qudsi s'assombrit et laissa son amie Qamara seule devant le terrain vague du quartier.

Retour sur l'échafaud 

J'étais si petite et la mort était si grande, petite je ne réalisais pas mais maintenant tout s'enchaîne très vite dans ma tête. Comme si, toutes ces années de gâteries enfantines, je les rattrapais en l'espace de quelques secondes de vie. Comme si, cette maturité acquise, allait me servir.


Mais c'était trop tard. Beaucoup trop tard.

Je montai gravement mais fièrement les marches de la Mort, et j'eus ainsi le courage de fixer celui qui allait me ôter la vie, la vie si innocente, que j'avais entrepris. Ce geste s'ensuivit bien évidemment d'une gifle, glaçante, mais si basse à mon estime.

-J'vais t'apprendre à baisser les yeux! Hurla-t-il. Il était gros, vieux, et laid. Sa gueule sentait le vin de table et il toussotait toutes les cinq secondes. 

Je m'affalai sur le vulgaire tabouret auquel j'étais conviée. Tête haute, je fixai la foule béante, qui n'attendais que ça, le sang couler,mon corps se projeter sur le devant de la scène. Le bourreau se redressa et annonça à la foule, un discours très solennel.

-Aujourd'hui, en ce jour de gloire et d'honneur pour le peuple israélien, pour le peuple juif, je sacrifie cette impureté, au nom de notre grand Benjamin, lui qui est juste, lui qui nous a protégé sur ces terres sacrées infectées. Par cette arme, j'abats désormais la progéniture du chacal qui a tenté de poignarder notre très juste Benjamin.  Par cette arme, je rends à notre très cher Benjamin sa dignité, son honneur, la fidélité de son peuple. Amên !"

Mon sang se raidit. 

Lâ ilLaha IllaLâh, Muhammad RassûlaLah.

Je vais mourir comme Saddam. Martyr jusqu'au bout.


Puis soudain, le noir.

Un déclic.

Le vide.

Qamara from RamallahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant