Chapitre 8

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Par le dédain sans limite d'une société corrompue, dirigée par des esprits malsains et hypocrites, chaque jour de nombreux cœurs sont brisés, de nombreuses familles sont détruites, dans un silence aussi profond que l'océan. Loin de tout cri et de toute douleur, le beau monde maquillé dormait sur nuage fébrile qui dissimulait haine, mort  et sang. Sur une base peu solide, le confort trouvait sa place et on s'esclaffait car finalement, lorsque la souffrance était loin de chez nous, tout nous importait peu.

Avez-vous déjà vécu l'expérience d'une mort imminente? Non? Eh bien, je vais vous raconter comment cela se ressent.

Tout d'abord, vous flottez. Vous flottez en-deçà d'une surface peu sûre. Un sentiment enivrant et irréel vous submerge et vous appréciez cela. Comme si, tous vos problèmes, vos maux s'envole d'une soufflée d'air pur. Vous sentez votre squelette se fracasser, mais vous n'avez pas mal. Vous sentez une main, grande, rugueuse mais protectrice, vous caresser, vous dorloter, vous cajoler. Une main maternelle.

Puis vous ouvrez vos yeux dans votre paroxysme onirique. Brutalement. Le rêve touche à sa fin.

Ou plutôt la réalité.

J'étais dans un lit, un lit immense, j'étais drapée d'une couverture blanche, en coton. Je grelottais, je ne sentais pas mes membres, ils étaient sûrement détachés de mon squelette. Étrangement, à ma grande stupéfaction, je n'étais pas recouverte de terre, et tout n'était pas sombre autour de moi. J'avais l'impression de respirer, d'inhaler un air frais, de le sentir traverser vos poumons, votre cœur, vos organes, vos os, jusque vos entrailles. Une sensation rassurante. Je n'avais aucune peine à me redresser mais mes yeux avaient du mal à discerner le lieu dans lequel j'étais posée.

Je dis bien "posée" car j'ignore totalement mon état corporel. Je sens seulement une force m'aider à me soulever. Je délirais. 

-Allez, debout feignasse !  entendis-je. Le son me parut à peine audible. Mon esprit me jouait des tours et je m'inquiétais. Mirage ou écho réel, je n'en n'avais pas la moindre idée.

Un coup assourdissant me projeta en avant, ce qui me tira de ma rêverie.

J'écarquillai mes yeux et je contemplais le spectacle qui s'offrait à moi: une minuscule antichambre, petite, mais chaleureuse, meublée, peinte de couleurs vives, de la dentelle, du satin sur le lit sur lequel j'étais assise, un table de chevet sur laquelle était posé un bol d'eau, une coupe de fruits et ce morceau de tissu trempé se décolla d'une traite de mon front. J'étais prise de stupeur.

Je respirais.

J'étais vivante.

Je vivais.

J'étais en vie.

Je ne savais que faire, comment réagir, je ne savais même pas où j'étais. C'était tellement irréel que je refusais d'y croire. Un instant sur un échafaud, un laps de temps après dans un lieu où je pense être en sécurité.

Quel est le nom de cette mascarade ?


Qamara from RamallahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant