Je cherche ta peau chaude de mes doigts glacés. J'expire, cette buée virevolte jusqu'aux cieux cotonneux, qui donne en retour cette offrande de glace. Je replie mes jambes refroidies sous mon duvet, et je me blottis contre toi.
Assise le long du mur, je tiens cette coupelle en acier qui ressemble à une gamelle, mon bonnet couvrant une bonne partie de mon crâne. La neige tombe doucement sur nos corps transis par le froid.
J'ai froid, j'ai si froid.
Mes mains sont rouges, mes longs cheveux sont sales. Je ne fais pas bonne impression, mais qu'importe ? Que nous reste-t-il après avoir tout perdu ? Même la dignité s'est envolée au loin, que je ne sais plus ce que cela signifie.
Nous allons peut-être mourir ce soir. Tu n'en sais rien. Nombre de vagabonds des étoiles comme nous ont succombé à cette charmante déesse des glaces, elle entre en eux, leur souffle le sommeil, et les emmène avec elle dans un monde sans doute meilleur. Peut-être que c'est ce qu'il va nous arriver ?
Je lève les yeux, je vois ces gens. Mélancolie, prends-moi la main, et indique moi lequel de ces enfants m'a le plus ressemblé. Avant que tout ne bascule.
Ils sont tous heureux. Oui, le réveillon de Noël n'est-il pas un soir de joie ? Leurs sourires m'en arrache un. Mais le mien n'est pas heureux.
Il se tord, il est triste, les larmes salées sont mon seul breuvage chaud de ce soir.
Une petite fille s'arrête à notre hauteur. Je la regarde avec un sourire compatissant, et elle me donne un billet d'un air fermé. Son manteau de fourrure noir enferment sa jolie petite tête chocolat.
Je la remercie, et range le billet dans mon sac banane, puis je te regarde. Tu dors. Ta barbe de givre te confère un air de statue de glace. Ton visage blanc est magnifique. Tu es beau, et tu resteras figé ainsi pour toujours. Car je sais que tu as succombé. Mais je reste têtue, j'espère que tu es encore là.
Je couche ma tête sur ta poitrine, et je n'entends plus ton cœur battre. Tu n'exhale plus de buée dansante. Tu demeures les yeux fermés. Ta peau est devenue aussi glacée que notre prison de glace.
Je sais que mes larmes ne te ramèneront pas, mais je ne peux que faire cela. Me coucher avec toi sur le béton froid entre deux murs, en pensant à ce qu'on a pu vivre pour arriver à vivre ici, et peut-être recevoir la visite de cette dame qui nous arrache de ce froid mordant. Je lève les yeux vers les boutiques et les néons rouges et verts clignotent. C'est Noël. C'est Noël... Alors Père Noël...
Ce que je souhaiterais pour Noël...
...Ce serait...
...Que tu m'emmènes loin de ce monde.
Par: ColoredCrow
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MOTS PARFAITS
PuisiRecueil de textes trouvés sur internet, et quelques fois provenant de mes propres mains. Bonne lecture !