Chapitre II

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Le soleil déclinait doucement. Nous étions tout deux allongés dans la pelouse, contemplant le ciel se parant de toutes les nuances orangées et pervenches imaginable. L'obscurité gagnait lentement du terrain. Ce silence si parfait, contemplatif. Nous étions tous deux en symbiose. Artyom et moi n'avions pas besoin de mots pour admirer la voûte céleste. Cette admiration muette,l'émerveillement que l'on éprouvait à cet instant. J'expirai profondément, inspirai, m'enivrant de ce moment. Je roulai sur le côté, posant ma tête sur le torse d'Artyom. Il enroula son bras autour de mon épaule et m'embrassa sur le sommet du crâne. Il était mince et svelte en total opposé avec mon physique, beaucoup plus rond et fort que le sien. J'avais tellement eu peur de le briser dans mes bras avant, or, il m'avait bien prouvé qu'il était beaucoup plus résistant qu'il n'y laissait paraître. Sa chaleur m'enveloppa,et sa respiration calme chatouilla mon oreille. Je me blottis d'avantage contre lui. C'était tellement parfait. Si parfait que je me disais que l'avenir me souriait enfin et ne pouvait me réserver que de belles choses.


– Je suis prêt, murmura Artyom en frottant ses lèvres sur mon front.

Je relevai la tête, plongeant dans son regard noisette. Il était cerné, comme d'habitude. Son expression était solennelle, un doux sourire flottant sur son visage. Je lui souris, m'approchant de ses lèvres. Il en fit de même. Scellant notre promesse de départ.Celle de quitter mon île natale pour Tardor. Cette promesse qu'il m'avait faite il y a quelques années de cela.

« Dès que se sera possible, je t'emmènerai loin de tout cela. Loin de ta famille, là où ils n'auront plus rien à dire. »


                                                                         *

                                                                *                   *


– Tenez, commença Héra en tendant les clefs de son salon vers Jacques, le boulanger. Jetez-y un coup d'œil de temps à autre, voir si il n'y a pas trop de poussières ou d'humidité.
– Tu pars pendant combien de temps ?
– Je ne sais pas... C'est sans doute un voyage sans retour, avoua-t-elle un sourire sans joie aux lèvres.


Le boulanger fronça les sourcils, déçu et visiblement préoccupé. Il referma ses doigts épais sur le trousseau de clefs et les fourra dans sa poche.


– Tu sais, petite, commença-t-il d'un air grave, tu seras toujours la bienvenue sur notre île. On est terriblement désolé pour ce qui s'est passé.


Il inspira rapidement, lèvres pincées.


– Enfin. Tu sais, Artyom était un bon gars. Si...
– C'est bon, Jacques, l'interrompis Héra d'un geste de la main, les yeux clos. Vous en avez suffisamment fait et je n'ai pas envie d'abuser de votre générosité.

– Abuser de quoi ? Tu ne nous a jamais rien demandé.


Héra grimaça. Évidemment qu'elle n'avait rien demandé. Ce n'était pas dans sa nature de mendier. Même si son conjoint était mort, même si elle était au bord du gouffre, elle ne se serait jamais abaissé à quémander de l'aide.

Destinée IncandescenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant