Prologue

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Je regardais par la fenêtre, mes doigts frappaient nerveusement le bois du bureau. Le ricanement de Lucille et de sa bande m'écorchait les oreilles. Je sortis mes écouteurs ainsi que ma console portable, j'envoyais un bon Marylin Monson pour couvrir leur bruit. Je levai les yeux lorsque le prof entra dans la salle et ordonna au délégué de distribuer les évaluations corrigées. Étant au dernier rang à côté de la fenêtre on me rendit ma copie en dernier, j'y jetai un coup d'œil et reconcentrai mon attention sur mon jeu.

- Esther le cours a commencé ! Range ton engin abrutissant et tiens toi correctement ! Cria Lucille de sa voix aiguë que j'entendis malgré ma musique

Je levai mes yeux sombre et la toisai du regard, mon visage n'affichait aucune expression et cela sembla la perturber. Pourtant elle devrait être habituée depuis le temps qu'elle me cherchait. Je retirai mes écouteurs et me mis face à mon bureau en posant ma console sur le coin de mon bureau. Tout le monde s'était retourné et écoutait le prof qui continua son cours sur les exponentielles, sauf une personne me regardait toujours. Je remontai une jambe sur ma chaise et détournai le regard avec une moue rêveuse. Je ne le voyais plus mais je savais son regard surmoi. Ludovik Kiev était un étrange personnage, il semblait emplie d'une curiosité débordante et une bonne humeur à toute épreuve. Son visage était toujours illuminé par un sourire. Je passais ma langue sur mes canines et attendis patiemment la fin du cours.

La sonnerie me sortit de mon monde, je repris ma console et m'adossais au mur en me mettant en tailleur sur ma chaise. Je sentis la présence de quelqu'un et relevai les yeux,un jeune blond avec les cheveux en bataille jouait nerveusement avec le bas de la cravate de son uniforme noir et rouge.

- Euh... Esther ? Ça te dérangerais de me montrer ta note du devoir ? Bafouilla-t-il

Je sortis ma copie de mon trieur et la lui tendis. Il déglutit avant de reprendre :

- Comment tu fais pour avoir des notes parfaites à chaque fois ? Excuse moi de te demander ça mais est-ce que tu pourrais m'expliquer ce que je n'ai pas compris, si ça ne te dérange pas évidemment.

- Je veux bien mais jusqu'à 18h. Et détend toi je ne vais pas te manger. Répondis je gentiment en esquissant un léger sourire

C'était la pause déjeuner, je saisis mon sac et sortis de la classe. Les couloirs de l'école étaient bruyants, je marchai jusqu'aux escaliers de service et montai sur le toit de l'université. L'école n'était qu'un manoir appartenant à une vieille famille anglaise qui ne sélectionnait pas ses élèves et c'est pour ça que les classes étaient peu remplis et qu'il y avait autant d'élèves de rangs différents. Je m'assis à ma place habituelle, personne ne venait ici et ça me permettait de manger à mon aise. Car disons le j'ai une alimentation différente de mes « camardes » de classe.

Je secouai la tête et ouvris mon sac pour en sortir mon repas. J'ouvris ma boîte et humais l'odeur du rosbif et du riz, je sortis un thermos et versai doucement le contenu écarlate sur mon repas pour le réchauffer et lui donner du goût,c'était mon petit ingrédient spécial. Je défis les lacets de mes doc' martens noir pour laisser mes mollets respirer et me détendre. J'avais gravé dans le cuir le symbole de l'école que j'avais ensuite peints en rouge. J'ouvris également ma veste d'uniforme noir avec des liserais rouges. Je plantai enfin ma fourchette dans la nourriture et mangeai avec appétit. J'entendis le bruit des marches en bois résonner et la porte par laquelle j'étais arrivé s'ouvrit. Je me retournais et vis Ludovik avec son éternel sourire.

- Bel endroit ! C'est donc ici que tu te réfugies tout les midis, c'est un superbe endroit ! Fit-il avec joie

Je haussais les épaule et continuai de manger, il vint s'asseoir à côté de moi et sortis lui aussi son repas. Il se pencha sur moi et voulu m'en piquer un peu pour goûter, je l'esquivai et me levai pour m'éloigner de ce brun aux yeux clairs. Il se retint de rire et se rapprocha de nouveau de moi en promettant de ne pas recommencer.

- Il fait déjà frais pour la saison tu ne trouve pas ? Hm pas très bavarde à ce que je vois. Tu sais j'ai l'impression que tu n'es pas comme les autres, bon tu me diras ce n'est pas difficile à voir *petit rire* Je veux dire tu es la seule à venir sans vraiment tenir compte de l'uniforme. Des doc' avec des bas noirs, un short rouge avec le veston de l'école que tu porte d'une manière qui ne fait pas vulgaire sur toi.

Je bus le liquide de mon thermos sans vraiment écouter ce qu'il disait, j'avais hâte d'être ce soir et d'aller au Sweet-Darl', le salon/bar dans lequel je travaillais.

- Aller tu ne veux pas sourire, je suis sûre que tu seras encore plus radieuse.

Il appuya ses doigts sur la commissure de mes lèvres et me dessina un sourire forcé. Je fronçai les sourcils et écartai ses mains d'un revers de la mienne. Je baissai la tête et serrai les lèvres, avait-il vu mes dents ? Il parut vraiment surpris de ma réaction et s'empressa de s'excuser :

- Pardon ! Je suis désolé, je suis un peu maladroit. Mais tu sais j'aimerais beaucoup faire quelque chose pour toi, tu as l'air si seule...

Je me renfrognais et lui répondis en essayant d'être le plus calme possible.

- Il n'y a rien que tu puisses faire à part me laisser seule.

Il cligna des yeux et son sourire disparu, il hocha la tête avant de rassembler ses affaires et de partir en s'excusant une fois encore. La porte se referma sur lui et j'avalai le sang que j'avais dans la bouche. Ma lèvre avait été coupé à cause de son geste, pourvu qu'il ne l'ai pas remarqué...

Je retournais en classe et attendis patiemment la fin des cours. Le jeune blond aux cheveux en bataille vint se planter devant mon bureau avec les fiches d'exercices du prof. Je relevais mes cheveux en chignon et me penchai sur le cours. Je lui expliquais de nouveau le cours mais d'une autre manière, ses yeux s'illuminèrent pour montrer qu'il avait comprit. Je l'aidais à faire ses exercices et il comprenait à peu près tout. Je lui donnais quelques conseils pour réussir à voir les pièges dans les cas d'équations plus complexes. Il rassembla ses affaires en me remerciant encore et encore. C'est à ce moment que Lucille entra dans la salle de classe, elle s'appuya contre le battant de la porte et sa bande vint se déployer autour d'elle. Le blond se liquéfia sur place sous le sourire méchant de Lucille. Je fis comme si je ne l'avais pas vus et mis mon sac sur mon épaule et me dirigeai vers elle la tête haute. J'arrivai à sa hauteur et elle me barra la route avec son maigre bras. Je pus voir son fin poignet pâle, je dus me faire violence pour détourner le regard et la regarder dans les yeux.

- Tu pourrais te pousser s'il te plaît, j'ai besoin de passer. Demandai je en essayant de paraître aimable

- Oh mais tu peux être polie et bien élevée quand tu veux ? Ironisa-t-elle. Que me vaut cet honneur ? Tu veux quelque chose de moi ? Devenir mon amie peut être ? Si ce n'est que ça, tu n'auras qu'à t'agenouiller devant moi comme ça je pourrais m'essuyer les pieds sur ta tenue, pourquoi tu te sapes comme ça ? Pour chauffer les autres sûrement ! Mais comme ça ne marche pas sur les beaux mecs tu te rabats sur les petits geeks en leur faisant des cours du soir. Ricana-t-elle avant d'être imiter par sa bande

- Tout ce que je veux de toi c'est que tu me laisses passer. Devenir ton amie ? Plutôt crever ! Ce n'est pas moi qui monte ma jupe jusqu'à mon nombril pour qu'on voit mes cuisses. Ce n'est pas moi non plus qui ouvre ma chemise pour montrer ma poitrine inexistante et c'est encore moins moi qui dissimule mon visage acnéique sous une couche de maquillage. Je me demande laquelle de nous deux envie l'autre. Tu crois me faire peur avec tes 45 kilos et tes petits bras. Et ils ne te cassent pas tes potes quand ils te montent dessus ? Maintenant écarte toi ou je m'énerve pour de bon. Lâchai je simplement avec un regard plus que noir

Lucille déglutit et devint livide,elle tremblait presque et elle ne répondit pas, elle baissa les yeux et je vis qu'elle était furieuse. Je saisis son bras et l'écartai pour passer.

- Merci ! Souriais je en m'éloignant dans les couloirs en les laissant les yeux écarquillés de surprise.

Sweet-Darl' (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant