Partie II : Comédie. 1

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-Je crois qu'on va devoir y aller, on reprend dans dix minutes.

Je levai les yeux vers lui, il avait déjà commencé à rassembler ses affaires et à épousseter son pantalon plein de feuilles.

-Oh, on était tellement bien là... dis-je d'une toute petite voix.

Marc leva la tête et me regarda droit dans les  yeux, l'air doux.

-Je sais Emma, j'aimerais rester aussi, mais on a cours et si tout le monde nous voit arriver ensemble et, en retard, ils vont se douter de quelque chose, et ce n'est pas ce que l'on veut, hein mon cœur ?

"Mon cœur"... le mien bondit dans ma poitrine en l'entendant dire ça. Marc se baissa vers moi et enleva une feuille accrochée à mes cheveux.

-Et si en plus ils remarquent l'état dans lequel on est... reprit-il d'une voix sensuelle.

Sentant mes poils se dresser, je l'attrapai par le cou et l'embrassai. Il répondit à mon baiser avec douceur et je sentis sa langue écarter mes lèvres avant de disparaître. Marc s'écarta de moi et dit :

-Ne crois pas que je n'en ai pas envie, c'est juste qu'on doit vraiment partir... On reprendra ça plus tard, je te le promets.

-Oui et tu n'auras pas intérêt à te défiler cette fois-ci, lui répondis-je en boudant un peu.

-Allez viens, fit-il en riant et en me prenant par la main.

Il commença à courir, m'obligeant à faire pareil. Il zigzaguait entre les sapins, écartant les branches susceptibles de me stopper dans ma course. Il nous guida ainsi jusqu'à la sortie du bois et l'entrée du collège. Lorsqu'on franchit la porte du hall, la cloche sonna. On se regarda et on éclata de rire.

-Tu vois, encore un peu et on était en retard, et il leva la main pour me caresser la joue avant de la laisser retomber, se souvenant du lieu où nous étions.

-Il faut qu'on se sépare Marc, ça le fera mieux, tu rejoins tes amis et moi les miens et on se retrouve devant la salle comme si de rien n'était. Au fait, si Mathis te demande, dis-lui que tu m'as vue et que je suis repartie tout de suite après avoir discuté cinq minutes avec toi. C'est juste que c'est lui qui m'a dit où tu étais.

-Aaah, je comprends mieux pourquoi tu m'as trouvé aussi facilement ! T'inquiète pas, à tout de suite.

-Oui, à tout de suite, soufflai-je.

Je le regardai s'éloigner, la démarche assurée, ses cheveux blonds reflétant les premières lumières du printemps.

Je n'arrivais pas à croire ce qui venait de se passer. J'avais tellement de choses à digérer ! Et je ne pouvais même pas en parler à Cloé... Lorsque je m'arrêtai devant la salle d'histoire je trouvai Marc aux côtés de ses amis. Je lui souri mais il ne me regardait pas, et lorsque Mathis lui donna un coup de coude il m'ignora. Je fus prise d'un doute. Et si j'avais rêvé ? Et s'il n'était pas un Unlover, s'il ne m'avait pas confié ses incertitudes, et s'il ne m'avait jamais embrassée ? Je sentis quelque chose s'effondrer en moi, et Marc dut le voir car il murmura :

-Non, Emma...

Je ne compris pas tout de suite pourquoi il disait ça, mais je me souvins alors de son don de télépathie.

"Je m'en ferai jamais je crois... Désolée, j'ai paniqué, je sais qu'on doit faire comme si rien ne s'était passé."

Marc me répondit en haussant les épaules en signe d'excuses et me sourit avec un sourire qui voulait dire que ce n'était pas grave.

Quelques secondes après nous étions tous assis à nos places et le professeur commençait son cours.

-Emma ? Qu'est-ce que j'ai loupé ? Vas-y raconte ! murmura Cloé à côté de moi.

-Hein ? Mais qu'est-ce que tu veux que je te racontes ?

-Bah tout !

-Mais de quoi tu parles ?

-De Marc et toi.

-Il n'y a rien à raconter, dis-je tendue.

-Arrête, je te connais par cœur, quand tu as ce petit sourire là, c'est qu'il se passe quelque chose, et quand je suis arrivée devant la salle, tu étais en pleine conversation de regards avec lui, tu ne m'as même pas remarquée !

-Je te jure il y a rien ! Et puis désolée...

Le prof nous interrompit :

-Emma et Cloé, vous voulez déjà des punitions alors que l'on n'est que lundi ?

-Non monsieur, nous répondîmes.

Je me pensais alors débarrassée de la curiosité de Cloé, mais c'était mal la connaître.

-Pas grave, oublié. Mais je ne te crois pas quand tu me dis qu'il n'y a rien... tu me caches quelque chose, et, même si tu crois le contraire, je vais réussir à te tirer les vers du nez, alors prépare-toi !

-Cloé ! hurla le prof.

-Je me tais, c'est bon monsieur, dit-elle, et elle me regarda de son regard qui disait "tu ne perds rien pour attendre".

Je soufflai, comment allais-je faire pour détourner ses questions sans la vexer ? Ca allait être la première fois que je cachais quelque chose à ma meilleure amie, mais j'avais promis à Marc de garder son secret jusque dans la tombe, et j'étais prête à tout pour mériter sa confiance.




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